Guide des visites
Ce guide complet vous explique comment tirer le meilleur parti d'Abel Tasman, une étape qui figure dans nos circuits Kiwipal à personnaliser.
- Découverte du Parc National
- Visite du Split Apple Rock
- La randonnée dans le parc
- Comment choisir un bon camp de base ?
- Comment préparer l'Abel Tasman Coast Track ?
- Comment explorer le parc à pied ?
- Les excursions guidées en kayak
- Quel budget prévoir pour visiter Abel Tasman ?
- Notre avis sur Abel Tasman
Découverte du Parc National
Situé à la pointe nord de l'île du Sud, le parc Abel Tasman doit son nom au premier Européen qui aperçut la Nouvelle-Zélande en 1642, même si l'hostilité des Maoris qui tuèrent quatre marins obligea le navigateur néerlandais à débarquer plus au nord dans ce qui deviendra la Golden Bay.
Des siècles plus tard, Abel Tasman est devenu un parc national, célèbre pour une mer turquoise et des plages de rêve avec un sable orangé unique dans le pays.
Très populaire, le parc s'inscrit forcément dans la plupart des itinéraires touristiques, entre les étapes de Picton, French Pass, Nelson ou les glaciers de la West Coast.
C'est aussi et surtout une grande randonnée (Great Walk) qui relie des plages ensoleillées, longe des falaises spectaculaires, et s'aventure sous une canopée de mānukas, rātās et autres palmiers nikaus.
Quelques surprises sont au programme, avec des estuaires à franchir à marée basse et des ponts suspendus qui font le bonheur des petits comme des grands.
Selon la durée que l'on peut y consacrer, l'expérience peut être abordée de différentes manières. On peut ainsi se contenter d'une exploration à la journée, en reliant les criques en bateaux-taxis, où opter pour une grande aventure de trois à cinq jours, avec des nuits en refuge ou sous la tente.
Tout ceci suppose un minimum de connaissance, car le voyageur qui s'organise tout seul aura bien du mal à anticiper les marées, déterminer la durée des étapes ou réserver des bateaux-taxis qui n'attendent pas les retardataires !
Abel Tasman exige une excellente organisation et ne s'improvise pas en dernière minute. Nous parlons tout de même d'un sentier qui couvre 60 à 80 kilomètres, si l'on considère les nombreux détours pour rejoindre des points de vue ou des plages secrètes.
Il faut en outre choisir un camp de base approprié, parmi les villages qui entourent le parc, avec une myriade d'opérateurs qui offrent des services en tous genres : transferts maritimes, excursions guidées, sorties en kayak...
Tout ceci avec des horaires et des tarifs à respecter pour les campings et bateaux-taxis à réserver en amont.
Dans quelle partie du parc faut-il randonner ou pagayer ? Combien de temps prévoir ? Où passer la nuit ? Comment gérer les marées sans s'imposer des détours de plusieurs heures ? Quid de la météo et des annulations ?
Autant de questions qui surgissent très vite dès que l'on commence à creuser le sujet et qui donnent le tournis !
Pour résoudre ce casse-tête, j'ai conçu ce guide ultra complet du parc qui va d'abord vous présenter l'intégralité de la randonnée, étape par étape. Puis, j'aborderai les questions logistiques en détail, avec les camps de base, l'organisation pratique, la tenue à prévoir, les consignes de sécurité, etc.
Bref, tout ce dont vous devez avoir connaissance pour faire un choix éclairé lorsque je vous présenterais les meilleures options pour explorer Abel Tasman selon le temps dont vous disposez.
Et si vous me suivez jusqu'au bout, je vous donnerais en prime mon avis d'expert sur le parc et quelques derniers conseils pratiques pour éviter des erreurs fréquentes. Mais avant d'aller plus loin, il faut d'abord régler la question du Split Apple Rock.
Visite du Split Apple Rock
Le curieux rocher perché sur un îlot côtier que l'on appelle « Split Apple Rock » ne se trouve pas dans le parc d'Abel Tasman, mais à Tokongawa Point, entre les villages de Mārahau et Kaiteriteri. Une curiosité géologique que l'on aperçoit d'habitude durant les trajets en bateau-taxi, ce qui lui vaut d'être associée à Abel Tasman par les voyageurs.
J'ai décidé de vous en parler dès à présent, car je ne vois pas où intégrer ce sujet ailleurs ! D'ailleurs, peu de visiteurs savent qu'il est possible d'observer le célèbre rocher de granit directement depuis la plage de Towers Bay. Une solution qui intéressera les personnes qui n'envisagent pas la navigation.
Il suffit pour cela de suivre la Kaiteriteri Sandy Bay Road et de bifurquer sur Tokongawa Drive jusqu'au parking de Moonraker Way. Un parking qui se remplit très vite en haute saison, puisque les locaux connaissent évidemment l'astuce.
Une fois garé, on marche jusqu'à la pointe nord de la baie pour retrouver le fameux rocher à une cinquantaine de mètres au large. Les plus téméraires pourront même s'y rendre à la nage si la marée est favorable.
Sa forme évoque celle des célèbres Moeraki Boulders, mais le Split Apple Rock est en réalité une formation granitique qui remonte au Crétacé il y a 120 millions d'années ! Sa particularité est d'être fendu, comme une pomme que l'on aurait tranchée en deux avec un couteau.
