Interview
Voici une interview exclusive de Julien et Marine qui ont visité la Nouvelle-Zélande avec un Visa Vacances Travail et partage leurs expériences.
- Préparer le grand départ.
- Les premiers pas en Nouvelle-Zélande.
- De la volonté et un peu de chance.
- Travailler dans la plongée sous-marine.
- Conduire un van sur les routes du pays.
- Venir pour les paysages et rester pour les habitants.
- Les bons plans de Marine et Julien.
- Poser ses bagages ou continuer à l'aventure ?
Préparer le grand départ.
Décider de quitter sa famille et ses proches pour partir à l'autre bout du monde ne se fait pas sans peine. Si vous êtes candidat au Programme Vacances travail, l'expérience de Julien et de Marine peut vous être utile.
Guillaume : Comment ont réagi vos familles quand vous avez annoncé vouloir tout quitter pour partir en NZ ?
Marine : Ma famille: ça dépend, d'un côté heureux pour nous, d'un côté ne comprenant pas vraiment pourquoi j'ai “gâché” mon diplôme d'ingénieur en lâchant mon boulot... À notre âge, ne serait-il pas temps de construire une maison, se marier, faire des enfants ? Quant à mes amis, ils n'étaient même pas étonnés, tous super heureux pour nous et avides de photos et de récits. Plusieurs d'entre eux se sont empressés de prendre des billets pour venir nous voir: génial !
Julien : Tous (famille et mes amis) ont approuvé mon choix. Certains mon dit que c'était assez fou de faire ça en quittant un CDI (surtout actuellement) et qu'ils n'en seraient pas capables, même si au fond d'eux ils m'envient. Mes grands parents doivent être plus mitigés.
Guillaume : Et au niveau du travail ? j'imagine que votre annonce a fait l'effet d'une bombe...
Julien : Au travail : J'ai été agréablement surpris de la réaction de mes collègues. Tous m'ont dit que c'était génial, et que pour certains ils feraient la même chose s'ils le pouvaient. Le fait de l'avoir annoncé 6 mois à l'avance a donné le temps à mon ancienne entreprise (une vingtaine d'employés) de se préparer à mon départ. Les opportunités pour profiter de la vie deviennent de plus en plus rares en Europe, et les gens le comprennent bien aujourd'hui. Le PVT est une chance qui ne faut pas louper.
Marine : Mes collègues de travail étaient super contents pour moi. Par contre, ma hiérarchie a eu une réaction plutôt étonnante et n'a pas cru à mon départ ! J'étais en CDD et ils ne me proposaient rien d'intéressant à la fin de mon contrat. Je les ai prévenus un an à l'avance que s'ils n'avaient pas mieux à me proposer je partirais. Six mois plus tard, toujours rien de neuf malgré mes relances. Tant pis pour eux, nous avons pris nos billets. Un mois avant la fin de mon contrat ils se sont réveillés: panique à bord plus de chef de projet mais too late... Ils croyaient peut-être que c'était du bluff pour avoir une augmentation...
Les premiers pas en Nouvelle-Zélande.
Les premières semaines d'un PVT sont souvent décisives. Sans expérience, il est facile de griller son budget et de mettre son séjour en péril. Ceux qui franchissent le cap sont souvent les plus organisés.
Guillaume : Êtes-vous partis les mains dans les poches ou avez-vous planifié un minimum le début du séjour ?
Julien : Marine avait tout organisé donc cela a été facile. Je suis plutôt du genre inverse et je ne m'inquiétais pas de notre arrivée en NZ certainement grâce à mon expérience au Canada.
Marine : Je suis plutôt du genre organisée comme fille... avant de partir j'avais déjà ouvert un compte en banque et réservé un van à un pvtiste belge qui partait la semaine de notre arrivée. J'avais aussi réservé une semaine de location “chez l'habitant”, dans une petite famille française. Pas question de se retrouver à l'arrache avec le décalage horaire et tous nos bagages (y compris matériel de plongée et skis... eh oui, nous n'avons pas des passions légères).
Guillaume : Est-ce que toute cette organisation fut payante en définitive ?
Marine : La première semaine a été tranquille à Auckland : bien dormir pour se remettre du décalage horaire, check du van, formalités (IRD, assurance van...) le tout avec l'assistance de la famille Française. Puis préparation du road trip de cinq semaines. Il fallait notamment acheter un coffre de toit pour que le van soit vivable avec toutes nos affaires.
De la volonté et un peu de chance.
Rares sont ceux qui peuvent se passer de travailler durant un séjour d'une année en Nouvelle-Zélande. Mais ceux qui arrivent à concilier travail et loisir sont encore moins nombreux. Marine et Julien font partie des heureux élus.
