Guide des visites
Ce guide complet vous explique comment suivre la Forgotten World Highway, une étape qui figure dans nos circuits Kiwipal à personnaliser.
Une des plus belles routes de Nouvelle-Zélande
La Forgotten World Highway est une route auréolée de mystère dont le simple nom éveille l'imaginaire. Elle figure pourtant bien sur la carte de l'île du Nord, où elle correspond à la State Highway 43 qui relie les régions de Taranaki et Manawatu-Wanganui.
Parce qu'elle fut longtemps un véritable enfer, avec sa route de gravier, ses inondations et ses chutes de pierre, les voyageurs prirent l'habitude d'emprunter les routes alternatives (SH3 et SH4) qui réduisent les temps de trajets pour rejoindre New Plymouth ou Whanganui.
De nos jours, même si la chaussée est enfin goudronnée, elle demeure méconnue et suivie par une infime minorité de visiteurs chaque année.
Comme son surnom l'indique, la Forgotten World Highway n'est pas secrète, mais oubliée, et à dire vrai... injustement oubliée dans les guides de voyages !
Les rares voyageurs qui l'ont explorée parlent de paysages exceptionnels avec des cascades, rivières et forêts sauvages.
On y trouverait même une République indépendante perdue au milieu de collines façonnées par des siècles de tremblements de terre.
Pour en avoir fait l'expérience, je peux vous dire que la réalité dépasse la fiction. La Forgotten World Highway est bien plus qu'une simple route ! S'il est possible de la parcourir d'une seule traite en moins de trois heures, il s'agit plutôt d'un itinéraire à la journée avec une succession d'escales pleines de surprises.
Kiwipal est heureux de vous proposer cette aventure hors des sentiers battus ! Je me propose de passer en revue toutes les étapes, y compris celle du village de Whangamomona.
Et nous verrons ensuite que si un véhicule est indispensable, car il existe une alternative à la conduite en empruntant une ancienne voie ferrée... sans prendre le train ! Comment est-ce possible ? C'est l'un des mystères que je vais dévoiler, et vous saurez tout en lisant ce guide jusqu'au bout !
Présentation de l'itinéraire
La Forgotten World Highway ne réalise pas une boucle et peut être empruntée au départ de Stratford (au sud) comme à Taumaranui (au nord). Pour cette présentation, nous allons remonter vers le nord, mais il s'agit d'un choix purement arbitraire pour placer certaines randonnées clés l'après-midi.
Libre à vous d'inverser le parcours, tout en sachant que si l'itinéraire de base couvre 148 km, il faut compter plutôt 200 km si l'on souhaite inclure quelques détours en chemin (notamment à Makahu Tunnel, Tangarakau Campground ou Mt Damper Falls).
Ne m'en voulez pas de survoler Stratford et Taumaranui pour me concentrer sur la dizaine d'étapes qui jalonnent la Forgotten World Highway, en prévoyant un arrêt prolongé à Whangamomona situé à la mi-parcours.
Je vous donnerais les temps de trajet et les distances, mais je vous laisse le soin de calculer le temps alloué à chaque escale. Selon mon expérience, il faut prévoir au moins 5 h pour profiter pleinement de l'expérience, mais vous pouvez miser sur 6-7 h en prévoyant large (attention à la tombée de la nuit).
Avant de vous mettre derrière le volant, gardez à l'esprit qu'il n'y a pas de station essence sur le parcours. Le restaurant de Whangamomona peut être aussi fermé pour une raison ou une autre (surtout en basse saison).
Ne partez pas les mains dans les poches ! Prévoyez des réserves d'eau potable, des provisions pour pique-niquer et faites le plein de carburant en minutant le parcours pour arriver à Whangamomona vers midi pour déjeuner.