Un phénomène expliqué par une infiltration d'eau glacée qui aurait fait éclater la roche, même si la tradition māorie préfère parler d'un conflit mythologique entre plusieurs divinités.
Je vous laisse choisir entre l'explication scientifique et la légende qui amuse davantage les enfants, et je vous invite à me retrouver ensuite à Mārahau pour attaquer la présentation complète du parc d'Abel Tasman.
La randonnée dans le parc
L'entrée sud du parc national se trouve à Mārahau, c'est-à-dire le « jardin venteux » en langue maorie. C'est ici, depuis le parking du Département de la Conservation que commence notre visite.
Impossible à manquer, l'entrée est signalée par un majestueux portail maori (Te Waharoa), sculpté par l'artiste Mark Davis de Nelson pour célébrer la culture et les traditions locales.
D'un côté, on découvre les migrations ancestrales des iwis (tribus) de la région avec les défis relevés et les affrontements pour le contrôle des terres fertiles et zones de pêche.
De l'autre côté, ce sont les éléments naturels et divinités qui sont à l'honneur, avec le soleil (Tama-nui-te-Rā), les vents et tempêtes (Tāwhirimātea), la forêt (Tāne Mahuta), et les plantes (Haumia-tiketike).
Juste après ce passage symbolique, un pont précède le début du sentier côtier. Le moment est venu de serrer vos lacets, d'ajuster votre sac à dos et de vérifier que rien ne manque !
Le parcours s'enfonce dans une forêt dense, bercé par le chant mélodieux des tuis, dont les sons rappellent étrangement le robot R2D2 de La Guerre des étoiles. Reconnaissable à sa petite touffe blanche qu'il arbore sous le bec, ce drôle d'oiseau ajoute une touche d'exotisme bienvenue.
Ne vous laissez pas distraire pour autant, car il faut rester sur le bon sentier et ne pas suivre par mégarde l'Abel Tasman Inland Track qui est une autre randonnée très exigeante qui ne s'adresse pas aux débutants et ne sera pas abordée dans ce guide.
Pour tirer pleinement profit de ce guide du parc, je vous conseille d'afficher la carte pour mieux situer les étapes du parcours. Ce n'est pas indispensable, mais utile pour appréhender les distances.
Tinline Bay et son arbre solitaire
De l'avis général, cette première section, qui traverse une forêt replantée de mānukas et de kānukas, a le mérite d'être facile, mais souffre de la comparaison avec le reste du parc.
Après une demi-heure de marche (2,4 km depuis Mārahau), le sentier débouche sur la Tinline Bay avec son célèbre arbre perché sur un rocher que l'on peut rejoindre à marée basse et qui rappelle un peu celui de Wanaka.
Les photographes s'en donnent à cœur joie pour réaliser une photo parfaite sur la plage ou depuis le Stu's Lookout voisin où se trouvait un village fortifié māori (pā) dont il ne subsiste, hélas, aucune trace.
Pourtant, d'après le journal de bord du Français Jules Dumont d'Urville, la baie était encore occupée par des tribus en 1827. Une baie qui sera rebaptisée plus tard en l'honneur de John Tinline, un colon écossais qui servait d'interprète auprès des populations locales.
De nos jours, Tinline Bay attire surtout des familles qui s'initient au camping, avec l'avantage de pouvoir repartir facilement si la météo se dégrade. Sans surprise, la trentaine d'emplacements de camping proposés par le DOC n'est jamais saturée, même en haute saison.
Car malgré son sable doré et la présence des îles Fisherman (Motuareroiti) et Adele (Motuareronui) en toile de fond, le panorama trop vaste manque de charme (surtout à marée basse). Il n'offre pas cette atmosphère de « paradis perdu » que l'on retrouvera plus loin sur le parcours.
C'est pourquoi je conseille de ne pas s'attarder, car la Coquille Bay qui n'est qu'à un petit quart d'heure sera bien plus appropriée pour une pause prolongée.
Coquille Bay et l'héritage français
Après une brève montée en forêt, le sentier long de 600 m descend en pente douce jusqu'à Coquille Bay. On y découvre une charmante petite plage en croissant bordée de fougères et de palmiers, avec un minuscule camping pour six personnes.
Son nom rend hommage au navire « la Coquille », à bord duquel Jules Dumont d'Urville réalisa sa première expédition.
Après avoir posé les sacs à dos, on profite d'un instant de fraîcheur en allant tremper ses pieds dans les vagues tandis que des canards traversent la plage en file indienne.
Gardez cependant vos distances avec le Paradise shelduck (pūtangitangi en māori), car malgré son air inoffensif, il prend un malin plaisir à pincer les doigts de pieds des photographes trop téméraires.
Ce palmipède ne vous empêchera pas pour autant d'aller piquer une tête dans l'eau si vous avez pensé à emporter vos maillots et serviettes.
Chargés de kayaks, les bateaux-taxis qui filent vers Anchorage et Torrent Bay vous rappellent pourtant qu'il ne faut pas trop tarder à repartir pour découvrir les autres merveilles du parc.
