Guide de la visite
Une journée à White Island.
White Island se trouve au large de l'île du Nord, dans la baie de l'abondance.
La légende raconte que le grand prêtre maori Ngātoro-i-rangi s'était égaré sur le mont Tongariro. Il invoqua le feu sacré des ancêtres pour éviter de mourir de froid. En chemin les flammes ont percé l'écorce terrestre et donné naissance à White Island dans la Bay of Plenty, au Nord de la Nouvelle-Zélande.
En général les volcans ne se visitent pas, surtout quand ils sont considérés comme en activité. Réservés à des scientifiques téméraires ils sont interdits au grand public.
Le volcan Taranaki près de New Plymouth est une exception, mais il entre plutôt dans la catégorie des candidats au réveil.
White Island est située au large des côtes de Whakatane. La partie émergée appartient à une montagne sous marine de 1600 mètres de haut et répartie sur 16 kilomètres !
Les maoris expliquent sa formation par une légende que je vous raconte dans mon article consacré au Tongariro Crossing. Le cratère est au niveau de la mer, ce qui en fait le volcan le plus accessible au monde. Des guides professionnels encadrent les excursions avec beaucoup de précautions.
L'originalité du volcan de White Island est de présenter un cratère ouvert au niveau de la mer. Ce qui en fait le volcan le plus facile à visiter au monde puisque l'on peut l'explorer sans devoir l'escalader au préalable.
Lors de mon dernier voyage j'ai décidé de tenter l'aventure avec quelques amis. La veille au soir nous avions discuté entre nous pour savoir s'il était raisonnable de visiter un volcan.
Tout compte fait, certains ont préféré s'abstenir. Et pourtant ! S'il y avait bien une journée à ne pas manquer, c'était celle-là !
IMPORTANT : Depuis l'éruption du 9 décembre 2019, les visites de White Island sont suspendues et il n'est pas encore possible d'indiquer si elles reprendront un jour. Ce guide pratique correspond à l'activité telle qu'elle se déroulait auparavant.
La traversée en bateau avec les dauphins.
Rendez-vous au iCenter de Whakatane pour réserver votre excursion à White Island. Vous pouvez aussi effectuer la démarche par Internet.© data-copyright="© itravelnz™
Nous voici un groupe d'environ trente personnes à bord du Pee Jay V de l'organisateur White Island Tour. Le ciel est dégagé et nous fonçons vers White Island.
La mer est agitée et nous secoue un peu. D'expérience, je sais que pour limiter le mal de mer il vaut mieux se tenir à l'arrière du bateau pendant le voyage. Le personnel est aux petits soins avec les passagers.
Les dauphins sont nombreux dans la baie de l'abondance. Les chances des apercevoir durant le trajet sont élevés.
Est-ce que vous avez déjà observé un banc de dauphins ? Impossible de les compter avec certitude, mais je dirais qu'ils étaient bien quarante à faire la course avec nous. Certains plus audacieux que d'autres précèdent le bateau de quelques encablures. Quelle vitesse et quelle énergie !
Le panache blanc qui se dégage au-dessus de White Island n'annonce pas une éruption. Il s'agit des vapeurs qui s'élèvent du lac central.
Du coup les passagers qui avaient le mal de mer retrouvent le sourire. Plus personne ne pense au volcan qui se rapproche lentement. Un panache blanc s'élève du cratère et nous rappelle tout à coup sa présence.
Une seule compagnie est autorisée à se rendre sur l'île. Le Pee Jay V garde ses distances avec le volcan et il faudra débarquer en zodiac.
Il ne s'agit pas du signe annonciateur d'une éruption. C'est tout simplement de la vapeur d'eau. Je suis un peu rassuré, mais je commence à me demander si j'ai bien fait de m'embarquer dans une aventure pareille.
Les navires n'accostent pas au ponton. Il faudra achever le voyage à bord d'un zodiac.
