Interview
Partir aux antipodes.
D'année en année, la popularité du Tongariro Crossing grandit. À tel point que le sentier de randonnée est bondé en été, mais les paysages immenses demeurent spectaculaires.© data-copyright="© Robin et Elodie
Le moment où l'on manifeste à ses proches l'envie de partir à l'autre bout du monde donne lieu à des réactions très diverses. Mais pour les familles d'Élodie et de Robin, cela sonnait comme une évidence.
Guillaume : Comment ont réagi vos proches quand vous leur avez annoncé vouloir partir une année entière en Nouvelle-Zélande ?
Robin : Ils s'y attendaient ! Nous venons tous les deux de familles aimant voyager. Mes parents partent au moins une fois par an avec leur sac à dos en mode Dora l'exploratrice pendant un mois. J'ai déjà voyagé dans pas mal de pays et la famille d'Élodie est à moitié française et à moitié mauricienne. Elle a grandi dans différents pays et depuis son retour en France elle n'avait qu'une idée en tête: repartir en voyage ! Tous nos proches nous ont encouragés dans cette démarche. Certains nous envient même ! C'était le moment parfait, après nos études et avant de s'installer.
Guillaume : Le scénario idéal en somme, mais comment avez-vous choisi une bonne assurance pour être couvert à l'étranger ?
Élodie : En définitive, les démarches sont simples, mais encore faut-il les connaitre… Nous avons d'abord cherché à profiter de nos propres mutuelles, mais elles nous demandaient de garantir des revenus inférieurs à 1000 € par mois... une clause absurde ! Après quelques recherches sur le net et les forums de voyageurs, nous avions notre mutuelle en deux clics. Nous avons simplement choisi celle avec le ratio remboursement/prix qui semblait le plus intéressant (Allianz Vie GAN). Nous avons opté pour une bonne responsabilité civile privée et une bonne couverture en cas d'accident. Se faire mordre par un mouton, c'est si vite arrivé en Nouvelle-Zélande...
Devenir des experts du mini-van.
Dormir dans un mini-van ne pose pas de problème si la literie est un minimum correcte. Mais encore faut-il trouver un emplacement où garer son véhicule sans craindre l'amende de 200 dollars.© data-copyright="© Robin et Elodie
Si l'on ne s'improvise pas expert en mécanique du jour au lendemain, il vaut mieux se documenter un minimum sur la question avant le départ. Ne serait-ce que pour être capable de diagnostiquer l'origine et le sérieux d'une panne de moteur à l'aide de quelques indices.
Guillaume : Avec l'expérience, quels sont les critères essentiels pour choisir un van ?
Robin : S'y connaître un minimum en mécanique. Il n'y a pas d'excuses qui tiennent, il suffit de quelques minutes sur Internet pour se renseigner. La courroie de distribution vétuste qui lâche et le bloc moteur à changer sont les deux principales pannes à redouter. Vérifiez la date du changement de la courroie et/ou prévoyez de le faire (n'hésitez pas à passer un petit coup de fil à un garage pour demander une estimation concernant le véhicule qui vous intéresse).
Guillaume : Sans oublier le traditionnel joint de culasse dont tout le monde a entendu parler sans savoir très bien de quoi il s'agit...
Robin : Pour le joint de culasse qui lâche, on distingue certains signes annonciateurs d'un joint en fin de vie : le van crache de la fumée blanche tout le temps et l'huile vire à la mayonnaise quand on la frictionne. Il s'agit pourtant d'une petite pièce à changer, mais difficile d'accès au point de nécessiter des frais de main-d'œuvre dissuasifs pour un vieux van.
Guillaume : Cela peut sembler un peu décourageant pour ceux qui n'y connaissent rien. Est-ce qu'il existe une sorte de contrôle technique en Nouvelle-Zélande ?
Élodie : Le van doit avoir le WOF (Warrant of fitness) à la vente, un contrôle technique local à passer tous les 6 mois. Il est donc préférable d'avoir un van avec un WOF tout frais pour être sûr de rouler quelque temps l'esprit libre. Le contrôle examine pas mal de points rédhibitoires (freins, amortisseurs, feux, pneus, etc.). Pour le reste, oubliez les détails, on n'achète pas une voiture parce qu'on aime la couleur du tapis. Il faut savoir faire la distinction entre l'essentiel et le superflu.
Guillaume : C'est un excellent conseil, mais pour les budgets serrés, ne faut-il pas se contenter d'un véhicule d'entrée de gamme ?
Élodie : Surtout ne soyez pas radin ! C'est à force de viser l'achat d'un van bon marché en espérant le céder plus tard au prix fort, que l'on finit par faire les plus mauvaises affaires. Que représentent quelques centaines d'euros alors que vous allez profiter d'un van pendant un an ? Le montant demeure négligeable...
Guillaume : Surtout si l'on arrive à trouver des emplacements gratuits pour passer la nuit. À ce sujet, quel est le lieu le plus improbable où vous avez passé la nuit ?