Les étapes de Stratford à Whangamomona
Stratford, marque le départ (ou l'arrivée) de la SH 43, surnommée Forgotten World Highway sans que l'on sache vraiment qui l'a baptisée ainsi. Stratford est pour sa part associée à la ville natale de Shakespeare en Angleterre et quelques rues sont d'ailleurs nommées d’après des personnages de ses pièces.
Néanmoins, mis à part la tour de l'horloge Glockenspiel qui rejoue des scènes de Roméo et Juliette, Stratford ne présente guère d'intérêt si ce n'est de permettre de passer la nuit au plus près de la SH 43.
Certes, il est également possible de partir de New Plymouth (une étape du Taranaki autrement plus intéressante), mais cela allonge le parcours de 40 km soit une demi-heure de conduite en plus... c'est à vous de voir !
Depuis Stratford, voici en tout cas le planning jusqu'à Whangamomona en comptant 1h30 de trajet :
Départ | Arrivée | KM | Durée |
---|---|---|---|
Stratford | Strathmore Saddle | 23 | 00:20 |
Strathmore Saddle | Makahu Tunnel | 12 | 00:15 |
Makahu Tunnel | Pohokura Saddle | 18 | 00:20 |
Pohokura Saddle | Whangamomona Saddle | 11 | 00:15 |
Whangamomona Saddle | Whangamomona | 6 | 00:10 |
Gardez à l'esprit qu'il faut ajouter du temps pour faire des pauses et réaliser des visites. Prévoir trois heures semble déjà plus raisonnable pour cette première moitié du parcours.
Strathmore Saddle
L'aventure commence dès la sortie de Stratford, sur une charmante route de campagne. La brume enveloppe les plaines, conférant une atmosphère presque fantastique au paysage.
Nous sommes déjà sur la State Highway 43 et les moutons tournent à peine la tête pour nous dévisager à cette heure matinale. On grimpe peu à peu en direction de Strathmore Saddle, le premier objectif de la journée.
Une fois garé en bord de route, on réalise aussitôt que l'on a pris la bonne décision : le panorama à 360° sur les collines bosselées est sublime et comporte même une surprise de taille !
Le Taranaki apparaît à l'horizon quand il ne joue pas à cache-cache derrière les nuages ! Le volcan se trouve à une trentaine de kilomètres à l'ouest et ses rivaux Tongariro, Ruapehu et Ngaurahoe sont également présents à l'est, mais plus difficiles à distinguer (ils sont à une centaine de kilomètres).
Le caractère tourmenté du paysage s'explique par la présence d'une ligne de faille proche du col de Strathmore. L'activité tectonique a sculpté toute cette région qui était autrefois sous la mer durant des millions d'années.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille de consulter le panneau explicatif en bord de route (des panneaux similaires sont plantés tout au long de la SH43).
Prenez ensuite une profonde inspiration, savourez l'air frais du matin et reprenez la route en direction du premier tunnel de la journée.
Makahu Tunnel
À ce stade du trajet, vous pouvez poursuivre en direction du prochain col (le Pohokura Saddle) en longeant les domaines agricoles ou vous autoriser d'abord un détour au Makahu Tunnel au prix d'une demi-heure de route en plus (A/R).
Ce tunnel de 166 mètres de long qui permet de rejoindre les communautés de Makahu et Puniwhakau remonte à 1907.
Partiellement recouvert de mousse, il fut creusé à la pioche et à la dynamite pour éviter aux colons un trajet harassant par les collines. Il est réputé solide, certes, mais je dois préciser qu'il s'est effondré par le passé !
Photogénique, il effraie toutefois les conducteurs avec sa voie étroite à sens unique. On peut néanmoins l'emprunter en voiture comme en camping-car.
Je cherche à vous faire peur... car le béton a remplacé les antiques poutres en bois depuis bien longtemps. Rassurez-vous, les locaux y organisent même des festivités à l'occasion.
La meilleure manière d'admirer le Makahu Tunnel consiste à l'emprunter pour se garer sur la gauche en sortant près du panneau d'information. Prenez garde néanmoins à ne pas gêner la circulation, car les kiwis ont la fâcheuse habitude de foncer en 4x4 comme si la route leur appartenait.
