Guide des visites
Ce guide complet vous explique comment visiter le village d'Akaroa, une étape qui figure dans les circuits Kiwipal à personnaliser.
- Votre dernière journée en Nouvelle-Zélande.
- Au coeur de la péninsule de Banks.
- L'ascension jusqu'au sommet !
- La descente jusqu'au port d'Akaora.
- L'histoire des colons français
- Promenade dans les rues d'Akaroa.
- Little Bistro Café et la maison des géants.
- Excursion à la rencontre des dauphins.
- La touche finale d'un séjour en Nouvelle-Zélande.
- Akaroa ou Christchurch ?
Votre dernière journée en Nouvelle-Zélande.
Pour la majorité des voyageurs, la visite de Christchurch marque la fin du séjour au pays des Kiwis. Défigurée par le tremblement de terre de 2011, la plus grande ville de l'île du Sud n'offre plus le même éclat que par le passé. Dans ces conditions, il est légitime de chercher une alternative.
Fondée par des colons français dans la péninsule de Banks il y a pratiquement deux siècles, Akaroa est la plus ancienne ville du Canterbury.
L'unique tentative de colonisation de la Nouvelle-Zélande par la France s'est soldée par un échec, mais elle a laissé des traces que le temps n'a pas réussi à effacer.
La péninsule de Banks comme Akaroa ne sont qu'à une heure de route de Christchurch. Rien ne vous oblige donc à vous morfondre dans un café.
Certes, vous devez disposer d'un minimum de temps libre pour ne pas manquer votre avion.
Une matinée et une partie de l'après-midi devraient suffire pour tirer parti de cette dernière visite.
Il est recommandé de connaître un minimum l'histoire de la région pour apprécier le trajet.
J'aborderai le sujet avant l'arrivée à Akaroa. Vous pouvez garder le sourire, les vacances ne sont pas encore finies !
Au coeur de la péninsule de Banks.
Vue du ciel, la péninsule de Banks dessine un cercle presque parfait au milieu de la côte est de l'île du Sud. Les montagnes hautes de 1500 m qui encerclent la baie sont âgées de onze millions d'années.
Il s'agit en réalité des flancs de deux super volcans surgis du fond de l'océan au cours d'éruptions géantes.
Comme au Milford Sound, les glaciers ont ensuite creusé la roche centimètre par centimètre, et la fin de l'ère glaciaire a permis à la mer de s'engouffrer dans les cratères.
Les guerriers Maoris l'appellent Te Pātaka a Rākaihautu en l'honneur d'un légendaire explorateur. Protégée du vent par son relief, la baie où pousse même des palmiers connaît des étés chauds et des hivers doux.
La pêche mais surtout la chasse favorise l'installation des tribus avant d'engendrer des conflits sanglants quand les moas (ces autruches géantes de 3 m) viennent à manquer. Cette période de tension coïncide avec l'arrivée des premiers explorateurs occidentaux.
Baptisée en l'honneur du botaniste Joseph Banks qui accompagne l'expédition de James Cook en 1769, la péninsule est confondue avec une île, ce qu'elle était en des temps reculés bien avant que les alluvions ne la rattachent à l'île du Sud.
Les cartes ne seront rectifiées que quarante ans plus tard, mais vous en savez suffisamment sur la Péninsule de Banks pour le moment. Je vous en apprendrai davantage lorsque nous arriverons à Akaroa.
L'ascension jusqu'au sommet !
Comptez environ 1h15 pour parcourir les 85 km qui séparent Christchurch d'Akaroa. La plupart des voyageurs ignorent qu'il existe deux itinéraires différents.
L'itinéraire qui traverse Lyttelton Harbour via la SH74 est impraticable en camping-car. Même à bord d'un véhicule léger, le tracé tortueux à flanc de montagne met les nerfs à rude épreuve. C'est sans doute le prix à payer pour jouir des meilleurs points de vue sur la baie.
Pressés par le temps, nous emprunterons toutefois le chemin le plus court. Mais n'ayez pas de regret, l'itinéraire de la SH75 n'en demeure pas moins spectaculaire. Akaroa sera notre terminus et il n'y a aucun risque de s'égarer ou de manquer l'avion en fin de journée.
Peu de temps après le départ, nous allons longer plusieurs lacs.
Il serait tenant de s'arrêter pour admirer les cygnes noirs et les oiseaux aquatiques de Lake Ellesmere. Mais nous avons un emploi du temps chargé, et l'ascension vers Hilltop commence. Le sommet de la crête révèle l'un des plus beaux panoramas de Nouvelle-Zélande.