La nuit passée, j'ai déroulé dans ma tête tous les scénarios catastrophes dignes des plus grands blockbusters. Mais ce n'est plus le moment de reculer. La traversée s'achève (1h30 tout de même) et le bateau vient s'amarrer à une bouée. Il reste pourtant quelques centaines de mètres avant d'atteindre le rivage (on ne construit pas un port sur un volcan en activité).
Le soufre qui se déverse du volcan de White Island colore la mer en jaune.
C'est dans un canot pneumatique que s'achève la traversée. On sent que l'équipage est rodé à la manoeuvre. On me fait remarquer que l'eau est passée du bleu au vert. C'est à cause du souffre jaune qui s'écoule des sources bouillonnantes du volcan. Je commence à m'impatienter mais mon tour de débarquer arrive enfin.
La visite guidée sur le volcan.
Je pose le pied sur un volcan pour la première fois de ma vie. Mais nous n'irons pas plus loin pour l'instant. Il faut d'abord s'équiper et prendre connaissance des consignes de sécurité.
Deux groupes de vingt sont formés. Chaque explorateur se voit remettre un casque de couleur jaune.
J'avais bien observé les indications données la veille : porter de préférence un jean et des chaussures fermées étanches.
Je n'avais pas prévu qu'il faudrait porter un masque à gaz (il ne servira qu'à certaines occasions).
Les visiteurs portent un casque jaune. Ils sont encadrés par deux guides avec un casque rouge pour que l'on puisse facilement les identifier.© data-copyright="© rengber
L'ambiance est bonne dans le groupe et tout le monde se prend en photo avec son masque. Nos deux guides portent des casques rouges pour qu'on les distingue plus facilement des autres.
Il faut rester sur la piste durant la visite. Certaines fumerolles dégagent des gaz brulants à 800 °C !© data-copyright="© nzgabriel
La consigne qui impose de rester dans le chemin balisé est presque superflue. Personne n'ira pratiquer le hors piste dans un environnement aussi hostile.
Il est vrai qu'en Nouvelle-Zélande la population a tendance à favoriser l'autonomie. Mais sur White Island, il faut écouter attentivement le guide.
Un masque à gaz est distribué à tous les participants. Vous pouvez le porter pour le confort (si vous êtes asthmatique par exemple) ou quand le guide l'exige. Il est indispensable au niveau du lac central.© data-copyright="© rengber
Comment décrire un tel spectacle ? Le paysage est tellement éloigné de tout ce que j'ai pu voir dans ma vie !
Vous aurez comme moi l'impression d'explorer une autre planète.
Le volcan offre un contraste saisissant avec les teintes que nous sommes habitués d'observer dans la nature.
Les versants du cratère sont à pic et grimpent à 300 mètres. Au loin, on aperçoit de minuscules points jaunes en mouvement : c'est l'autre groupe qui a pris de l'avance. Le cratère fait deux km de diamètre. Je réalise avec stupeur à quel point il est immense.
Aucune sorte de végétation ne peut survivre à la surface du volcan. On se croirait sur une autre planète du système solaire.© data-copyright="© rengber
Le sol est blanc, constellé de roches jaunes. Des mares de boues en ébullition côtoient des cheminées qui crachent des gaz brûlants. La température de certaines fumerolles avoisine les 800 degrés !
Avec des fumerolles à 800 °C, vous devez suivre les indications du guide à la lettre. Il n'y a pas la place ici pour le hors-piste ou la curiosité.
Quand la roche n'est pas blanche ou jaune, elle est carrément rouge. Un contraste saisissant quand on pense à la Nouvelle-Zélande où la verdure est omniprésente.
Exploration du cratère !
Le volcan en activité gronde et siffle constamment. Rassurez-vous, son degré d'activité est constamment mesuré par les volcanologues.© data-copyright="© rengber
Nous circulons en contournant des rochers de plusieurs mètres. J'ai un frisson dans le dos quand l'un des guides nous explique que ce sont des pierres projetées par la dernière éruption. Il y a de quoi écraser une voiture.
