Guide des visites
Ce guide complet vous explique comment tirer le meilleur parti de Waipoua Forest, une étape qui figure dans nos circuits Kiwipal à personnaliser.
La forêt des immortels
Située entre les villages de Dargaville et Omapere, la forêt de Waipoua appartient au Northland, une région à la pointe nord de la Nouvelle-Zélande, surtout connue pour ses paysages de collines vertes éclatantes ou les plages paradisiaques de la baie des îles.
Cette forêt sauvage qui longe la côte ouest de l'île du Nord est sacrée dans la tradition maorie.
Dans la langue des premiers habitants d'Aotearoa, Waipoua se décompose en « Wai-Po-Ua », autrement dit « l'eau, la nuit et la pluie ».
On y trouve les derniers arbres kauris encore en vie, dont les deux plus anciens sont âgés de plusieurs milliers d'années !
Jadis convoités tant pour leur résine que pour leur bois précieux, ces arbres extraordinaires ont été victimes de l'industrialisation des siècles passés.
Chaque année, ce sont près de 200.000 voyageurs en provenance d'Auckland comme de Whangarei qui viennent contempler les vénérables Tāne Mahuta et Te Matua Ngahere.
Une forme de pèlerinage tant il est rare que des foules se pressent pour contempler des arbres, si beaux soient-ils.
Waipoua Forest est une simple étape sur la route qui mène au Cap Reinga, autre lieu hautement symbolique dans la culture maorie. La visite sera brève, mais le Waipoua Forest Visitor Centre vous en apprendra davantage si vous êtes prêt à faire un léger détour.
Sinon, il suffit de lire ce guide qui vous expliquera l'essentiel et vous emmènera à la découverte des divinités de la forêt, et il y a fort à parier que vous ne serez plus vraiment la même personne après avoir vécu cette expérience.
Les arbres kauris
Nous pouvons remonter le temps jusqu'en 1876 lorsque les colons anglais achètent la forêt de Waipoua à la tribu Te Roroa pour une somme ridicule de 2000 £ qui laisse planer des soupçons de duperie.
À cette époque, la forêt occupe près de 80 km2 et compte d'innombrables arbres kauris qui avoisinent les 50 mètres de haut (l'équivalent d'un immeuble de 15 étages) avec une circonférence incroyable qui dépasse la dizaine de mètres !
Les colons occidentaux ont alors un besoin vital en bois pour construire des maisons, remplacer les mats des navires ou fabriquer du vernis avec la résine que sécrète le kauri.
Le caractère sacré des kauris pour les Maoris importe peu et l'abatage commence sans tarder. Un désastre écologique à peine freiné en 1913 lorsque les premières oppositions commencent péniblement à émerger.
Débités en planches, bon nombre de ces arbres immortels sont expédiés à San Francisco pour rebâtir la ville après le grand incendie de 1851.
Il faudra attendre une pétition de 43.000 signatures menée par le zoologiste William Roy McGregor en 1952 pour que Waipoua se voie accorder enfin le statut supposé protecteur de parc National.
Même ainsi, l'abatage poursuivi discrètement ne prendra fin qu'en 1972 lorsque la conscience écologiste des Néo-Zélandais l'emportera sur les intérêts mercantiles.
Hélas, l'exploitation forcenée des forêts aura pratiquement éradiqué les kauris de Nouvelle-Zélande, et l'on estime que 96% de ces arbres extraordinaires ont disparu depuis l'arrivée des colons britanniques.
À présent, la Waipoua Forest regroupe à elle seule les 3/4 des derniers kauris survivants sur un domaine qui s'est encore réduit en 2007 après un feu de forêt maîtrisé de justesse.
Restituée à la tribu Te Roroa, la forêt est désormais surveillée par des bénévoles qui assurent un travail remarquable, mais doivent désormais faire face à une nouvelle menace.
Depuis quelques décennies, le champignon « phytophthora taxon agathis » s'attaque aux arbres kauris. La maladie qu'il engendre et que l'on appelle le « Kauri Dieback » pénètre par les racines fragiles et poreuses de l'arbre et le condamne à une mort certaine.
Aucun remède au Kauri Dieback n'a été trouvé à ce jour.