Apple Tree Bay
De retour sur le sentier côtier, on aperçoit de temps en temps la mer de Tasman à travers les feuillages, mais les points de vue se font rares. Ce n'est pas si grave, car 40 minutes et 2,5 km plus tard, on débouche enfin sur l'Apple Tree Bay.
Ne perdez pas votre temps à chercher les pommiers qui ont été arrachés en 1942 par le Département de la Conservation pour être remplacés par des mānukas afin de restaurer l'écosystème originel du parc.
Quelques kayaks longent cette plage paisible de 600 m que les explorateurs français appelaient simplement « La Grande Plage ».
C'est désormais une halte très appréciée, avec une table de camping et des bancs pour recevoir les marcheurs fatigués qui ont quitté Mārahau depuis déjà une heure et demie, sans compter les pauses.
Si l'on a atteint ses limites physiques, on peut tout à fait s'installer pour la nuit sur une langue de sable fin où poussent quelques pins, avec l'eau turquoise de chaque côté.
Dans ce décor tropical, on s'imaginerait volontiers dans « Pirates des Caraïbes », même si l'interdiction d'allumer un feu en soirée ne permettra pas de rejouer les scènes de Jack Sparrow et d'Elizabeth Swan.
Vous ferez ici votre première rencontre avec l'oystercatcher (Tōrea pango en māori). Cet huîtrier reconnaissable à son plumage noir et bec rouge orangé fouille la plage à marée basse.
Les cris stridents qu'il pousse en vous voyant signifient que vous approchez de ses œufs dissimulés dans le sable. L'espèce est menacée, alors reculez doucement pour ne pas compromettre son avenir.
Quand vient le moment de repartir vers Te Puketea Bay, sachez que traverser la plage à pied ne fait gagner que quelques minutes par rapport au sentier en forêt, même si l'expérience est évidemment plus plaisante.
Te Puketea Bay et le Pitt Head Lookout
Te Puketea Bay compte parmi les plus belles baies du parc, mais reste étonnamment méconnue.
Les passagers des bateaux-taxis qui débarquent à Anchorage ne savent même pas qu'elle existe, et les marcheurs qui arrivent d'Apple Tree Bay après avoir franchi 12 km (4h de marche) hésitent à prolonger leurs efforts malgré le panneau indicateur du DOC.
On ne vient donc pas à Te Puketea Bay par hasard. Pourtant, ceux qui font le détour sont récompensés par une plage en croissant parfaite, qui tire son nom d'un arbre local, le pukatea, reconnaissable à ses petites feuilles dentelées.
Une quinzaine de campeurs peuvent passer la nuit sur place, dans une ambiance infiniment plus paisible qu'à Anchorage. Le chant des oiseaux y est omniprésent grâce aux efforts du DOC qui multiplie les pièges pour capturer les prédateurs.
À ce propos, le fantail (pīwakawaka pour les intimes) mérite une attention spéciale. Cet oiseau minuscule, très apprécié des enfants, vous suit de branche en branche tout en gazouillant avec entrain.
On le croirait sorti tout droit d'un dessin animé de Walt Disney, mais le fantail profite en réalité du passage des humains pour gober plus facilement les insectes que l'on chasse en marchant.
La plage en elle-même est superbe, mais je conseille surtout de rejoindre son extrémité pour découvrir le sentier qui mène à Pitt Head Lookout.
Le trajet facile dans le bush mène à un belvédère qui offre une vue partiellement dégagée sur le nord du parc.
Si vous ne prévoyez pas de camper à Te Puketea Bay, continuez plutôt sur le sentier qui mène à un second point de vue plus beau qui révèle Torrent Bay. En soi, la boucle entière mesure 1,6 km, et ce petit effort supplémentaire est largement récompensé par les paysages.
Anchorage Bay, plage, camping et vers luisants
Nous voilà déjà rendus à Anchorage Bay, la première étape clé du parc national d'Abel Tasman. Avec sa large plage de sable doré de 650 m en arc de cercle, bordée de collines couvertes de forêt native, c'est un décor grandiose qui justifie à lui seul le voyage en Nouvelle-Zélande.
Comme son nom l'indique, Anchorage est un lieu d'ancrage fréquenté par les voiliers et les bateaux-taxis qui débarquent les passagers sur la plage.
Des passagers qui ont souvent la chance d'apercevoir des dauphins communs, et parfois même quelques rares dauphins d'Hector (les plus petits au monde) durant leur traversée.
Sur le sable, des moniteurs initient les débutants aux rudiments du kayak de mer. Il faut apprendre à pagayer, à se libérer de la jupe en cas de retournement, à se dégager appuyant les mains derrière soi sur la coque... l' essentiel avant de partir à l'aventure.
La plage est également fréquentée par les randonneurs qui arrivent en sens inverse, pour attraper la navette du retour ou passer la nuit sur place
(photo:8390)
À ce sujet, et contrairement à l'interdiction en vigueur dans le reste du parc, les feux de camp sont autorisés à Anchorage ! Les campeurs en profitent pour griller des marshmallows sous les étoiles et partager un moment de convivialité à la tombée de la nuit.
Certains iront ensuite dormir sous la tente (une centaine d'emplacements disponibles) et les autres opteront pour le refuge du DOC avec 34 lits.