Et quel vacarme ! la terre gronde, grince, respire. Une puissante odeur de souffre flotte dans l'air. On approche du lac principal au centre du cratère.
Le cratère central est au programme de la visite. Il possède un lac brulant que l'on approche avec prudence.© data-copyright="© rengber
J'ajuste mon masque à gaz. Une brume blanche recouvre une eau turquoise acide. Elle est à 66° C ! La dernière éruption en l'an 2000 a formé ce lac en moins de cinq heures. Un spectacle qui laisse rêveur.
L'eau du lac central est hautement acide et toxique. Elle approche les 66 °C et la vapeur qui s'en dégage impose de porter un masque à gaz.
Visiblement embarrassé par le port du masque, quelqu'un a pris la liberté de l'enlever. Il en sera quitte pour avoir les yeux qui pleurent et pour tousser une bonne partie de la journée. Raison de plus pour suivre les consignes à la lettre surtout si on a de l'asthme.
Le masque à gaz n'est pas toujours nécessaire, mais il est indispensable près du cratère central ou se trouve le lac toxique.© data-copyright="© nzgabriel
Voilà pratiquement une heure que j'ai l'impression d'être un cosmonaute et de voyager dans l'espace. Je commence à m'habituer petit à petit à cet univers étrange sans aucune végétation. Qui pourrait survivre dans un tel enfer ? Et pourtant l'île a bien été habitée autrefois. Où sont passés les habitants ?
Découverte de l'usine abandonnée.
White Island a été découverte par les Maoris qui utilisaient déjà le soufre comme engrais. L'île a changée de propriétaire à plusieurs reprises.
On a parlé d'expropriation menée par les Occidentaux, mais une histoire de troc contre deux barils de rhum circule toujours. Les nouveaux propriétaires ont fait construire une usine pour exploiter les ressources du volcan. Une erreur qui va se payer très cher.
Observez les dernières pièces de métal qui ont survécu dans l'usine. Vous comprendrez à quel point l'air est acide.
En 1914 un glissement de terrain coûtera la vie à tous les ouvriers. On n'a d'ailleurs jamais retrouvé les corps de ces malheureux.
Et compte tenu de l'acidité exceptionnelle du sol vous avez peu de chance de tomber nez à nez avec un squelette.
Il n'y a eu qu'un seul survivant : Le chat du camp a réussi à se glisser entre les décombres.
L'usine d'exploitation du soufre est en ruine et disparait peut à peu rongée par la corrosion. Certains diront qu'elle est lentement digérée par le volcan.© data-copyright="© rengber
Les ruines de l'usine se visitent et elles sont sinistres. Les engrenages de 3 mètres qui servaient à écraser le soufre ont survécu mais à quel prix. Ils apparaissent rongés par la corrosion. Plus qu'un témoignage de la tragédie c'est un avertissement. Il faut croire qu'il aura été entendu.
Un glissement de terrain a couté la vie à tous les employés de l'usine. Seul le chat du camp a survécu (ou perdu une de ses neuf vies).
A première vue, acheter un volcan ne constitue pas une bonne affaire. Le nouveau propriétaire George Raymond Buttle préférera en faire une réserve naturelle. Vite transformée en activité touristique, l'affaire s'avère rentable. Mais il n'y a pas que les touristes qui vont et viennent sur les flancs du volcan.
La colonie d'oiseaux sauvages.
On pourrait croire White Island dépourvue de toute vie animale, mais il n'en est rien. Une colonie de mutton birds a élu domicile sur les flancs du volcan. Les Maoris les chassaient déjà quand ils venaient s'approvisionner en soufre sur l'île.
Je pensais qu'aucune espèce ne pouvait habiter ici. Je me trompais. Des d'oiseaux ont élu domicile sur le versant le plus abrité. Ils ne semblent pas gênés par les cendres ou par l'odeur de soufre.
Les eaux voisines sont riches en poissons et cette colonie de mutton birds compte déjà plus 3000 résidents permanents.