En l'absence de tout traitement efficace, les conservateurs n'ont pas ménagé leurs efforts pour mettre à l'abri les derniers kauris sans pour autant éloigner totalement les visiteurs.
Vous pourrez donc rendre hommage aux grands anciens de la forêt, en prenant toutefois certaines précautions.
Les sentiers de randonnée
Oubliez les plages paradisiaques et les charmants villages, car la côte ouest du Northland regorge de forêts sauvages et ne compte que des bourgades traversées par la State Highway 12.
Un itinéraire sinueux qui exige une concentration de chaque instant avec de nombreux angles morts et des virages en épingle. Et c'est au bord de cette route difficile, mais superbe qui traverse la Waipoua Forest que se trouvent les aires de stationnement d'où partent une dizaine de sentiers de randonnées.
Nous n'allons pas passer en revue toutes ces pistes, mais nous concentrer sur les deux majeures qui permettent de découvrir les arbres kauris les plus célèbres de Nouvelle-Zélande.
Les vénérables Tāne Mahuta et Te Matua Ngahere sont des arbres gigantesques qui ont poussé durant des millénaires pour gagner la lumière en surpassant toute la végétation alentour.
Menacés d'extinction, leur accès demeure autorisé, mais vous devrez laver vos chaussures de randonnée en franchissant des portiques imposants spécialement installés pour l'occasion.
Te Matua Ngahere, le père de la forêt
Voilà la première escale sur la State Highway 12 qui traverse le Northland avec un minuscule parking payant (2 $) d'où partent plusieurs randonnées.
Le traditionnel panneau vert en lettre jaune du Département de la Conservation annonce trois pistes dont la « Te Matua Ngahere Walk » qui nous intéresse.
Le sentier n'effectue pas une boucle et exige environ 45 min de marche pour réaliser le trajet aller-retour sur quatre kilomètres.
Un détour rapide d'une minute à 500 m au début du parcours permet de rejoindre les « Four Sisters » qui sont quatre jeunes kauris de cinq siècles issus d'une même souche et qui poussent côte à côte.
L'accès aux Four Sisters est actuellement fermé pour contrer la progression du kauri dieback. Cette page sera mise à jour lorsque le sentier sera de nouveau accessible au public.
C'est un circuit sans dénivelé à la portée de tous et qui comprend des sections sur planches pour limiter l'impact écologique d'un nombre croissant de visiteurs.
Te Matua Ngahere est surnommé « le père de la forêt » et s'il n'est pas le plus haut spécimen restant, il est indéniablement le plus ancien.
D'une trentaine de mètres avec une circonférence de 16m, le Te Matua Ngahere est un colosse vraisemblablement âgé de 3000 ans, même si certains experts s'accordent à lui en accorder mille de plus !
Autrement dit, vous voilà en présence d'un arbre qui poussait au temps des pharaons et célébrait déjà ses 1600 ans quand Alexandre le Grand partait conquérir la Perse !
Il y a de quoi donner le vertige et la plupart des visiteurs observent le silence en présence de ce marqueur du temps qui est bien vivant contrairement aux pyramides d'Égypte.
Randonnée | Te Matua Ngahere Walk |
Difficulté | Facile |
Distance | 4 km a/r |
Durée | 45 min |
Parking | Google Maps |
Tarif | Gratuit |
Ouverture | Tous les jours |
Horaire | De 08:30 à 17:30 |
Tāne Mahuta, le seigneur de la forêt
À peine un kilomètre plus au nord, toujours en remontant la State Highway 12, se trouve un petit parking qui précède le sentier qui mène à Tāne Mahuta.
Une aire de pique-nique avec toilettes se trouve de l'autre côté de la route.
On pouvait s'attendre à marcher des heures sous les feuillages, mais deux minutes suffisent pour franchir les 200 mètres qui séparent le parking du grand « Seigneur de la forêt ».
Le parcours qui se déroule entièrement sur des pilotis avec des barrières pour empêcher toute excursion en dehors du sentier.
Une mesure qui vise à protéger les arbres de la maladie qui les ronge, et qui a déjà fait ses preuves près de Piha avec la randonnée aux Kitekite Falls où se trouvent également quelques kauris.
