Guide de la visite
Visiter la plage des Moerakis Boulders.
Courte mais indispensable étape de tout voyage en Nouvelle-Zélande, les Moerakis boulders n'ont pas fini de fasciner les touristes au même titre que les Pancake Rocks ou l'arche de Cathedral Cove.
Il y a plus d'un millier d'années, les navigateurs maoris ont rejoint la Nouvelle-Zélande en provenance de “Hawaiki”, la terre des ancêtres.
Un canoë s'est retrouvé isolé lors d'une terrible tempête et s'est échoué sur la côte. Les restes du canoë et les survivants se sont changés en pierre.
L'emplacement exact du naufrage de la légende se trouve dans l'île du sud de la Nouvelle-Zélande. C'est au nord de l'Otago, sur la plage de Koekohe que se trouvent les Moeraki Boulders.
Panier à anguilles métamorphosés selon la légende, ce sont des pierres parfaitement lisses et arrondies.
Semblables à des boulets de canon, les petits rochers font 50 cm. Mais les plus gros atteignent facilement deux mètres et pèsent 7 tonnes !
A la fin de journée lorsque le soleil se couche à l'horizon, une lumière dorée envahit la plage et les vagues recouvrent petit à petit les pierres. On croirait voir dépasser les crânes de quelques géants enfouis sous le sable.
Comment la nature a-t-elle pu former des figures géométriques aussi parfaites ?
Comment expliquer la formation des rochers ?
J'en suis venu à formuler toutes sortes d'hypothèses fantastiques durant mes voyages. Certaines roches sont comme recouvertes d'une sorte d'écaille. Quand la brume se lève, on frissonne devant ces oeufs prêts à éclore.
En questionnant le propriétaire du café situé un peu plus loin, j'en apprends de belles sur les différents surnoms donnés à ces pierre étranges.
Certains les appellent des “jawbreakers” en référence aux grosses boules de chewing-gum. D'autres surnoms sont beaucoup moins poétiques et plus évocateurs.
Si vous observez les collines avoisinantes, vous découvrirez d'autres boules géantes qui commencent à émerger (en attendant de venir rouler sur la plage).
Au fil du temps, j'ai collectionné tout un recueil de théories amusantes sur leur formation.
On commence par la plus farfelue : une espèce extraterrestre aurait déposé ces oeufs qui n'auraient pas survécu au climat (au moins ça prête à rire). Pour d'autres il s'agirait d'une espèce inconnue d'oeufs de dinosaures.
A première vue saugrenue, cette hypothèse a trouvé des défenseurs. Surtout depuis que l'on a découvert des squelettes de dinosaures à proximité (un mosasaure et un plésiosaure, des reptiles du crétacé !).
Je passe sous silence les théories bibliques et autres boules de feux tombées du ciel ; on n'en finirait pas.
Mais certaines roches sont fendues et leur contenu est tout à fait saisissant : un coeur de pierre, couleur miel, qui évoque bien un oeuf fossilisé.
Bien entendu, la science s'est penchée sur le sujet. et des théories ont été formulées pour y voir plus clair.
Il s'agirait en réalité de dépôts de calcites autour de noyaux de boue fossilisés (comme souvent l'explication rationnelle déçoit un peu).
Une érosion de 60 millions d'années dans le sable aurait donné cette forme sphérique étrange.
L'océan ou les dinosaures n'aurait donc aucun rapport avec ces merveilles de la nature. On pourrait oser la comparaison avec la formation des perles... des perles de sept tonnes.
La récente découverte sur Mars de structures similaires (les blueberry rocks) a pourtant relancé le débat.
Le Dr. C. J. Ransom est parvenu à reproduire des formes similaires à moindre échelle. En soumettant des particules de poussière à de puissants champs électriques il arrive à un résultat similaire.
Mais l'explication scientifique comporte encore quelques zones d'ombre.
Comment expliquer que les roches soient complètement sphériques, alors que leur base devrait être tassée ? Une forme aussi régulière après 60 millions d'années est-elle envisageable ? Venez vous faire votre avis sur place.
Si vous cherchez d'autres formations rocheuses étranges en Nouvelle-Zélande, je vous suggère Castle Hill et son labyrinthe de rochers géants.
Pourquoi faut-il venir à marée basse ?
Il y a une cinquantaine de boulders (ou crânes, ou oeufs de dinosaures, c'est vous qui voyez). En tout cas si j'ai bien compté... Autant prendre des photos, le cadre très photogénique s'y prête admirablement.
Pendant ce temps les enfants vont en profiter pour escalader les Moeraki boulders. Certains sont creux et il est possible de jouer à cache cache.