Un dernier détour s'impose pourtant avant de plonger dans un sommeil réparateur, car au nord de la plage se trouve une petite grotte marine avec des vers luisants.
Et si l'expérience n'égale évidemment pas celle de Waitomo Caves, elle a cependant le mérite d'être gratuite !
Vous y croiserez peut-être aussi notre ami le wētā, une énorme sauterelle aussi laide qu'inoffensive et dont Peter Jackson a repris le nom pour fonder son studio d'effets spéciaux à Wellington.
Torrent Bay et la Cleopatra's Pool
Jusqu'à présent, la marche était d'une simplicité désarmante, avec un sentier à suivre sans trop se poser de questions. Mais pour rejoindre Torrent Bay depuis Anchorage, vous devrez surveiller la marée et adapter votre parcours en fonction.
L'option directe consiste à traverser l'estuaire de Torrent Bay à marée basse, c'est-à-dire deux heures avant ou après le pic de marée haute. De la sorte, on rejoint Torrent Bay en 20 min à peine en franchissant 850 m sur le sable.
L'alternative est un soi-disant « détour » de une heure et demie par la forêt, ce qui correspond en réalité au sentier classique de 4 km.
Il est souvent plus judicieux d’attendre la marée descendante. Et si la mer n'a pas encore suffisamment reculé, une progression avec de l'eau jusqu'aux genoux est envisageable.
C'est une expérience originale, au milieu des bateaux en cale sèche, à condition de bien étudier le sens de la marée pour ne pas prendre de risque (surtout avec des enfants).
Car la mer peut remonter plus vite qu'on ne le pense ! Il va donc sans dire que l'on devrait étudier les marées AVANT d'entreprendre la randonnée et non sur place en essayant de deviner si la mer s'approche ou s'éloigne.
Et si la marée ne joue pas en votre faveur, vous pouvez vous consoler en réalisant une petite excursion complémentaire.
Cleopatra's Pool
Après tout, quitte à faire le tour complet d'une heure et demie, ce n'est pas une demi-heure de marche en plus qui fera une grande différence !
La Cleopatra's Pool est un bassin naturel situé dans un canyon, avec un petit toboggan rocheux qui fait le bonheur des randonneurs qui veulent se rafraichir.
Depuis le sentier forestier, il faut prévoir un détour de 700 m aller-retour, soit une quinzaine de minutes pour s'y rendre.
Le point de départ se situant juste après le pont suspendu qui franchit la Torrent River (un pont enfin reconstruit en 2023).
Le village de Torrent Bay
Quel que soit l'itinéraire emprunté, vous arriverez tôt ou tard à Torrent Bay où se trouve un petit village, ce qui semble de prime abord incompatible avec le concept même de parc national en Nouvelle-Zélande !
En réalité, ce terrain appartenait à des particuliers bien avant la création du parc en 1942. Quelques familles avaient déjà construit des baches, ces maisons de vacances typiquement néo-zélandaises.
Des résidences qui sont aujourd'hui strictement encadrées et fonctionnent avec des panneaux solaires et des citernes pour recueillir l'eau de pluie.
Et parmi la cinquantaine de maisons encore debout, certaines accueillent les randonneurs, à l'instar du Torrent Bay Lodge de 1968 administré par le tour opérateur Wilsons. On y trouve des chambres confortables avec salle de bain privative et vue imprenable sur la plage de 580 m de long.
D'autres maisons, plus modestes, sont parfois disponibles à la location, mais les campeurs ordinaires profitent du « Torrent Bay Village Campsite » avec sa dizaine d'emplacements pour les tentes uniquement (attention, ce n'est pas un refuge).
Un camping plaisant, aux équipements sommaires, et qui se trouve à l'écart du lodge et son bar à cocktail privé, pour ne pas rappeler trop crûment que la lutte des classes existe aussi à l'autre bout du monde.
Hormis ce léger détail, le village reste plein de charme, même en haute saison. Accessible seulement par la mer, il conserve une atmosphère familiale où tout le monde partage la plage et s'amuse au soleil.
En suivant le sentier qui reprend doucement au nord, on rejoint un agréable promontoire avant de mettre le cap vers Sandfly Bay.
Sandfly Bay et la Falls River
Entre Torrent Bay et Sandfly Bay, le sentier s'éloigne du littoral pour s'enfoncer dans les collines avec un dénivelé modeste de 150 m. Néanmoins, cette marche d'une heure et demie sur cinq kilomètres devrait vous faire transpirer abondamment au coeur de l'été.
C'est l'occasion parfaite pour souligner qu'il faut prévoir suffisamment d'eau potable pour randonner dans de bonnes conditions. Porter quelques kilos en plus n'est pas vraiment un problème quand on a recours aux bateaux-taxis.
En revanche, pour une randonnée de plusieurs jours, il vaut mieux investir dans des gourdes filtrantes ou des pastilles, à moins d'être équipé pour faire bouillir l'eau des campings et refuges.
Cette précision apportée, revenons au sentier. Vous aurez droit à quelques jolis points de vue sur la mer de Tasman lorsque la piste rejoint à nouveau les falaises.