Guillaume : Je continue avec la question qui intéresse en priorité les candidats au PVT... comment avez-vous trouvé du travail ?
Marine : Avant de partir de France, j'avais envoyé plusieurs CV à des clubs de plongée, et je savais que nous arrivions au bon moment (juste avant le début de la saison) pour trouver un travail. Au début, j'ai déniché un job d'instructeur de plongée à Auckland : j'ai détesté et après 3 jours j'ai quitté: boss malhonnête, plongées inintéressantes, et méthode d'enseignement pas à mon goût (les dollars avant tout).
Guillaume : Rien de tel qu'une mauvaise expérience d'entrée de jeu pour saper le moral...
Marine : C'était une décision difficile, car nous n'avions rien d'autre en vue et l'on commençait à être quelque peu à sec... Puis en montant dans le Northland, Julien s'est rappelé que j'avais envoyé un CV à un club de plongée qui avait l'air génial, il m'a poussé à rentrer dans le magasin pour me présenter: Bingo, je décroche cinq jours d'essai et un boulot à la clef. J'ai eu un job de rêve pendant six mois !
Guillaume : Mais vous voyagez en couple... il fallait que Julien arrive à trouver du travail dans la même région ?
Julien : La région où nous allions nous installer pour l'été dépendait du job de Marine. Le destin a décidé Tutukaka. Ce village situé sur une magnifique côte attire beaucoup de touristes en été. Après avoir galéré un mois et demi pour trouver un boulot, j'ai dégoté deux petits jobs : dans un camping (Handyman) et dans un restaurant pour la plonge. J'ai trouvé ces deux emplois en une journée et après avoir déjà demandé un mois à l'avance s'ils cherchaient du monde. Comme quoi, il ne faut jamais se décourager ! Au final, cela a été deux superbes expériences, avec des employeurs avec qui j'ai noué de solides amitiés.
Travailler dans la plongée sous-marine.
La Nouvelle-Zélande possède des sites de plongée hors du commun. Sur Kiwipal, nous avons déjà parlé de la plongée au Milford Sound, mais il existe un cadre encore plus spectaculaire aux Poor Knight Islands.
Guillaume : On parle souvent des Poor Knight Islands comme site de plongée, mais qu'y a-t-il de si extraordinaire sur place ?
Marine : On parle des Poor Knight Islands car Cousteau (notre frenchy au bonnet rouge père de la plongée) a classé l'un des sites à la septième place dans son Top 10 des plongées.
Guillaume : Est-ce que l'on peut s'attendre à observer des poissons de toutes les couleurs ?
Marine : Il importe de préciser qu'il s'agit d'un site de plongée non tropicale (pas de jardins de corail ni de petit Némo). On trouve en revanche une vie sous-marine impressionnante (c'est une réserve marine) riche en surprises... Il est toujours difficile de décrire ce que l'on ressent sous l'eau, surtout lorsque l'on s'adresse à des néophytes.
Guillaume : Est-ce que votre niveau d'anglais était suffisant pour travailler au quotidien avec des Kiwis ?
Julien : Mon anglais n'était pas bon du tout, et cela n'a pas aidé au début. Mais si l'on travaille bien, ce n'est pas un problème. À la base je suis technicien de laboratoire, et la seule chance de trouver un emploi dans mon domaine eut été de s'installer dans une grande ville. Ce n'était pas le but et je ne regrette pas notre choix.
Conduire un van sur les routes du pays.
Le baptême de la conduite à gauche fait partie des rituels incontournables pour chaque nouvel arrivant. Ce n'est pas tant le fait de conduire à gauche que de se retrouver derrière un volant à droite qui peut surprendre.
Guillaume : Comment s'est déroulée la première journée au volant, avec la conduite à gauche ?
Julien : On avait pratiqué en Irlande quelques mois avant. Je m'en sors bien, mais au début Marine avait tendance à serrer un peu trop la gauche. En ville, c'est plutôt facile car il y a le flot des voitures, les marques au sol. En rase campagne, lorsque l'on se retrouve seul sur la route depuis des heures et que tout d'un coup une voiture surgit en face, il faut quelques secondes pour trouver de quel côté se rabattre...
Guillaume : Pourquoi avoir choisi un van diesel plutôt qu'essence ordinaire pour visiter le pays ?
Marine : À la base nous avons choisi ce van car c'était une bonne opportunité et qu'il est automatique, un plus quand vous venez de France pour la conduite. Ensuite parce que c'est vraiment moins cher à la pompe malgré la taxe diesel ! vous pouvez voir les calculs savants de Julien sur notre blog.
Venir pour les paysages et rester pour les habitants.
Certains lecteurs s'imaginent parfois que l'on exagère le sens de l'hospitalité des Néo-Zélandais pour attirer les touristes. La réputation des Kiwis est-elle justifiée ou s'agit-il d'une légende ?