Prenez quelques photos souvenirs, puis manoeuvrez tranquillement pour repartir en sens inverse et retrouver la SH 43 en direction du Pohokura Saddle.
Pohokura Saddle
Le prochain col se trouve à un petit quart d'heure de route. Une route qui longe des rails que l'on retrouvera par intermittence tout au long de la journée.
Empruntée jadis par les trains entre Stratford et Taumaranui, la voie ferrée est désormais exploitée par une compagnie qui propose des excursions originales que nous évoquerons le moment venu.
Pohokura Saddle marque la transition vers ce « monde oublié » que l'on nous annonce depuis le début. La forêt commence à cacher l'horizon, mais l'on profite encore d'un panorama charmant avec des collines bosselées et des moutons qui s'abritent sous les arbres.
En observant bien, on retrouve la voie ferrée qui semble venir de nulle part, mais qui émerge en réalité de l'un des innombrables tunnels de la région. Quelques photos et l'on poursuit aussitôt vers le col suivant.
Un panneau annonce déjà le Moki Tunnel qui se trouve pourtant à 36 km ! Les campings-caristes n'ont toutefois pas de souci à se faire, car même les modèles les plus imposants (3,5 m) restent sous la limite des 4,3 m indiqués.
Whangamomona Saddle
Un quart d'heure de route plus tard, nous voilà déjà au col de Whangamomona situé à 270 m d'altitude (comme la plupart des cols jusqu'à présent).
Un nom qui annonce déjà l'une de visites majeures de la journée, même si un autre indice peut mettre la puce à l'oreille ! Un illustre inconnu a réussi l'exploit de coiffer la cime d'un arbre avec un cône de chantier !
L'arrêt sera bref. La végétation a poussé au point de masquer tout le paysage et il n'y a plus grand-chose à voir ! Un panneau d'information raconte toutefois une anecdote amusante qui en dit long sur l'esprit des locaux.
En 1903, des habitants exaspérés par le rejet du projet de route ont poussé le Premier ministre de Nouvelle-Zélande dans un marécage boueux pour lui donner un aperçu des conditions de vie dans la région.
Réserver le même traitement à certains politiciens de notre époque ne serait pas déplaisant, mais c'est un autre sujet...
Gardez votre sourire aux lèvres, car il ne reste que dix petits kilomètres à parcourir avant de rejoindre le village de Whangamomona.
La République de Whangamomona
À ce stade de la journée, vous allez quitter le territoire néo-zélandais pour rejoindre la République de Whangamomona au coeur de l'île du Nord. La frontière entre les deux états est pourtant signalée par un simple panneau.
Vous pouvez ranger vos passeports, car aucun douanier n'attend les voyageurs. Est-ce une plaisanterie ? Plus ou moins et il y a suffisamment d'explications à donner pour que vous poursuiviez la lecture avec un bon café.
Sur le plan légal, Whangamomona est une simple commune du district de Stratford rattachée à la région de Manawatu-Wanganui en Nouvelle-Zélande. Un statut que la population locale refuse pourtant catégoriquement depuis 1989.
Whangamomona, c'est avant tout l'histoire d'une communauté de pionniers qui aurait dû disparaître pour laisser un village fantôme à l'instar des villes de prospecteurs de l'Otago Central (je pense à Macetown par exemple).
Les origines du village
Les premiers colons arrivent dans la région durant la ruée vers l'or de 1893. En réalité, le village doit simplement son nom à la rivière qui traverse la vallée pour se déverser dans le fleuve Whanganui.
À cette époque lointaine, la bureaucratie et les tracasseries quotidiennes du monde civilisé ne parviennent guère jusqu'à ce coin perdu où les habitants s'autoadministrent, mais sont profondément attaché à la région Taranaki.