On redescend ensuite vers le Falls River Swing Bridge, un pont suspendu de 45 mètres qui enjambe la rivière éponyme aux teintes émeraude, parfois remontée à contre-courant par des kayaks.
C'est aux abords de cette rivière que l'on entend le chant cristallin du bellbird (korimako en māori). Un oiseau emblématique du parc, reconnaissable à son plumage vert olive qui contraste avec ses ailes noires et ses yeux rouges qui fixent les marcheurs avec attention.
Une fois le pont traversé, le sentier file vers Bark Bay. Pour découvrir Sandfly Bay, il faut donc volontairement bifurquer sur un chemin secondaire très caillouteux.
Un effort largement récompensé par une superbe plage de sable doré, bordée d'une langue étroite de sable qui s'étire entre la mer turquoise et l'embouchure sinueuse de la Falls River.
Et contrairement à ce que son nom pouvait laisser redouter, les sandflies y sont en réalité peu nombreuses, sinon absentes en basse saison. Mieux vaut garder tout de même le répulsif à portée de main.
On profite d'une plage habituellement déserte avec des bassins peu profonds où les enfants pataugent en toute sécurité. Après cette parenthèse enchantée, il faudra néanmoins remonter la pente à grand-peine pour reprendre la piste côtière en direction de Bark Bay.
Bark Bay et sa plage paradisiaque
Depuis Torrent Bay, il faut compter 2 à 3 heures de marche pour parcourir les 7,8 km menant à Bark Bay, une autre étape majeure du parc après Anchorage.
Pour le randonneur qui a mis Sandfly Bay au programme comme nous venons de le faire, il reste à peine 3 km à boucler, l'équivalent d'une heure de marche.
En route, n'hésitez pas à faire un autre petit détour en descendant les quelques marches qui mènent à la minuscule plage de Medlands Bay.
Rien de bien spectaculaire en soi, mais une jolie parenthèse qui ne rallonge presque pas votre trajet, alors pourquoi s'en priver ?
Bark Bay porte en māori le nom de Wairima qui signifie les « cinq ruisseaux ». C'est un lieu magique, une véritable synthèse du parc national, avec une vaste plage de sable orangé, des eaux cristallines, un estuaire paisible et une forêt tropicale tout autour.
Vous ne serez donc pas surpris d'apprendre que Bark Bay est une étape majeure pour les bateaux-taxis qui déposent et récupèrent chaque jour de nombreux randonneurs, même si beaucoup décident de rester pour la nuit.
Le vaste refuge du DOC (Bark Bay Hut) peut accueillir jusqu'à 34 personnes. Les randonneurs qui ne trouvent pas de place peuvent planter leur tente sur l'un des 80 emplacements disponibles.
Ils devront juste se méfier des wekas, ces cousins des kiwis qui n'hésitent pas à fouiller dans les sacs laissés sans surveillance.
Ils ne pas seuls. On surprend aussi le kererū, un pigeon très dodu (euphémisme) au plumage irisé, qui décolle à grand-peine sur votre passage, et parfois même le perroquet Nestor !
Le kākā (Nestor meridionalis) a justement été réintroduit dans cette partie du parc. Décimé par les hermines et les possums, il doit son retour aux efforts acharnés du DOC.
Gardez vos distances et ne le nourrissez pas, même s'il vous amuse en faisant le pitre dans les hêtres noirs. Des arbres dont Bark Bay tire d'ailleurs son nom, car on collectait jadis l'écorce (« bark » en anglais) pour le tannage.
L'estuaire d'Onetahuti Bay
Deux possibilités s'offrent à vous pour rejoindre Onetahuti au départ de Bark Bay. Et ce sera de nouveau la marée qui fera la différence ou qui décidera à votre place.
Il est ainsi possible de traverser directement la plage lorsque la mer recule, ce qui permet d'économiser une quinzaine de minutes sans devoir contourner tout l'estuaire.
Le détour par les terres (ou plutôt le sentier normal) emprunte quant à lui une piste étroite et ombragée, ce qui rallonge le parcours d'un bon kilomètre.
Dans un cas comme dans l'autre, on rejoint ensuite un pont suspendu (le Bark Bay Falls Bridge), puis l'on poursuit le chemin sans se poser de questions sur cinq kilomètres, soit tout de même une bonne heure et demie de marche !
Un tronçon assez monotone qui contourne une Mosquito Bay inaccessible à pied et dont le nom dissuade même les kayakistes.
Onetahuti se dévoile enfin, avec une longue plage en arc de cercle qui couvre près d'un kilomètre. C'est d'ailleurs l'une des plus vastes du parc, avec un nom maori qui évoque une « course rapide sur le sable ».
Ce qui tombe plutôt juste, car il faut effectivement franchir la baie de bout en bout pour rejoindre le nouveau ponton en bois qui permet de s'affranchir de la marée, sauf lorsqu'une tempête gronde.
Mais avant de poursuivre vers Awaroa, vous pouvez envisager de passer la nuit au refuge du DOC (40 places) ou vous intéresser à Tonga Island, la grande île que l'on aperçoit au large.
La réserve marine de Tonga Island
Tonga Island est un îlot granitique situé à environ un kilomètre au large d'Onetahuti Bay. Il se trouve au cœur d'une réserve marine du DOC balisée par des bouées.