Guillaume : Comment trouvez-vous les Kiwis dans la vie quotidienne ?
Marine : Nous sommes venus en Nouvelle-Zélande pour sa nature, ses paysages... mais on ne s'attendait pas à vouloir rester pour ses habitants... Ils sont véritablement adorables, en quelques jours on se sent à la maison. La confiance est naturelle chez eux et ils se couperont toujours en quatre pour vous aider.
Guillaume : Pouvez-vous nous donner un exemple qui illustre bien cette gentillesse confirmée par la majorité des voyageurs ?
Marine : Cela faisait à peine 4 jours que je bossais à Tutukaka, un de mes collègues (kiwi) me demande: “vous allez faire quoi avec Julien pour Noël ?” moi: “oula! c'est dans deux mois, je n'en sais rien, on se fera surement un repas tous les deux sur la plage” lui: “ah non, ça c'est impossible, Noël, ça se passe en famille, alors vous venez passer Noël chez moi, on fait des langoustes au BBQ, poisson frais et toutes sortes de viandes” moi: “ah bon, nous ne nous connaissons que depuis quatre jours mais avec plaisir, je ferai une bûche à la française !”.
Julien : Ce sont des gens simples, juste adorables, toujours prêts à vous aider et qui ne polémiquent pas sur la prostate du président par exemple. Ils vivent tout simplement. L'éducation, les médias et les politiques y sont pour beaucoup. En France, aujourd'hui tout tourne autour de la crise et cela pourrit l'atmosphère. Ce pays est un bol d'oxygène.
Marine : Et ce n'est qu'un exemple de leur hospitalité et de leur gentillesse. Nous avons été hébergés deux jours à Auckland, chez les parents d'un ami, qui voulait qu'on reste la semaine. Ce que j'adore chez eux, c'est qu'il n'y a pas de râleur ! ils trouvent toujours le positif dans tout, et une solution à chaque problème... c'est tellement reposant !
Les bons plans de Marine et Julien.
Il ne s'agit bien entendu pas de copier le voyage des uns et des autres. Mais quelques conseils sont toujours bons à prendre, surtout s'ils viennent du terrain.
Guillaume : Avez-vous quelques adresses à conseiller aux lecteurs de Kiwipal ?
Marine : Le camping de Tutukaka, toujours nickel et très bon accueil. De même chez Sandrine (la personne chez qui nous étions logés pendant une semaine), très serviable et qui propose un service de traduction de documents officiels. Voici son site pour ceux que ça intéresse.
Julien : Et bien sûr Dive Tutukaka pour la plongée ou pour une journée croisière aux Poor kinight Islands. La qualité et la gentillesse du Crew sont juste géniales.
Poser ses bagages ou continuer à l'aventure ?
La Nouvelle-Zélande offre une telle sensation de liberté qu'il est souvent très difficile de la quitter en fin de séjour. C'est chose cruelle que de demander à deux Pvtistes comment ils envisagent l'avenir à mi-parcours, mais la curiosité l'emporte.
Guillaume : La question est peut-être un peu prématurée, il vous reste encore six mois de PVT, mais allez-vous rentrer au pays ou envisagez-vous l'expatriation ?
Marine : Bonne question... on ne sait pas vraiment y répondre. Prochaine destination en septembre: Polynésie Francaise, où j'ai trouvé un job en plongée. Ensuite, on se dit que ça serait bête de pas faire l'Australie temps qu'on a encore droit au PVT (dernière année pour Julien)... et après, pas d'idée (ou plutôt trop d'idées!). Cela va dépendre de notre orientation professionnelle, si je veux bosser dans la plongée c'est un peu compliqué en France de trouver plus de six mois par an, à moins d'avoir son propre club, ou à moins que l'on me propose une opportunité... Mais la Nouvelle-Zélande est définitivement dans la liste des endroits potentiels où poser nos valises.
Julien : Ne rien dire sera ma meilleure réponse :-)
Marine : Maintenant pour cet hiver, c'est Julien qui va trouver le job de ses rêves à la montagne, et moi je trouverai un petit boulot à côté.
Guillaume : Un grand merci à tous les deux pour avoir pris le temps de répondre à mes questions alors même que vous êtes sur la route. J'invite d'ailleurs tous les passionnés de Nouvelle-Zélande à découvrir votre blog 1globe2reves qui est une mine d'or. On y trouve le récit détaillé de vos aventures et d'excellents conseils pratiques (choix d'un opérateur téléphonique, du van...). En espérant vos retrouver tous les deux dans six mois pour une nouvelle interview. D'ici là, je vous souhaite bon voyage en Nouvelle-Zélande !