L'espèce est aujourd'hui protégée. Les maoris avaient coutume d'attraper les plus jeunes oiseaux qui ne savaient pas encore voler. Et pour les cuisiner, rien de plus simple !
Il suffisait de les faire cuire en les plongeant dans une source bouillonnante. Je n'ose pas imaginer quel goût cela pouvait avoir.
C'est l'acidité exceptionnelle dégagée par les fumerolles qui explique la couleur rouge de la roche.© data-copyright="© rengber
Juste avant de partir je remarque un objet collé sur un rocher. Un jouet oublié par un enfant il y a de nombreuses années semble narguer le volcan. L'acidité de l'air aurait du faire disparaître ce dinosaure en plastique depuis longtemps. Mais il survit comme par miracle, sans doute parce qu'il contient de la porcelaine (elle résiste à la corrosion).
Vous devez porter des chaussures de marche pour visiter le volcan. Vous les trouverez couvertes de cendre à la fin de la visite.© data-copyright="© rengber
L'aventure touche à sa fin. Je nettoie mes chaussures qui sont couvertes de cendres. Je n'avais pas prévu d'emporter un maillot de bain et j'ai eu tort. Certains visiteurs sont équipés et vont faire de la plongée. Les paysages sous marins de White Island sont réputés magnifiques. Hélas je me contenterai de manger un morceau en attendant le départ.
En plus de la visite du volcan, il est possible de s'inscrire à de la plongée sous-marine. Le zodiac viendra vous récupérer ensuite.
De retour à bord, on triera les photos plus tard. Je n'ai qu'une envie, c'est de revoir les dauphins.
Sur le trajet du retour deux baleines font leur apparition à quelques encablures.
Le commandant arrête le bateau pour qu'on puisse s'extasier devant le plus gros mammifère marin du monde. Décidément j'ai l'impression d'avoir rêvé tout au long du voyage.
Notre avis sur l'excursion à White Island.
La Nouvelle-Zélande se trouve à la fin de la ceinture de feu du Pacifique. Ce qui explique la présence de volcans en activité sur l'île du Nord, ou au large comme à White Island dans la baie de l'abondance.
J'ai donc visité un volcan et pas n'importe lequel ! Le seul volcan sous marin en activité de Nouvelle-Zélande. La nature a plus d'un visage et celui-ci de White Island est à la fois inquiétant et fascinant. Cette visite m'a aidé à comprendre la passion qui anime les vulcanologues.
Le volcan n'a pas choisi le jour de ma visite pour se mettre en colère... Pour autant il ne faut pas banaliser une telle expérience !
Si Le professionnalisme des guides néo-zélandais est remarquable, il n'en demeure pas moins que visiter un volcan comporte des risques.
Même si le volcan est surveillé en permanence, le risque zéro n'existe pas et une éruption est toujours possible.
Si vous êtes sujet au mal de mer, vous pouvez visiter le volcan en hélicoptère. Bien entendu, ce mode de transport est plus cher, mais il est spectaculaire.
Je dois admettre que je suis très fier d'avoir réalisé cette excursion.
Ceux qui ont renoncé la veille peuvent se consoler en se promettant de tenter l'aventure en hélicoptère. On décolle en général de Rotorua pour survoler l'île avant de se poser dans le cratère pour la visite. Du ciel on distingue mieux les coulées de soufre qui se déversent dans l'océan.
Rares sont les volcans en activité qui se visitent. Celui de White Island possède un cratère au niveau de la mer, ce qui le rend accessible sans ascension.
Mine de rien l'expédition a duré près de six heures. Mais ce n'est pas le moment d'être fatigué.
Oamaru Beach, une des plus belles plages de Nouvelle-Zélande est à seulement 7 km et l'on peut parfois nager avec des dauphins d'Hector et croiser des manchots.
Si comme moi vous avez visité à White Island et si vous avez pris des photos, n'hésitez pas à nous les partager.