La pêche y est évidemment proscrite et l'exploration n'est autorisée qu'en kayak, avec interdiction formelle de débarquer sur l'île.
D'ailleurs, une colonie d'otaries à fourrure (fur seals) a élu domicile sur les rochers qui entourent Tonga Island.
Intriguées par la présence des humains, certaines otaries n'hésitent d'ailleurs pas à s'approcher pour inspecter les kayaks !
S'il est possible de venir avec son propre kayak, ce sont essentiellement les excursions organisées par les tour-opérateurs qui permettent d'admirer Tonga Islands et les merveilles naturelles de cette partie du parc.
On pense notamment aux Tonga Arches, à un kilomètre plus au sud, et qui sont inaccessibles à pied. Sculptées par l'érosion, elles se dévoilent à marée basse et comptent parmi les secrets les mieux gardés du parc.
Et puis, avec un peu de chance, vous pourriez croiser la route d'un orque intrigué par la forme et la couleur jaune des kayaks en tandem. Un spectacle fascinant, mais qui donne aussi des sueurs froides !
Mais si vous le permettez, je reviendrais sur Tonga Islands un peu plus tard lorsque je parlerais des visites guidées dans le parc. Pour l'heure, il est temps de reprendre la Great Walk en direction d'Awaroa.
Awaroa et son estuaire
Nous voilà arrivés à un tournant de la randonnée. À partir de maintenant, les étapes seront plus longues, et c'est pourquoi la majorité des randonneurs à la journée ne dépasse pas Onetahuti malgré le recours aux bateaux-taxis.
En conséquence, la fréquentation sur le sentier baisse sensiblement, même en haute saison. Il faut tout de même marcher un peu plus de 7 km en 2h30 pour atteindre Awaroa, le plus vaste estuaire du parc.
En arrivant, on découvre qu'à l'instar de Torrent Bay, quelques maisons de vacances se sont glissées dans le paysage, certaines transformées en hébergements pour les touristes.
Lodges et campings d'Awaroa
Ouvert uniquement en haute saison, l'Awaroa Lodge possède un restaurant chic, ouvert au grand public (à la différence du Torrent Bay Lodge), mais aussi une pizzeria abordable qui sert de la bière locale. Cela semble presque trop beau pour être vrai, mais il y a plus surprenant encore.
Attention, l'Awaroa Lodge n'est pas ouvert toute l'année !
La plage en contrebas a conservé son caractère sauvage grâce à un bel élan de solidarité. En 2016, les locaux ont levé deux millions de dollars grâce à une campagne de financement participatif pour racheter ce terrain convoité par un promoteur et le confier au Département de la Conservation.
Côté hébergement, si le lodge affiche complet, vous pouvez toujours tenter votre chance au « Farm Awaroa », mais les cabines cosy et le jacuzzi sont pris d'assaut par les couples en lune de miel.
Sinon, et ce sera moins cher, il vous reste le refuge du DOC doté de 26 lits ou son camping avec une cinquantaine d'emplacements. Des installations qui se trouvent, hélas, dans les terres, et vous privent de la vue sur la plage.
La traversée de l'estuaire d'Awaroa
Au moment de repartir d'Awaroa, on réalise que le sentier côtier s'interrompt brutalement après le refuge du DOC.
Pour être en mesure de poursuivre vers Tōtaranui, il faut donc traverser tout l'estuaire d'Awaroa. Une opération possible uniquement dans un intervalle de 2h autour de la marée basse, les seules alternatives étant le kayak et évidemment le bateau taxi.
Plus que partout ailleurs dans le parc, la planification est essentielle. Pourtant, certains randonneurs s'aventurent trop tôt dans l'estuaire en pensant pouvoir progresser avec de l'eau jusqu'aux genoux comme à Torrent Bay.
Malheureusement, le fond bosselé comporte des trous invisibles, rendant la progression lente, épuisante, et même dangereuse pour des enfants. Dans ce cas, mieux vaut patienter pour traverser au moment opportun.
Et c'est seulement après avoir franchi l'estuaire d'Awaroa sans encombre que vous retrouverez le sentier pour rejoindre Tōtaranui.
Tōtaranui et son camp de vacances
Le tronçon de 7 km entre Awaroa et Tōtaranui est l'un de mes préférés. Il commence en forêt, mais l'essentiel du parcours suit le littoral et les plages de Waiharakeke Bay et Goat Bay .
Lors du phénomène des grandes marées, la plage de Goat Bay est impossible à franchir, alors renseignez-vous avant de venir !
On grimpe ensuite pour rejoindre un point de vue qui révèle toute la baie avec sa plage en arc de cercle d'un kilomètre de long.
Ce Tōtaranui Lookout est d'ailleurs un panorama emblématique du parc national, même si peu de visiteurs en profitent eu égard à son emplacement éloigné.
Une vingtaine de minutes suffisent pour rejoindre la plage et le plus grand camping du parc national. Avec ses dix zones numérotées, Tōtaranui peut accueillir plus de 850 campeurs en haute saison. Des campeurs venus avec leurs tentes, mais aussi en voiture, en van ou en camping-car !