Des habitants endurcis, mais toujours fidèle au drapeau national au point d'envoyer une cinquantaine des leurs se faire massacrer dans les tranchées de la première Guerre mondiale à 18500 km de chez eux.
Le chemin de fer arrive en 1933, mais la première ampoule ne s'allume pourtant qu'en 1959 ! Des inondations successives et le décalage entre ce monde rural et la modernité accélèrent le déclin. L'école ferme en 1979, les commerces se raréfient puis la Poste renonce à distribuer le courrier en 1989.
Seul l'hôtel continue d'accueillir les voyageurs, mais la population se résume désormais à une poignée d'irréductibles.
En route vers l'indépendance en 1989
En 1989, le gouvernement décide le rattachement du village à la région de Manawatu-Wanganui en lieu et place de celle de Taranaki. Une décision prise sans consultation locale pousse les derniers habitants à se mobiliser en lançant des pétitions pourtant balayées d'un revers de main.
Réunis en assemblée constituante dans l'hôtel de Whangamomona, les villageois proclament l'indépendance sans que le gouvernement néo-zélandais ne prenne la peine de répondre à l'affront.
La fête nationale, le « Republic Day » qui est instaurée le jour même se tiendra annuellement jusqu'en 2001 avant de devenir biennale. Sans le savoir, les habitants viennent de préserver l'avenir du village.
Au fil du temps, le Republic Day est devenu si populaire qu'il attire une foule qui assiste à des compétitions folkloriques qui comprennent aussi bien le lancer de bottes, le désossage de possums ou le célèbre parcours dans une bassine remplie d'anguilles.
Et de nos jours, si aucun visa n'est requis pour se rendre à Whangamomona, chaque voyageur peut conserver une trace de son passage. Il suffit de se rendre à l'hôtel pour faire tamponner son passeport contre quelques malheureux dollars. On contribue ainsi au budget de cette micronation unique au monde.
Des élections présidentielles mouvementées
Comme tout régime politique qui se respecte, Whangamomona procède à l'élection démocratique d'un président de la République. Le vote qui a lieu lors de la fête nationale réserve toujours des surprises !
En 1999, Billy Gumboot succède au regretté Ian Kjestrup (père fondateur et premier président de la République). Une élection contestée, car Billy, en réalité une chèvre, fut accusée d'avoir dévoré les bulletins de vote de ses adversaires.
Un caniche prend la relève en 2003, mais victime d'une tentative d'assassinat le laisse diminué, il ne se représente pas en 2004 et Murt Kennard, surnommé la tortue (mais pourtant bien humain) qui l'emporte de justesse face à Ian Kjestrup (déjà décédé à l'époque, mais presque réélu).
Après les hommes et les animaux, c'est une femme, Vicki Pratt qui prend les rênes en 2017 dans un contexte de fraudes électorales, et malgré la candidature d'un chat qui partait favori.
En 2019, une chèvre se porte de nouveau candidate, mais sera absente le jour du vote, probablement assassinée et vendue sous forme de kebab durant la fête nationale. Un scandale national ! Whanamomona sur le plan politique n'a rien à envier aux Borgias.
La visite du village de Whangamomona
Vous connaissez désormais l'Histoire, mais vous allez probablement découvrir Whangamomona en dehors de sa fête nationale... alors à quoi ressemble la République en temps normal ?
Le Whangamomona Walking Trail fait le tour du village en moins d'une heure si l'on prend le temps de lire les panneaux d'information qui présentent les monuments historiques comme la banque ou l'église.
La visite sera plaisante, mais de courte durée. Parler de hameau serait d'ailleurs plus approprié. De petites découvertes sont néanmoins possibles, et le côté abandonné des lieux n'est pas pour déplaire aux amateurs d'urbex.
Certaines maisons sont dans un piteux état, mais d'autres fraîchement repeintes comme la poste du 19e ou la salle des fêtes ont encore bonne mine. Quelques citronniers apportent une touche de couleur à l'ensemble.