Les collines vertes couvertes de moutons resplendissent au soleil. Akaroa apparaît au loin.
La fin de l'été verra le paysage se teinter de jaune avant que la neige ne commence à tomber.
Mais l'idéal reste encore de venir au début du printemps, lorsque le sommet des montagnes apparaît comme saupoudré de sucre glace.
Des jumelles payantes permettent de repérer le reste du trajet, mais il vaut mieux dépenser son argent pour prendre un café à la terrasse d'Hilltop Tavern. Ne traînons pas, le panorama sera toujours là quand nous emprunterons le chemin en sens inverse.
La descente jusqu'au port d'Akaora.
Il serait tentant de bifurquer sur Summit Road pour gagner Akaroa en longeant les crêtes de la péninsule. La route conduit à de splendides points de vue, mais peut s'avérer glissante. L'autre chemin plus rapide que nous allons emprunter descend tranquillement jusqu'au port.
Vingt minutes suffisent pour gagner les collines qui servent de refuge aux légendaires Patupaiarehes.
Ces esprits malins ne s'attaquent aux humains que durant les nuits sans lune, et le son d'une flûte dans la brume trahi généralement leur présence.
Nous n'aurons pas le temps de nous arrêter à la fromagerie de Barry's Bay et nous nous contenterons de traverser Duvauchelle.
L'Hôtel des pêcheurs est un ancien débit de boisson rebâti après avoir été incendié durant la prohibition de 1880.
Au terme d'un long séjour en Nouvelle-Zélande, découvrir un drapeau français à l'entrée d'Akaroa procure une certaine émotion. Dalys Wharf, un charmant ponton très photogénique s'avance dans les eaux turquoise de la baie. Avant de partir à la découverte du village, il est temps de vous éclairer sur les raisons qui ont poussé des Français à risquer leurs vies sur les océans pour venir ici.
L'histoire des colons français
En 1836, les Occidentaux n'ont pas encore pris le contrôle de la Nouvelle-Zélande. Les hostilités entre tribus maories ont repris (avec la complicité d'un marin anglais) et la péninsule de Banks est grandement dépeuplée par de sanglantes batailles.
L'aventurier français Jean Langlois profite de l'occasion pour acquérir 12.000 hectares de terrain au nom de la France.
L'affaire est conclue avec les Maoris pour la somme dérisoire de 1000 francs (un hectare de terrain coûtait alors le triple en Europe).
La réputation guerrière des Maoris et les rumeurs de cannibalisme ne permettent pas de recruter des colons sans l'appui du gouvernement.
Quatre années seront nécessaires pour convaincre Louis-Philippe d'accepter le principe d'une mission coloniale.
Lorsque les futurs propriétaires atteignent la Nouvelle-Zélande, le traité de Waitangi vient d'être signé et l'île du Nord est passée sous souveraineté britannique.
Rien n'est perdu concernant l'île du Sud mais il faut se hâter ! Les intentions des Français ayant été percées à jour, toutes les ruses sont bonnes pour ralentir leur progression.
Lorsque les marins français atteignent la péninsule de Banks, le drapeau britannique flotte sur Akaroa depuis plusieurs jours.
La France vient de laisser passer une occasion unique de s'implanter dans le pays. L'occasion ne se représentera plus jamais.
Contraints de débarquer, les colons français “acceptent” de céder leurs terres à la couronne britannique.
Ils seront naturalisés en 1850. Le temps n'a pas effacé tout souvenir de cette aventure, et certains habitants revendiquent encore leurs origines nantaises ou bordelaises.
Promenade dans les rues d'Akaroa.
Akaroa qui signifie “longue baie” en langue maorie est divisée entre le front de mer et l'ancien village. Un passage au centre d'information permet de récupérer une carte ou des noms de rues comme Balgueri, Jolie ou Lavaud témoignent des origines françaises.
Premier constat, les charmantes maisonnettes avec leurs volets à battants sont parfaitement entretenues depuis bientôt deux siècles.
Le plus vieux cottage du Canterbury, bâti en 1841 pour Aimable Langlois (le frère du baleinier qui avait acheté les terres aux Maoris) a même survécu au tremblement de terre de 2011.
Sur la plage qui révèle des roches volcaniques à marée basse, un descendant des premiers colons parade en tenue du 19e siècle et raconte l'histoire de la ville. Vous pouvez passer un instant en sa compagnie ou contempler les photographies des premiers colons dans le minuscule Musée d'Akaroa (réparti sur trois demeures dont l'ancien tribunal).
La visite s'annonçait émouvante, mais le vieux cimetière français a été remplacé par un simple monument.