Sans prévenir, au milieu des arbres à fougères, le Tāne Mahuta se révèle dans toute sa splendeur, et du haut de ses 50 mètres, ce sont deux millénaires qui contemplent le visiteur.
Né peu avant l'arrivée de Jésus sur Terre, ce kauri a grandi au fil des siècles et comptait déjà 1300 ans quand les premiers explorateurs polynésiens découvraient cette terre qu'ils appelaient Aoteraroa et que les Occidentaux renommeront en Nouvelle-Zélande.
Dans la cosmologie maorie, Tane est le fils de Ranginui, c'est-à-dire le ciel qui fait office de père, et de Papatuanuku la terre qui rempli le rôle de mère.
Tāne Mahuta assure la liaison spirituelle entre le ciel et la terre. Pour les Maoris, il apporte aussi bien la lumière que l'espace et l'air, délivrant ainsi la vie au monde entier.
Chacun se fera son opinion, mais songez simplement au nombre d'oiseaux et d'insectes qui ont peuplé ses branches depuis deux millénaires, dont le kōkako une espèce endémique magnifique, mais hélas pratiquement éteinte à ce jour.
Nul besoin d'être mystique pour sentir le poids du temps et le caractère presque éternel de cet arbre qui aurait sa place dans le jardin d’Eden.
Randonnée | Tāne Mahuta Walk |
Difficulté | Facile |
Distance | 200 m a/r |
Durée | 5 min |
Parking | Google Maps |
Tarif | Gratuit |
Ouverture | Tous les jours |
Horaire | De 09:00 à 17:00 |
Notre avis sur Waipoua Forest
Certains s'étonneront que l'on puisse s'extasier de la sorte, mais les kauris ne sont pas des arbres ordinaires. Sans tomber dans le mysticisme ou une forme d'écologisme désuet digne du film Avatar, comment ne pas se s'émerveiller devant des arbres qui poussaient à l'âge de bronze et remontent à la nuit des temps.
Et pour photographier ces géants qui ont vu défiler plus d'une centaine de générations, il faut disposer d'un grand-angle pour arriver à les faire tenir dans le cadre tant ils s'élèvent au-dessus de tous les autres !
Néanmoins, malgré son caractère unique, Waipoua Forest demeure une simple escale que le voyageur pressé réalise entre Auckland et la Baie des îles.
Le temps consacré pour visiter les kauris excède rarement deux heures et seule une minorité de voyageurs passe la nuit à proximité en espérant voir la mascotte du pays dans son environnement naturel.
Car si les célèbres oiseaux kiwis vivent bel et bien dans la forêt de Waipoua, ils ne sortent que la nuit contrairement à leurs cousins de Stewart Island (la troisième grande île de Nouvelle-Zélande).
Et si l'on entend souvent le râle des kiwis qui résonne dans la forêt lorsque le soleil se couche, on ne les distingue pour ainsi dire jamais.
En revanche, les sorties nocturnes avec « Footprints in Waipoua » justifient la réservation d'un bed and breakfast ou une conduite à la lueur des phares.
Ce tour opérateur organise des visites guidées exceptionnelles dans la forêt au crépuscule. Une expérience qui s'adresse surtout aux voyageurs décus par le caractère folklorique des spectacles dits « culturels » de Rotorua et qui souhaitent pourtant découvrir une culture maorie authentique.
Activité | Footprints in Waipoua |
Durée | 4 h |
Réservation | Google Maps |
Adresse | 334 State Highway 12, Omapere |
Tarif adulte | 105 $ |
Tarif enfant | 45 $ |
Tarif étudiant | 55 $ |
En guidant les participants lors d'un parcours en forêt sous les étoiles, un guide maori passionnant évoque les légendes et perpétue la transmission des coutumes ancestrales.
L'expérience permet de mesurer à quel point la tradition maorie s'accorde avec la nature avec un profond respect de chaque élément qui la compose, à commencer par les arbres kauris.
Une sortie que Kiwipal recommande pour approfondir une culture aussi riche, tout en sachant qu'avec ou sans guide, nul ne quittera la forêt de Waipoua sans émotion.
De retour au pays, chaque voyageur pourra même s'il le souhaite participer au renouveau de la nature en aidant les Néo-Zélandais à planter des arbres pour régénérer leurs forêts.