Adossé à une colline, le minuscule « Presidential Park » est un terrain de jeu amusant pour les enfants avec un toboggan et des scuplures en bois originales. Les voyageurs en famille apprécieront !
Du côté opposé, la voie ferrée qui franchit la rivière est précédée par une statue de bœuf (bullock) qui célèbre les 30 ans de l'indépendance. Photos originales garanties.
En basse saison, le visiteur cherche toutefois les habitants comme Gargamel cherche les schtroumpfs. Et lorsque le ciel se couvre, l'atmosphère devient un peu triste et l'on devine qu'il n'est pas simple de vivre ainsi reclus.
Les habitants ont pourtant semé de petits clins d'oeil qui sont autant de traces de vie. Ils témoignent de l'esprit rebelle, mais joyeux qui anime la communauté dans ce coin perdu au milieu des collines.
Whangamomona Hotel et les passeports
En réalité, le plus grand bâtiment du village demeure le plus animé, sauf en basse saison quand il ferme trois jours sur quatre. Ce Whangamomona Hotel fait aussi office de pub-restaurant et accueille les visiteurs depuis toujours.
C'est le passage obligé pour boire un verre, manger un morceau, faire tamponner son passeport et contempler les murs chargés de souvenirs qui retracent toute l'Histoire de la République.
Que peut-on ajouter ? Selon votre planning, Whangamomona vous accueille le temps d'un pique-nique ou d'un moment plus convivial à table dans l'unique restaurant. Mais sans vouloir vous presser, le programme est encore chargé et il est déjà temps de reprendre la route !
Les étapes entre Whangamomona et Taumaranui
À ce stade, il reste une centaine de kilomètres à parcourir pour achever la Forgotten World Highway, et même davantage si l'on envisage les détours à Tangarakau ou la randonnée de mount Damper Falls.
Des étapes auxquelles je ne conseille pas de renoncer, car la fin du parcours comporte un long segment de route sans visites. À ce sujet, la plupart des guides annoncent une route de gravier, mais le goudronnage des 12 derniers kilomètres devrait être achevé à l'heure où vous lirez ces lignes.
Quoi qu'il en soit, voici les distances et durées à prévoir pour le reste du trajet sans tenir compte du temps additionnel pour les activités :
Départ | Arrivée | KM | Durée |
---|---|---|---|
Whangamomona | Tahora Saddle | 13 | 00:15 |
Tahora Saddle | Tangarakau Campground | 13 | 00:25 |
Tangarakau Campground | Moki Tunnel | 7 | 00:15 |
Moki Tunnel | Mt Damper Falls | 17 | 00:30 |
Mt Damper Falls Car park | Tangarakau Gorge | 26 | 00:40 |
Tangarakau Gorge | Nevins Lookout | 19 | 00:22 |
Nevins Lookout | Taumarunui | 36 | 00:36 |
Tahora Saddle (panorama)
À un quart d'heure de Whangamomona, voici déjà Tahora Saddle. Contrairement au précédent col masqué par la végétation, les collines avoisinantes qui furent brûlées jadis pour créer des pâturages sont bien visibles.
Le panorama dégagé à l'est comme à l'ouest est magnifique et même féérique par beau temps. Les collines rappellent un peu celles de Matamata près d'Hobbiton, mais le relief est ici plus tourmenté avec quelques rares poteaux électriques qui donnent une idée de l'isolement de la région.
On devine quelques vallées et ce n'est pas sans une certaine frustration que l'on repart, car tous ces pâturages appartiennent à des propriétés privées.
Il existe bien quelques départs de sentiers non balisés en bord de route, mais l'absence de signal capté sur les smartphones n'incite guère au hors-piste. Rassurez-vous l'occasion de randonner va bientôt se présenter.
Tangarakau Campground
Le Tangarakau Campground (également surnommé « Bushlands Campground » ou « Ghost Town ») est un charmant camping niché dans une vallée où les Maoris cultivaient jadis la kumara.