Une stèle commémorative marque la visite de Michel Rocard en 1990 suite à l'affaire du Rainbow Warrior.
Décorés aux couleurs de la France, les commerces du front de mer proposent des souvenirs qui n'ont pas l'air de provenir d'un atelier en Chine. Quitte à repartir avec des vêtements en laine, autant les acheter ici plutôt qu'à l'aéroport.
Je suggère de pousser la promenade jusqu'à St Patrick, la plus vieille église catholique du pays érigée en 1864. Nous pouvons gravir les pentes du Garden of Tane et profiter du point de vue spectaculaire sur la baie. Il sera ensuite temps de passer à table !
Little Bistro Café et la maison des géants.
Akaroa possède de nombreux établissements pour se restaurer. Je recommande The Little Bistro Cafe pour sa cuisine rustique sans prétention, mais élaborée exclusivement avec des produits frais de la péninsule.
La salle minuscule et les tables collées les unes aux autres laissait pourtant présager du pire. Heureusement, nous ne sommes pas dans un restaurant à touriste comme en atteste la présence d'habitants du village.
Dans l'assiette, une cuisine simple, mais savoureuse et des portions plus que correctes. La serveuse française a le sourire, et les tarifs annoncés ne sont pas excessifs (comptez 30 $ par personne pour un bon repas).
Si vous hésitez entre l'agneau et le saumon, sachez que ce dernier a été pêché dans la baie le jour même et que l'agneau provient d'un élevage de Pigeon Bay à quelques kilomètres. Quant au dessert, il y a des chances pour que ce soit le meilleur de votre séjour...
Sortis de table, il nous reste une petite heure avant le clou du spectacle prévu en début d'après-midi.
Je propose de patienter dans le jardin de Josie Martin : Giant's House est à la fois un Bed | Breakfast et un parc excentrique ou sont exposées des sculptures en mosaïque toutes plus originales les unes que les autres.
L'accès n'est pas très bon marché (25 $ tout de même…) mais je n'ai entendu personne se plaindre de la visite. Surveillez votre montre tout de même pour ne pas manquer la suite du programme, nous avons un bateau à prendre !
Excursion à la rencontre des dauphins.
L'Akaroa Dolphins est le navire qui doit nous conduire à la rencontre des dauphins qui peuplent la baie. Les chances d'observer ces mammifères marins sont de 98 % et l'organisateur rembourse une grande partie du billet si la chance n'est pas au rendez-vous.
Le dauphin d'Hector est le plus petit de son espèce, mais il n'en demeure pas moins fascinant. Pour 145 $ par personne, il est même possible de nager en sa compagnie. Il faudra cependant enfiler une combinaison (l'eau est fraîche dans la baie) et attendre le moment opportun.
La sortie que j'ai réservée permet d'admirer les dauphins sans se baigner.
En contrepartie, nous allons explorer la baie à la recherche des otaries et des manchots. Tout au long du voyage, les commentaires audio sur la formation de la péninsule et le petit chien du bord baptisé capitaine Hector (il a même son gilet de sauvetage) amusent les passagers.
Habituellement, il faut recourir à un sonar sophistiqué pour repérer les dauphins.
L'équipage a cependant choisi de se fier au flair du Capitaine Hector. Et il ne s'agit pas d'une plaisanterie ! Dressé pour réagir à des cris imperceptibles pour une oreille humaine, le chien aboie et indique le cap à suivre pour rejoindre des bancs entiers de dauphins.
Si les cirés sont prévus et qu'il est possible de s'abriter à l'intérieur en cas de mauvais temps, nous pouvons rester sur le pont extérieur la plupart du temps.
Le soleil donne une teinte turquoise à l'eau de la baie, et avec les reflets du soleil et les dauphins qui bondissent de part et d'autre, je pense qu'il sera décidément bien difficile de vous mettre dans l'avion en fin de journée.
Parvenu à Goat Point, le capitaine stoppe les machines pour ne pas effrayer les manchots à ailerons blancs (une espèce endémique).
Le bateau tangue doucement tandis que l'équipage en profite pour offrir des verres de vin et des cookies.
Voilà un bel exemple d'entreprise familiale (je profite de l'occasion pour saluer Craig et Patsy) où le client n'est pas considéré comme un distributeur de billets.
La sortie en mer est d'autant plus appréciable que le nombre de passagers est volontairement limité à une trentaine.
De retour à quai, je vous vois regarder la montre, mais nous avons encore le temps pour une dernière visite-surprise, alors ne traînons pas !