Élodie : Probablement au bord d'une Highway (autoroute locale). À nos débuts, et même si le free camping est prohibé (dans les zones touristiques), nous avons fait quelques entorses à la règle. Dans un esprit « plus c'est gros, plus ça passe » et « plus je suis au milieu, moins on me voit », nous avons passé quelques nuits aux intersections d'autoroute (nous étions fatigués M. l'agent !), en plein centre-ville garé sur un trottoir (nous nous sommes égarés M. l'agent !), et même sur des parkings vides en collant le van au mur d'une bibliothèque équipée d'un réseau WIFi public !
Trouver du travail aux quatre coins du pays.
Chaque année, Queenstown accueille un festival de VTT. La compétition voit s'affronter les meilleurs champions de la discipline sur des parcours spectaculaires. Plusieurs journées d'épreuves se succèdent et les points de départ sont généralement établis au sommet des montagnes.© data-copyright="© Robin et Elodie
Assister à un festival constitue une expérience agréable, mais participer à l'organisation et suivre le déroulement des opérations avec les équipes techniques est largement plus intéressant. Robin et Élodie ont aidé à organiser l'édition 2014 du célèbre Queenstown Bike Festival.
Guillaume : Même si les Kiwis sont réputés honnêtes, il existe toujours des exceptions à la règle. Alors, comment faire la différence entre un bon et un mauvais employeur ?
Élodie : Votre employeur doit exiger votre visa de travail et votre numéro IRD pour les taxes. De votre côté, n'hésitez pas à parler franchement de la rémunération. Il existe un SMIC en Nouvelle-Zélande et quoiqu'il arrive, vous ne pouvez être rémunéré en dessous de ce SMIC horaire. Si aucune mention n'est faite de ces trois critères et que vous avez le moindre doute, passez votre chemin.
Guillaume : Avez-vous connu quelques déboires durant votre séjour ?
Robin : Nous avons vécu une mauvaise expérience alors que nous n'étions pas au courant de l'existence d'un SMIC ou du salaire moyen pour un travail. Nous avons retenu la leçon, et nous avons eu d'excellentes relations avec nos employeurs depuis lors.
Guillaume : J'ai découvert sur votre blog que vous avez participé tous les deux à l'organisation du Queenstown Bike Festival. Comment avez-vous réussi à décrocher un job pareil ?
Élodie : Un peu par hasard en rencontrant les fondateurs et organisateurs grâce à un ami rencontré dans un backpacker d'Auckland. Les meilleures expériences se font souvent grâce aux gens que l'on rencontre par hasard, et comme nous travaillons tous deux dans l'évènementiel, la suite est assez simple à imaginer. C'est une expérience très sympa et du volontariat, mais en remerciement l'équipe bénéficie gratuitement d'activités locales fantastiques comme le Shotover Jet de Queenstown, la croisière sur le Milford Sound, une journée VTT...
Apprendre à dépasser ses limites.
C'est un Néo-Zélandais qui le premier a eu l'idée de sauter dans le vide en étant accroché à un élastique. Quelques décennies plus tard, l'activité est devenue un sport populaire pratiqué aux quatre coins du pays.© data-copyright="© Robin et Elodie
Voici enfin la réponse à la question de savoir s'il est plus terrifiant de sauter à l'élastique ou en Parachute. Élodie a eu le plaisir (en quelque sorte) de tester les deux activités en Nouvelle-Zélande.
Guillaume : Quelles sont les sensations ressenties durant un saut à l'élastique ou en parachute ?
Élodie : Les deux expériences sont assez différentes. Le saut à l'élastique est plus redoutable que le saut en parachute. L'un des sauts de Queenstown se finit dans la rivière et j'ai plongé jusqu'aux genoux. Voir le sol se rapprocher aussi vite et surtout d'aussi près est bien différent du saut en parachute. Le bonus lorsque l'on plonge dans l'eau c'est la perte de repères. Ce n'est pas tous les jours que l'on se sent dans la peau d'un saucisson suspendu au bout d'un yoyo géant. C'est une expérience à vivre au moins une fois dans sa vie !
Guillaume : Cela ne vous a pas effrayé davantage de sauter d'un avion en plein vol ?
Élodie : Le saut en chute libre est vraiment sympa également. N'hésitez pas à payer pour profiter d'un saut d'une hauteur maximale, l'expérience se déroule si vite ! Pour ceux qui ont le vertige comme Robin, il faut savoir que l'on n'a plus peur de tomber lorsque l'on est déjà en train de tomber ! Le moniteur prend de toute façon toute la manoeuvre en charge, et à part le bref instant où l'on saute de l'avion, cela reste plutôt zen.
Guillaume : Quitte à rester zen, on peut aussi se contenter de rester sur le plancher des vaches et profiter des plages de rêve. Est-ce que l'on peut vraiment se baigner en Nouvelle-Zélande ?
