Interview
Voici une interview exclusive de Lucie qui a visité la Nouvelle-Zélande avec un Visa Vacances Travail et partage ses expériences.
Voyager avec l'esprit ouvert sur le monde.
Lucie est rédactrice pour le webzine Mondalu, et l'idée de cette interview m'est venue à la lecture de son reportage sur Napier que nous avons également traité sur Kiwipal. Lucie avait abordé la ville avec un regard neuf, sans se laisser influencer et c'est précisément ce qui m'a donné envie d'en savoir plus sur son voyage.
Guillaume : L'exercice n'est pas des plus simples, mais comment te présentes-tu en tant que voyageuse ?
Lucie : Je me définirais comme caméléon. J'aime me fondre dans mon nouvel environnement pour l'altérer le moins possible et y puiser toute sa singularité. J'apprécie la rencontre avec les locaux, et l'alternance entre le côté culture et la nature tout en restant ouverte d'esprit à tout ce que peut m'offrir un pays.
Guillaume : Comment conçois-tu le voyage ?
Lucie : Je pars du principe que voyager reste un échange, et qu'il est bon de savoir partager sa propre culture avec les personnes que l'on croise. Il n'est pas évident de définir un style de voyage. J'essaye de rester moi-même avant tout, tout en restant ouverte et en acceptant de grandir avec le lieu que je côtoie.
Guillaume : J'imagine que cet engagement ne va pas sans un minimum de courage. Est-ce que le fait de voyager seule en Nouvelle-Zélande peut poser un problème pour une jeune femme ?
Lucie : Eh bien pas du tout. C'est un pays rassurant où l'on se sent bien. C'est la première fois que je voyage en stop, et je n'ai vraiment eu aucun problème. Cela ne veut pas dire non plus qu'il faille y aller les yeux fermés... Il faut rester un minimum sur ses gardes, suivre ses intuitions et apprécier tout ce que ce pays peut offrir.
Premiers pas en Nouvelle-Zélande.
L'arrivée en Nouvelle-Zélande est toujours suivie de plusieurs semaines intenses où il faut souvent se jeter à l'eau. Heureusement, le dépaysement joue aussi comme un facteur positif qui motive et donne envie d'aller de l'avant.
Guillaume : Depuis quand rêvais-tu de visiter la Nouvelle-Zélande ?
Lucie : Cela faisait plus de 6 ans que je rêvais de venir vivre ici. Après mon année au Canada, je n'avais qu'une envie : repartir le plus loin possible pour apprivoiser une nouvelle culture, en apprendre toujours plus sur moi et sur les autres et en profiter pour explorer le côté nature de ce beau pays. Si vous lisez ces lignes, n'attendez pas aussi longtemps que moi pour (re)partir !
Guillaume : Comment s'est déroulé le début du séjour quand il faut empiler les formalités en tout genre ?
Lucie : Ma première semaine s'est bien déroulée. Je n'avais rien planifié, je savais juste que j'atterrissais à Auckland et que Luke (mon hôte couchsurfer) viendrait me chercher à l'aéroport. Je suis tombée sur une personne en or qui m'a fait découvrir sa ville, m'a ouvert les portes de sa maison de vacances au cœur de Coromandel, tout en se montrant patient et compréhensif avec mon niveau d'anglais.
Guillaume : Le principe de débuter en couchsurfing était une idée géniale, c'est pratiquement une solution parfaite que je compte bien recommander à l'avenir...
Lucie : Oui, mais chaque jour était différent et j'en ai presque oublié de demander mon numéro IRD et d'ouvrir un compte en banque, pourtant le passage obligé de chaque voyageur en Programme Vacances Travail... finalement ce pourquoi j'avais décidé de passer quelques jours à Auckland.
Se loger et se déplacer dans le pays.
Ce n'est pas une surprise : séjourner une année entière ne permet pas de se loger dans des hôtels de luxe. De toute manière, ce n'est pas l'esprit qui anime Lucie qui souhaite rencontrer du monde, mais aussi conserver une forme d'indépendance.
Guillaume : Pourquoi avoir opté pour le couchsurfing comme solution d'hébergement ?
Lucie : J'ai choisi le couchsurfing pour son côté “rencontre avec les locaux”. J'avais très peu pratiqué en Europe, et la Nouvelle-Zélande offrait l'opportunité de retenter l'expérience. Chaque hôte est différent et vivre chez quelqu'un que tu viens à peine de rencontrer est une chose assez folle, qui te pousse à t'adapter, à rester humble et à échanger. C'est une expérience formidable qui t'amène à sortir de ton quotidien pour rencontrer des gens généralement cools et ouverts d'esprits.