La touche finale d'un séjour en Nouvelle-Zélande.
Notre dernière étape n'est qu'à quelques kilomètres en voiture d'Akaroa. Un trajet suffisant pour me laisser le temps de vous présenter les randonnées les plus remarquables de la région. Libre à vous d'en profiter lors d'un prochain séjour !
Les sentiers qui partent d'Akaroa vous conduisent presque toujours à des points de vue sur la baie. Attendez-vous à grimper, mais le jeu en vaut la chandelle. Le relief volcanique des collines est varié et les intervalles en forêt sont très agréables (surtout en été quand le soleil tape fort).
Les plus courageux d'entre vous peuvent s'inscrire à la randonnée de “Banks Peninsula Track”. Il s'agit d'un sentier privé (et donc payant) qui contourne la baie sur plusieurs dizaines de kilomètres. Selon votre endurance, vous effectuez le parcours entre deux et quatre jours et passez la nuit dans des refuges.
Nettement plus abordable pour un visiteur de passage, “Round the Mountain Walk” est une boucle qui se conclue en quatre heures de marches. Sans doute le meilleur compromis possible, avec ses points de vue spectaculaires répartis sur une dizaine de kilomètres.
Mais si vous êtes pressé par le temps, ou tout simplement trop fatigué en fin de séjour, vous pouvez vous contenter des 2 heures de marche de “Akaroa Historic Walk”. Le sentier traverse une quarantaine de sites historiques, et s'achève au phare d'Akaroa.
Mais en voilà assez sur les randonnées, nous arrivons à destination. Onuku n'est qu'à 5 km d'Akaroa et son nom maori signifie “Aller et venir sans rester longtemps”. Plutôt de circonstance n'est-ce pas ?
L'Église catholique décorée de motifs maoris date de 1876. Vous auriez pu acheter une pierre de jade ou une belle sculpture, mais j'ai toujours considéré que cette dernière étape était parfaite pour achever un voyage en Nouvelle-Zélande.
Akaroa ou Christchurch ?
Il faudra encore plusieurs années pour que Christchurch retrouve de sa superbe. Raison de plus pour ne pas passer à côté d'Akaroa. Idéalement, il faut disposer de deux jours pour explorer la péninsule.
Si vous disposez encore d'un véhicule, mais que les horaires de votre vol tombent dans l'après-midi, ne renoncez pas pour autant. La simple contemplation du panorama depuis Hilltop est envisageable si vous disposez d'un peu plus d'une heure pour effectuer la navette.
En revanche, si vous avez déjà restitué votre véhicule, il reste la possibilité d'effectuer le trajet en bus. Les navettes sont assez limitées et vous devrez repartir quoi qu'il advienne en milieu d'après-midi. Il faudra alors choisir entre une promenade en ville et l'excursion en mer.
Selon que vous visiterez Akaroa en hiver ou en été, vous serez seul ou entouré par une foule d'autant plus considérable que de nombreux Néo-Zélandais possèdent une maison de vacances dans la région. De quelques centaines, la population locale grimpe à plus de 6500 habitants au retour des beaux jours.
La French Fest annuelle et sa course d'escargot font le bonheur des vacanciers en octobre.
Mais cette “tradition” ne remonte pas au temps des colons, et l'heureux vainqueur de la course n'est pas le seul épargné comme on le prétend.
C'est pourquoi l'on me demande souvent si Akaroa n'entretient pas un certain folklore à des fins commerciales. Car il faut bien admettre que certaines rues ont retrouvé leurs noms français d'origine comme par magie dans les années 1980.
Ce sont en réalité des détails sans importances : les maisons sont authentiques, tout comme l'histoire de la ville et des premiers colons. Les décorations “francophones” sont élégantes et ne cèdent jamais au tape-à-l'oeil vulgaire. Le village est tout simplement ravissant et l'accueil éminemment sympathique !
Au niveau des activités, c'est un sans faute ! Je considère d'ailleurs qu'il vaut mieux favoriser Akaroa à la Baie des Îles ou à Kaikourapour admirer des dauphins. En admettant que votre visite dans la région soit la dernière de votre séjour, vous ne pouvez pas rêver mieux.
Il n'y a donc pas lieu de se poser la question : privilégiez Akaroa à Christchurch sauf si le mauvais temps ou votre emploi du temps vous l'interdisent.
Vous avez peut-être besoin d'un coup de main pour organiser votre visite de la péninsule ? Notre ami Ben le Kiwi est là pour répondre à toutes vos questions. Et n'oubliez pas que nous serons heureux de recevoir des photos de votre séjour à Akaroa.