Il existe donc un accès pour rejoindre le coeur du parc par la route ? Oui, et en réalité, il y en a même techniquement deux. Un autre accès existe du côté d'Awaroa, mais il exige de posséder un bateau ou un kayak, alors je l'ai passé sous silence.
Tōtaranui est présenté comme la voie royale pour les randonneurs qui veulent explorer le dernier tiers du parc, souvent présentée comme le plus intéressant.
C'est aussi la dernière étape desservie par les bateaux-taxis, qui rebroussent ensuite chemin vers Mārahau.
Avec un camping aussi étendu, on pouvait s'attendre à trouver une plage noire de monde. Heureusement, la plage est si vaste, et les emplacements pour campeurs si bien cachés derrière des arbres et des buissons, que l'on ne ressent pas vraiment la présence de la foule.
Derrière la plage, on découvre une zone marécageuse explorée sans relâche par des pukekos en quête de nourriture. Si vous n'avez jamais vu cet oiseau bleu à bec rouge, c'est l'occasion d'aller jeter un oeil.
Avec la route à deux pas, on pourrait penser que Tōtaranui marque la fin de l'aventure, mais le parc national se poursuit pourtant sur une bonne quinzaine de kilomètres en direction de Golden Bay plus au nord.
Anapai Bay et Mutton Cove
Après Tōtaranui, la tranquillité revient pour de bon, car aucun bateau-taxi ne s'aventure aussi loin.
Seuls les randonneurs motivés à l'idée de boucler toute la Great Walk attaquent un sentier monotone d'une heure qui serpente en forêt sans offrir de panorama durant 2,6 km.
Heureusement, l'Anapai Bay mérite le détour. La plage de 480 m est encadrée par d'imposants rochers sculptés par l'érosion. Ce sont les fameuses curiosités géologiques tant vantées dans les guides, mais que peu de visiteurs peuvent se vanter d'avoir vu de leurs propres yeux.
Toutefois, ces formations rocheuses, bien que spectaculaires, sont finalement assez peu nombreuses. Ce sont en quelque sorte des récompenses pour les marcheurs émérites.
Le promontoire au nord de la baie est infranchissable. Il faut donc revenir sur le sentier pour le contourner et découvrir une seconde plage, minuscule, plus sauvage, et fréquentée par quelques otaries étonnées par votre arrivée.
Habituellement désert, le terrain de camping d'Anapai Bay ne possède pas de refuge et juste une douzaine d'emplacements pour planter sa tente.
Un camping qui est néanmoins payant comme tous les autres, même si le cadre sauvage, avec ses branches échouées sur le sable, n'incite pas vraiment à la baignade.
À choisir, mieux vaut poursuivre jusqu'à Mutton Cove situé à 2,5 km de là. Une petite heure de marche en plus, dans une forêt de kānukas, suffit pour atteindre une plage plus accueillante, ombragée, et dotée d'un camping bien plus vaste.
Il n'y a toujours pas de refuge, mais une quarantaine d'emplacements sur l'herbe, avec des balançoires face à la mer, et les incontournables wekas qui viennent fouiller dans vos affaires pendant que vous admirez les cormorans qui survolent la mer de Tasman.
Whariwharangi Bay et son refuge hanté
À partir de Mutton Cove, on attaque la dernière section de la Great Walk. Sur le papier, il reste environ 9 km à parcourir en trois heures de marche.
Sur le papier, il serait tentant de finir rapidement, mais ce serait dommage de bâcler les derniers moments dans le parc, d'autant plus que le parcours réserve encore quelques surprises. C'est pourquoi nous allons prévoir une ultime escale à Whariwharangi Bay
À un moment du parcours en forêt, vous croiserez le sentier alternatif menant au Separation Point qui marque la frontière officielle entre les régions de Tasman Bay et Golden Bay.
Un détour que je ne recommande guère, car le panorama n'a rien d'inoubliable, malgré la présence d'une colonie d'otaries sur les rochers.
Moins habituées à la présence de promeneurs, ces otaries peuvent se montrer agressives si l'on approche de leurs progénitures. Un randonneur allemand en a fait les frais, et il a fallu l'évacuer en hélicoptère vers Nelson après quelques morsures sévères.
Une heure et quart et 2,5 km plus loin, on atteint Whariwharangi Bay, la dernière grande plage du parc. Balayée par les vents du nord, elle offre 880 m de sable bordés par deux caps rocheux.
Par temps clair, on aperçoit Farewell Spit à l'horizon, tandis que la marée basse révèle de larges bancs de sable qui accentuent le charme de ce coin perdu. Le sentiment d'isolement est total.
Caché à 200 m dans les terres, le refuge du DOC mérite le détour. Installé dans une ferme en bois de 1897, abandonné entre 1926 et 1980 puis réaménagé, il dégage une atmosphère singulière qui évoque le Far West. On lui prête même une réputation de maison hantée !
Des récits évoquent des bruits étranges, des planchers qui craquent sans raison, des murmures entendus à l'étage. Pour ma part, je me demande si tout ceci ne serait pas plutôt l'œuvre des wekas, ou même d'un kiwi qu'on entend parfois râler dans l'obscurité !