Guillaume : Selon mon expérience, les rencontres demandent aussi beaucoup d'énergie, et l'on éprouve parfois un besoin de solitude, ne serait-ce que pour faire le point sur son voyage...
Lucie : Quand j'ai envie d'être un peu plus seule et tranquille, j'opte pour les backpackers. Il n'y a aucun compte à rendre et l'on n'est pas obligé d'aborder les gens autour de soi. Même si cela reste aussi le bon endroit pour rencontrer d'autres voyageurs, souvent européens, qui ont partagé les mêmes expériences. C'est assez déroutant mais si l'on cherche des compagnons de route, alors c'est une bonne option.
Guillaume : Quel moyen de transport as-tu choisi pour explorer le pays sans te ruiner ?
Lucie : Pour un côté financier et l'envie d'aller à la rencontre de nouvelles personnes, je n'ai pas choisi d'acheter un van ou une voiture. Le pouce était l'option initiale. J'ai commencé à visiter l'île du Nord avec des compagnons de voyage motorisés, puis j'ai effectué mes trajets en bus avant de définitivement opter pour le stop dans l'île du Sud. C'est le meilleur moyen de rencontrer des locaux et fuir sa zone de confort !
Une randonnée au sommet du Tongariro.
Partir sur les routes en sachant que l'on a une année entière devant soi est une expérience unique que peu de gens ont la chance de vivre. C'est l'occasion de se lancer dans de grandes randonnées comme le Tongariro Crossing.
Guillaume : Je me demande parfois si l'on peut parler de vacances au sujet du Tongariro Alpine Crossing ? La randonnée est spectaculaire, mais assez physique. Comment s'est déroulée ta traversée ?
Lucie : Le Tongariro Alpine Crossing est la randonnée dont tout le monde parle. C'est l'une des premières images qui me venait à l'esprit lorsqu'on évoquait la Nouvelle-Zélande. Ses lacs émeraude, son cratère rouge, la référence au “Mordor” du Seigneur des Anneaux... C'est surement la randonnée d'une journée la plus réputée du pays. Il ne fallait donc pas que je manque ça !
Guillaume : Comment vous êtes-vous organisés pour le trek ?
Lucie : Avec un ami, nous avions réservé un bus qui nous mènerait de Taupo au départ de la randonnée, la veille. Après une courte nuit, nous avons profité de l'heure de route pour faire un somme. Au début du parcours, nous étions nombreux dans la brume qui obscurcissait le parcours. Au fur et à mesure que la vue se dégageait, les randonneurs s'éparpillaient. J'ai opté pour l'ascension du sommet Ngauruhoe, dont la descente m'a privé de toute énergie.
Guillaume : C'est une partie redoutable ! Sans parler du fait qu'il faut finir dans les temps pour ne pas manquer la navette du retour ! Est-ce indiscret de te demande dans quel état tu as achevé le parcours ?
Lucie : Je me souviens de la course pour prendre le bus, la sensation que mes pieds peuvent être légers en courant sur les chemins plats de randonnée. Je me souviens de cette piqûre de frelon non identifié qui m'aura laissé un énorme bouton douloureux pendant plus d'une semaine. J'ai mis quelques jours à m'en remettre, mais ça valait le détour !
Une expérience réussie en HelpX.
La majorité des gens n'ont jamais entendu parler du système HelpX avant de devenir globe-trotteur. C'est pourtant une source formidable de petits boulots qui permettent de s'imprégner de la culture locale.
Guillaume : Le HelpX propose d'échanger le gîte et le couvert contre quelques heures de travail quotidien. Peux-tu nous raconter ta première expérience HelpX en Nouvelle-Zélande ?
Lucie : Ma première expérience HelpX était assez hors du commun. J'ai passé une semaine sur le bateau de David mon hôte, au coeur de Bay of Islands. Mes matinées consistaient à l'aider à nettoyer le yacht et à le remettre en état.
Guillaume : Et le reste du temps, tu pouvais profiter du cadre paradisiaque de la région pour faire du tourisme et te reposer ?
Lucie : Mes après-midis ressemblaient à des balades sur les différentes îles et baignades quand le temps le permettait. Chaque soir, l'océan nous servait de refuge et les nuits étoilées de toiles de fonds. J'ai appris à vivre avec un vieux loup de mer qui a parcouru le monde, construit son propre bateau et pourrait défier les plus grands chefs cuisiniers !
Conseils pratiques pour la cueillette et les vendanges.