Le détour depuis la SH 43 n'est guère conséquent (compter seulement 6 km sur la Raekohua Road), mais il s'adresse en priorité aux voyageurs qui souhaitent louer un cabanon, dormir sous la tente ou garer leur camping-car pour la nuit au bord de la rivière Tangarakau (raccordement électrique en option).
En été, on se baigne, bronze sur les pelouses et l'on fait cuire des pizzas faites maison dans un four spécial.
Une atmosphère d'autant plus décontractée que l'on ne capte aucun signal, ce qui ne fera pas le bonheur des adolescents accros au portable, mais rappellera à leurs parents une enfance bénie quand l'on dormait à la belle étoile.
Fossil Point, le canyon oublié
Tangarakau qui était jadis un village prospère de 1200 âmes avec son école n'a pas eu la chance de survivre comme Whangamomona, mais le domaine abrite pourtant une merveille insoupçonnée.
Rassurez-vous ! Il ne s'agit pas de visiter une antique mine de charbon de la région en risquant de finir au fond d'un puit (une exposition au camping vous présente d'ailleurs quelques curiosités sur le sujet). Il s'agit plutôt de suivre une randonnée facile jusqu'à Fossil Point.
La piste signalé par une pancarte se trouve en dehors du camping, au-delà de la ferme voisine. Un accès, hélas, réservé aux personnes qui séjournent dans le camping payant.
En remontant la rivière durant 40 minutes sur les traces d'anciens mineurs, on rejoint un canyon qui forme un amphithéâtre naturel. Des fossiles de quinze millions d'années (les plus anciens du pays) ont été retrouvés dans la falaise.
Des chevaux de la ferme paissent tranquillement dans ce décor hors du commun qui aurait mérité de figurer dans le Seigneur des anneaux. C'est l'un des plus beaux paysages de l'île du nord et l'un des plus secrets ! Je précise au passage qu'il est interdit de ramasser des fossiles dans le Fossil Canyon.
Moki Tunnel (Hobbit Hole)
Que l'on fasse escale ou non au camping de Tangarakau, il faut emprunter le Moki Tunnel pour venir à bout de la Forgotten World Highway.
Si vous avez bien suivi le guide, vous aurez deviné qu'il s'agit du tunnel annoncé depuis une trentaine de kilomètres et qui empêche les poids lourds d'accéder à la région.
Contrairement au Makahu Tunnel, il a conservé une partie de sa voûte en bois ce qui lui confère un aspect presque sinistre à la « Sleepy Hollow » quand le brouillard recouvre les collines.
Le tunnel fut percé au marteau piqueur sur 180 m en 1936, révélant des fossiles fascinants par la même occasion (on rappelle que la région était sous la mer il y a des millions d'années).
C'est un simple tunnel, pittoresque pour le visiteur, mais qui mit fin aux longues périodes d'isolement que subissaient les fermiers quand les rivières en crues rendaient la région totalement inaccessible.
Un petit malin s'est amusé à inscrire « Hobbit Hole » sur une pancarte au-dessus de l'entrée. Connaissant l'esprit des kiwis de la région, il y a peut-être un sens caché, mais en tout cas le surnom est resté !
Franchissez ce passage étroit avec prudence avant de mettre le cap vers notre dernière belle découverte de la journée.
Pour les photographes, il existe un autre tunnel fantastique sur l'île du Nord, au niveau de Waikawau Beach.
Randonnée au Mount Damper Falls
Rejoindre les Dampers Falls implique un détour conséquent de 30 km (A/R) sur la Moki Road qui s'enfonce dans la Waitaanga Conservation Area. Il s'agit pourtant d'une visite incontournable de la Forgotten World Highway.
Encore faut-il ne pas manquer l'embranchement qui se trouve à deux minutes du Moki Tunnel. Une fois rendu au départ de la randonnée, il n'y a guère de place pour se garer, mais il n'y a jamais foule de toute manière.