On s'amuse à sauter à pieds joints d'une pierre à l'autre. Attention cependant à ne pas glisser quand les vagues remontent !
A ce sujet, j'ai été particulièrement chanceux lors de ma première visite car je suis arrivé à marée basse.
Quelques heures plus tard, les boulders étaient recouverts en grande partie par l'océan. Dans ces conditions, et si le temps est agité, on ne voit pas grand chose et l'on repart frustré.
Les Moeraki boulders sont à une heure de route de Dunedin. Il suffit de se renseigner sur le service d'information des marées pour planifier une escale sur le trajet.
En été, la fréquentation augmente, arriver tôt ou en fin de journée est donc recommandé.
Si la matinée touche à sa fin, vous pouvez pique-niquer sur la plage, mais ce serait dommage. À proximité des boulders se trouvent deux restaurants. La taverne fera l'affaire, mais ce serait un crime de ne pas rendre visite à “La Fleur”.
“Fleur's place” est un restaurant traditionnel gastronomique réputé dans toute la Nouvelle-Zélande.
On voyage de loin pour déguster le muttonbird, un oiseau marin au goût fumé. Les poissons passent directement du pêcheur au cuisinier sans intermédiaire.
Une expérience culinaire à vivre mais qui implique de réserver à l'avance (plus d'informations dans les conseils pratiques de Ben).
Observation des otaries et des pingouins.
Une décision s'impose. La plage de Koekohe où se trouvent les Moeraki boulders est à 78 km de Dunedin et à seulement 35km d'Oamaru. La route est belle, tout est bien indiqué et il est impossible de louper l'emplacement.
Il y a même un camping juste à coté. Pourquoi ne pas en profiter pour passer quelques heures sur place ?
Pour commencer regardez bien au large, vous avez des chances d'apercevoir des dauphins d'Hector.
Ce ne sont pas les seuls amis que vous pouvez vous faire dans la région. Repérez les panneaux qui indiquent la direction du phare Katiki. C'est une belle randonnée de 5km qui vous réserve une surprise.
Près du phare il existe un abri spécialement conçu pour observer les manchots à oeil jaune.
Si vous avez pensé à emporter des jumelles vous pourrez les espionner en train de s'amuser sur la plage.
En fin de journée, les manchots sortent de l'eau pour rejoindre leurs nids. Vous aurez l'occasion de les admirer de plus près.
Gardez à l'esprit que ce sont des animaux sauvages. N'essayez pas de les approcher, y compris pour leur donner le reste du sandwich au thon qui a fait la route.
Si vous avez déjà vu des manchots, alors préférez la balade en direction de Shag Point. Des otaries paressent sur les rochers et la plage.
Vous souvenez-vous de la légende que j'ai raconté au début ? Observez bien le rocher qui se détache à la pointe. Dans la légende maori, il représente le pilote du canoë qui s'est échoué et a été changé en pierre.
Dernière option, une balade pour aller au village de Moeraki. Comptez deux heures aller-retour en longeant la plage pour suivre cet itinéraire.
L'ancien port de pêche à la baleine fut le premier lieu d'installation des colons de l'Otago. C'est une bonne occasion de se dégourdir les jambes avant de reprendre la route pour la suite du voyage en Nouvelle-Zélande.
Notre avis sur les Moeraki Boulders.
Bien plus qu'une curiosité géologique, les Moeraki Boulders sont emblématiques de la Nouvelle-Zélande. C'est à juste titre que ce lieu figure dans notre classement des incontournables du pays : il est unique au monde et mérite le déplacement.
Qui sait ce qui se cache sous la plage ? En creusant dans le sable vous trouverez peut-être un squelette de plésiosaure (on en a découvert à quelques km au sud en 1987).
A vous la gloire et la célébrité ! Vous n'aviez pas prévu ça ?
Un dernier mystère à résoudre concerne la disparition des boulders.
Les photos de voyage prises il y a près d'un siècle ne laissent pas l'ombre d'un doute ! Ils diminuent, ou plutôt disparaissent... et cela n'a rien à voir avec l'érosion.
L'explication est simple : durant de longues années les pierres les plus petites étaient ramassées pour devenir des cadeaux très appréciés.
Bien que le lieu soit désormais protégé, il continue d'être pillé. Des voleurs détachent et emportent des morceaux au passage.
Raison de plus pour se dépêcher de visiter ce lieu qui conserve encore sa magie. Notez par ailleurs qu'il existe d'autres emplacements en Nouvelle-Zélande où l'on peut admirer des boulders, notamment à Abel Tasman où se trouve le célèbre Split Apple Rock.
Quant à nous, si vous continuez votre voyage au sud, nous nous retrouverons dans la ville de Dunedin.