Entre deux emplois en HelpX ou en Wwoofing (le principe décliné dans les fermes bio) il faut penser à faire rentrer l'argent pour financer de belles vacances. De nombreux voyageurs en Programme Vacances Travail cherchent à se faire embaucher dans les exploitations quand arrive la saison des vendanges ou des cueillettes.
Guillaume : Avais-tu prévu de participer aux vendanges ou de travailler dans la cueillette des fruits durant ton séjour ?
Lucie : À défaut de faire les vendanges en Nouvelle-Zélande, je cueille actuellement des pommes et des kiwis. Je vis sur la propriété avec les autres travailleurs néo-zélandais et étrangers et mes journées sont rythmées en fonction de la pluie.
Guillaume : Effectivement, et c'est un aspect déroutant pour tout ceux qui n'ont pas ton expérience, et qui se représentent le travail en plein air comme un petit boulot tranquille.
Lucie : Je ne sais jamais exactement lorsque je travaille ou lorsque j'ai mon jour de repos, mais l'ambiance reste sympathique et il fait bon se poser un peu lorsque l'on voyage.
Guillaume : Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui n'a jamais fait de vendanges ou de cueillette avant de venir en Nouvelle-Zélande ?
Lucie : Pour faire les vendanges ou cueillir des fruits, il ne faut pas avoir peur de travailler dehors. Ce sont des boulots physiques et il arrive souvent que les novices craquent au bout de quelques jours. Avec ce genre de job, on réapprend à vivre avec le soleil. Je pense qu'il faut y aller à son rythme dès le début, bien manger, s'hydrater et ne pas hésiter à se coucher lorsque notre corps l'exige (et souvent très tôt vers 20h-21h).
Guillaume : D'autant que la cueillette fait travailler des muscles rarement sollicités et que les courbatures sont assez sévères les premiers jours.
Lucie : Un dernier conseil : ne portez pas de vêtements qui ont de la valeur pour vous. Vous trouverez surement un centre de recyclage dans le coin pour investir quelques dollars dans des affaires seconde main. N'hésitez pas à acheter des bottes et gants, et vous munir de crème solaire et d'une casquette pour les journées ensoleillées.
Voyager libre sans planifier le moindre détail.
Ce n'est pas pour vous rendre jaloux, mais songez qu'il reste près de neuf mois à Lucie pour explorer la Nouvelle-Zélande. Une durée conséquente qui laisse place à l'improvisation. Quand on y pense, la somme des possibilités donne le vertige !
Guillaume : Quelle sera la suite de ton programme pour les prochaines semaines ?
Lucie : Je n'ai rien de vraiment programmé. Je suis mes envies du moment, en fonction des rencontres et des possibilités. Mais à la fin de la saison des kiwis, j'opterai sûrement pour quelques jours au coeur de l'Abel Tasman National Park. Puis je descendrai sur Greymouth pour prendre le TranzAlpine, un train qui traverse les Alpes néo-zélandaises et dont l'on me vante tant les paysages jusqu'à Christchurch.
Guillaume : Et question travail, comptes-tu reproduire ton expérience en HelpX ou chercher des emplois salariés ?
Lucie : J'envisage une pause wwoofing d'une semaine ou deux, au coeur de l'Arthurs Pass. Ensuite il sera à nouveau temps de trouver du travail pour l'hiver et se poser quelques mois.
Guillaume : Il va te falloir de l'énergie, est-ce que tu penses survivre au pays du fish and chips et de l'agneau matin midi et soir ?
Lucie : J'y survis depuis 3 mois, je pense qu'une année de plus ne me ferait pas de mal :) Lorsque l'on voyage, tout est une question d'adaptation. Et au final en Nouvelle-Zélande, les aliments sont assez européens. On s'y retrouve vite, même si la nourriture est chère et que le bon pain français manque. Depuis quelques semaines, les tartes aux poireaux, les pumpkins et bacon, les gâteaux à la banane et pépites de chocolat ou encore les muffins aux pommes agrémentent mes menus.
Guillaume : Alors je suis rassuré ! Je te remercie pour cet entretien et te souhaite un excellent voyage. En espérant avoir le plaisir de te retrouver dans quelques mois, peut-être pour une autre interview, car tu auras des milliers de souvenirs à raconter. À ce sujet, je signale à nos lecteurs que le webzine de Lucie (http://mondalu.com) est une collection de reportages avec des dizaines de photos et des conseils pratiques qui rempliraient un bon guide de voyages. Faites-vous plaisir et profitez des expériences de Mondalu pour préparer votre prochain séjour en Nouvelle-Zélande. Bien souvent, la meilleure manière d'improviser sur place consiste à bien préparer son séjour à l'avance.
© Photos copyright Lucie Raynal (@mondalu).