L'habituel panneau du Département de la Conservation annonce 40 minutes, mais il suffit d'une demi-heure de marche pour effectuer l'aller-retour. C'est une simple promenade de santé sur un sol plat qui vous attend, sauf sur la fin.
Le sentier traverse d'abord une propriété privée sous le regard paniqué des moutons qui décampent en vous voyant arriver. Le terrain est en partie miné par leurs déjections et il faut penser à bien fermer les barrières derrière soi.
Une première plateforme permet d'apercevoir la chute que l'on entend avant même de l'apercevoir. Ici, un affluent de la rivière Tongaporutu se déverse depuis une falaise en forme de fer à cheval.
Avec ses 74 m de haut, la Mount Damper Falls est l'une des plus hautes de l'île du Nord (mais loin des 153 m des Wairere Falls). On ne distingue pas pour autant le pied de la chute à cet emplacement, mais le chemin se poursuit avec un escalier de 70 marches qui descend en contrebas.
Les marches de l'escaliers ne sont pas particulièrement raides, mais il faut bien surveiller les enfants, car la végétation masque un gouffre.
La seconde plateforme offre une vue bien plus satisfaisante qui révèle en outre le bassin où se déverse la cascade. Il est frustrant de ne pouvoir descendre davantage pour mettre les pieds dans l'eau, mais le hors-piste est rigoureusement impossible.
Les « Te Rerepahupahu Falls » sont encore plus belles, mais se situent à 14.5 km (29 km A/R) et le parcours de 14 h sur un sentier difficile implique une nuit dans un refuge spartiate.
Tangarakau Gorge
De retour sur la SH 43, on franchit un pont qui surplombe la Tangarakau, cette rivière découverte précédemment pour atteindre Fossil Canyon.
Un emplacement discret (avec des toilettes) permet de se garer juste après le pont. De là, un petit panneau du Département de la Conservation précède un charmant sentier en forêt qui mène à la tombe de Joshua Morgan.
Cet arpenteur fut enterré à l'endroit même où il succomba d'une péritonite en 1893 avant que les secours puissent franchir les 100 km à cheval requis pour le sauver. Sa tombe toujours entretenue est un symbole des conditions de vie terribles de l'époque.
Nevins Lookout, l'ultime étape
À ce stade, il reste une heure de trajet (60) km pour atteindre Taumaranui. Une route magnifique, avec de beaux points de vue sur les collines, mais sans réelles opportunités de s'arrêter (un travers hélas fréquent en Nouvelle-Zélande).
Heureusement, il reste un dernier arrêt incontournable à la moitié du parcours. Une courte ascension permet de rejoindre le Nevins Lookout. De là on aperçoit les volcans Ruapehu, Ngauruhoe et Tongariro que l'on distinguait à peine au début de la SH 43, mais on découvre aussi le King Country.
Vous pourrez toutefois marquer l'arrêt chez Laurens Lavender vers la fin du parcours si vous appréciez la lavande et ses produits dérivés.
Taumaranui qui marque la fin officielle de l'aventure est une petite bourgade tranquille. Rien ne vous oblige à y passer la nuit, mais sachez que l'on y trouve des motels et un supermarché le cas échéant.
Nous voilà rendus ! Des félicitations s'imposent pour avoir suivi cette route oubliée, mais ce guide n'est pas encore achevé, car il existe une solution alternative pour explorer la région !
Excursion avec Forgotten World Adventure
L'ancienne voie ferrée qui reliait Stratford à Taumarunui jusqu'en 2019 est désormais réservée à la Forgotten World Adventure qui organise des excursions merveilleuses d'octobre à mai.
La compagnie a transformé des voitures de golf pour leur permettre de rouler sur les rails à 22 km/h. Plusieurs véhicules peuvent ainsi progresser et franchir pas moins de 90 ponts et 24 tunnels (le plus long couvre 1,5 km).