Robin : Oui ! l'eau est même bonne dans le Northland en été. Investissez dans une fine combinaison si le surf ou la plongée vous tentent. C'est ce que nous avons fait. Élodie est une vraie trouillarde dans l'eau, elle s'imagine à tout moment qu'un requin blanc va lui croquer les orteils tandis qu'un tourbillon de méduse l'aspire au fond de l'océan. Si Élodie s'est baignée, vous pouvez vous baigner en Nouvelle-Zélande.
Cuisiner ou succomber aux fast-foods.
La réputation du restaurant Fergburger a depuis longtemps franchi les frontières du pays. Les burgers de l'enseigne sont régulièrement cités dans les classements des meilleurs fast-foods de la planète.© data-copyright="© Robin et Elodie
Les randonnées ouvrent l'appétit, et à l'heure de choisir entre la cuisine anglaise traditionnelle et un délicieux hamburger, il n'est pas rare de succomber aux charmes de la restauration rapide. D'autant que les Kiwis possèdent l'une des meilleures enseignes à burgers de la planète.
Guillaume : La gastronomie Kiwi peut-elle se résumer à un duel Burger Fuel contre Fergburger ?
Élodie : Le duel Burger Fuel (une chaîne) VS Fergburger (à ne pas manquer sur Queenstown) n'a pas lieu d'être, car le Ferg l'emporte haut la main ! C'est peut-être réducteur d'assimiler la gastronomie Kiwi aux burgers, mais de manière générale la nourriture n'est pas le point fort des pays « anglo-saxons », en tout cas si l'on est habitué à cuisiner à la Française. Si vous cherchez le lieu pour savoir « qui attrapera le plus vite du cholestérol » la Nouvelle-Zélande se défend bien. Après une année écoulée, nous nous surprenons à rêver à de beaux légumes, au camembert et au bon pain !
Guillaume : D'un autre côté, est-ce que l'on trouve les ingrédients pour cuisiner à la Française ?
Robin : Oui. On trouve même le camembert rustique en NZ ! Il faut débourser l'équivalent de 13€ certes, mais c'est du vrai de vrai. Les légumes ne sont parfois pas donnés (n'oublions que c'est une île assez isolée, et que nous sommes habitués à manger des légumes et des fruits sans vraiment tenir compte de leurs saisons respectives en France) mais les cuisiniers en herbe peuvent se faire plaisir.
Guillaume : Treize euros pour un camembert... voilà qui ne fera pas le bonheur des voyageurs fauchés...
Élodie : Mais cuisiner à « l'étudiante », est plus facile que jamais. Quand le compte en banque commence à se vider, on se rabat sur les pâtes, le riz, les fishs and chips, sans oublier l'incontournable du voyageur fauché : les nouilles instantanées.
Revenir avec des milliers de souvenirs.
À moins de partir avec une réserve d'argent considérable, il faudra travailler pour financer son voyage. Faute de quoi, vous serez restreint dans vos déplacements et vous ne profiterez pas réellement de votre séjour.© data-copyright="© Robin et Elodie
Vous pouvez rassurer vos amis, le Programme Vacances Travail ne va pas vous transformer en baba-cool-bio insupportable. Mais de subtiles transformations peuvent s'opérer dans la manière d'appréhender le monde.
Guillaume : Le Programme Vacances Travail a-t-il changé votre vision du monde ?
Robin : Nous avions déjà pas mal voyagé avant, alors l'impact était forcément moindre. Mais un long voyage où l'on doit modifier ses habitudes, s'intégrer et faire de nouvelles connaissances vous fait forcément changer. Venant de la Côte d'Azur, nous n'avons pu nous empêcher de remarquer l'incroyable contraste entre le climat râleur, xénophobe à peine dissimulé et morose : « c'est la crise, je dois payer ma baguette cinq centimes de plus alors je fais la gueule !” et l'atmosphère en Nouvelle-Zélande. Les kiwis sont plutôt optimistes, s'investissent dans des projets, profitent de leur retraite et sont motivés !
Guillaume : Au terme de cette année réussi en PVT, envisagez-vous l'expatriation en Nouvelle-Zélande ?
Élodie : C'est un pays où il fait bon vivre et où tout semble facile, loin de notre bureaucratie française. Le mode de vie Kiwi nous conviendrait, c'est certain. Les gens sont aimables et respectueux, la nature superbe. Mais la famille reste quand même un point d'attache important. Et puis nous n'avons pas encore assez voyagé. Nous comptons faire un saut au Canada l'année prochaine, nous envisagerons la chose plus sérieusement après !
Guillaume : Ce sera le mot de la fin. Je vous remercie tous les deux pour cette belle interview. Bien entendu, nous n'avons fait qu'effleurer les sujets ! J'invite tous ceux qui préparent un séjour en Nouvelle-Zélande à consulter votre excellent blog. Encore merci et profitez bien de vos derniers mois chez les Kiwis !
© Photos copyright Robin & Élodie | Oudye Wood (Back)Packers.