Les participants découvrent des paysages extraordinaires auxquels n'ont pas accès les conducteurs qui empruntent la SH 43, même si rails et bitumes se côtoient de temps à autre.
Forgotten World Highway a été fondé par un français !
Si un guide mène l'expédition dans le véhicule de tête, les participants conduisent leurs propres véhicules conçus pour accueillir deux, quatre ou six passagers. Chaque famille ou couple dispose ainsi de son propre véhicule qu'il ne partage pas avec des inconnus (une formation à la conduite est inclue).
Lors des escales, le guide présente la région depuis l'époque maorie jusqu'à nos jours en passant par l'arrivée des colons britanniques.
Plusieurs sorties sont proposées et l'on peut se contenter d'une demi-journée ou prolonger l'aventure en allouant jusqu'à trois jours en plus pour explorer la région dans le moindre détail et réaliser les 142 km du parcours complet.
En plus d'être original, le circuit permet de découvrir des lieux auxquels personne n'a accès avec des panoramas parfaitement invisibles depuis la SH 43.
En réalité, la demi-journée fait amplement l'affaire pour la plupart des voyageurs. Elle est coûteuse, mais reste « abordable » pour un couple et même pour une famille.
L'excursion couvre 43 km, emprunte une dizaine de tunnels au départ du village de Whangamomona et comprend un pique-nique. À la fin du parcours, les participants sont rapatriés en navette ou récupèrent leur propre véhicule convoyé à l'arrivée par un chauffeur moyennant un supplément.
Excursion | Forgotten World Adventure |
Adresse | 9 Hakiaha Street, Taumarunui |
Informations | Site officiel |
Durée | 7h ou 10h30 |
Arrivée | 13h ou 16h30 |
Départs | 5h30 |
Tarif adulte | 345 $ |
Tarif enfant | 225 $ |
Tarif famille | 1025 $ (2 adultes et 2 enfants) |
En option, Forgotten World Adventure propose des sorties en jet boat sur la rivière Whanganui, des survols en hélicoptères et des excursions à cheval.
Notre avis sur la Forgotten World Highway
Vous l'aurez compris, la Forgotten World Highway ne se résume pas à une simple route bordée de jolis paysages. Il s'agit plutôt d'une succession de petites escales ponctuées de randonnées dans un cadre unique.
Les photos ne rendent vraiment pas justice à l'aspect féérique de cette excursion, mais elles donnent un aperçu de ce qui attend les voyageurs plus curieux que la moyenne. Le seul reproche que l'on puisse vraiment formuler concerne la difficulté de se garer parfois pour admirer le paysage.
J'allais oublier de vous parler du fameux « Bridge to nowhere » que de trop nombreux guides associent par erreur à la SH 43 alors qu'il s'agit d'une curiosité située à plus de 30 km dans le Whanganui National Park.
Ce pont étrange, perdu au milieu de nulle part, remonte à 1930. La nature en reprenant ses droits a effacé la moindre trace du village voisin et seul le pont très photogénique a subsisté.
On s'y rend essentiellement à vélo en suivant une piste de 36 km depuis que la Forgotten World Adventure a cessé ses excursions en jet boat. Je n'en dis pas plus, car ce sera l'objet d'un prochain guide dédié sur Kiwipal.
Et puisqu'il faut conclure, je tiens à souligner combien la Forgotten World Highway est une expérience à part entière, unique en Nouvelle-Zélande. Une sortie qui n'est pas toujours facile à organiser, que ce soit par la route ou le rail.
Si vous êtes intéressé, n'hésitez pas à mentionner cette étape lorsque vous demanderez un devis via Kiwipal. L'agence locale est tout à fait capable d'arranger un circuit pour intégrer la SH 43.
Vous aurez ainsi le privilège de découvrir une région totalement méconnue et contribuerez à faire survivre la République de Whangamomona !