Quoi qu'il en soit, c'est l'endroit idéal pour passer une dernière nuit dans le parc et vérifier s'il existe une vie après la mort.
Et si le refuge vous donne des sueurs froides, vous pourrez toujours planter votre tente à proximité, sur l'un des quarante emplacements de la clairière voisine.
Wainui, la fin de la randonnée
Depuis Whariwharangi, l'ultime section d'Abel Tasman occupe 5,7 km et 1h45 de marche. Elle présente le plus fort dénivelé du parc (170 m), mais ce n'est qu'une montée en forêt suivie d'une descente identique. Un parcours quelque peu mélancolique accompagné du chant des oiseaux.
À l'instar de Mārahau, l'arrivée à Wainui comprend un portail maori sculpté (waharoa), construit en partenariat avec les iwis Ngāti Tama, Ngāti Rārua et Te Ātiawa). Ce n'est pas un simple ornement, mais un passage symbolique entre la nature sauvage et le monde moderne.
Et je peux vous assurer qu'après plusieurs jours de marche dans la nature, loin des préoccupations quotidiennes, franchir ce portail est un moment fort. De l'émotion, bien sûr, mais aussi une fierté légitime, car pour les adultes comme pour les plus jeunes, cette aventure restera gravée à vie.
Se pose ensuite la question du retour ! Rebrousser chemin n'est pas une option sérieuse, et comme les bateaux-taxis ne remontent pas jusqu'à Wainui, il faut opter pour un service de navette par la route.
Nous allons y venir, puisqu'il est temps de passer aux questions logistiques maintenant que vous avez découvert l'intégralité du parc et ces merveilles.
Comment choisir un bon camp de base ?
Contrairement à ce que de nombreux visiteurs s'imaginent, Abel Tasman n'est pas un village, mais un parc national. On peut donc l'explorer à pied ou en kayak et dormir dans des lodges, mais essentiellement dans des refuges ou sous la tente.
Certes, on peut atteindre Tōtaranui par la route, mais cela suppose un détour de deux bonnes heures et l'on ne trouve aucun commerce sur place. Il faut donc trouver un camp de base adapté en marge du parc national.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut mettre fin à l'idée saugrenue, souvent présentée dans les guides qui affirme que Nelson pourrait faire l'affaire.
Nelson est à une heure de route de Mārahau (l'entrée du parc), ce qui implique 2h de trajet aller-retour pour une excursion à la journée. C'est excessif et je déconseille formellement cette approche épuisante.
Ce qui nous laisse avec les trois options habituelles que sont Mārahau, Motueka et Kaiteriteri, avec une quatrième possibilité en prime, plus originale, mais plus compliquée, du côté de Golden Bay.
Chaque camp de base ayant naturellement ses avantages et ses inconvénients, je vais les passer en revue et vous pourrez choisir la solution qui vous correspond le plus.
Mārahau, à l'entrée du parc national
L'Abel Tasman Coastal Track débute à Mārahau, ce qui en fait (sur le papier en tout cas) le camp de base idéal pour poser ses valises, que l'on voyage en voiture ou en camping-car.
Parler de village serait quelque peu exagéré. Mārahau, dont le nom signifie « le vent qui emporte les feuilles », est plutôt un ensemble éparse de lodges et de maisons à louer qui a poussé en totale anarchie. On y trouve aussi plusieurs campings bien aménagés.
Parmi eux, l'Old Macdonald's Holiday Park (rien à voir avec le fast-food) et le Mārahau Beach Camp sortent du lot. Ils proposent chacun plus de cinquante emplacements avec des cuisines partagées et toutes les commodités.
S'il faut vraiment choisir, je recommande plutôt le Mārahau Beach Camp qui dispose de davantage d'emplacements avec prise électrique et se trouve à deux pas de l'Abel Tasman Centre qui marque le point de départ des bateaux-taxis.
En voiture, ma recommandation de longue date reste l'Abel Tasman Ocean View Chalets situé dans les hauteurs en forêt.
Le personnel aux petits soins vous aide à réserver vos bateaux-taxis et vous indique même comment observer des vers luisants à la nuit tombée.
Pour se restaurer, le Fat Tui de Mārahau est incontournable. C'est un food truck sans prétention qui sert des burgers généreux avec des frites croustillantes et des glaces. On mange dehors sur des tables en bois et l'ambiance est détendue.
Si vous cherchez une option un plus haut de gamme, mais sans chichi, je suggère le Hooked on Mārahau. Ce restaurant situé juste à côté de l'Abel Tasman Centre (et donc du camping) sert un très bon fish’n chips, des côtelettes d'agneau et des burgers que l'on fait descendre avec une sélection de bières artisanales tout à fait correcte.
Pourquoi chercher plus loin ? Ne faut-il pas tout simplement cocher Mārahau comme camp de base par défaut ? Ce serait oublier qu'il'y a pas de supermarché sur place ! Alors, avant de vous décider, voyons ce que les autres emplacements ont à offrir.
Kaiteriteri, la station balnéaire
À dix kilomètres plus au sud, Kaiteriteri joue dans une autre catégorie. C'est une petite station balnéaire de 500 habitants à l'année, mais qui en accueille dix fois plus en haute saison. Sa plage en forme de croissant, avec un sable orangé identique à celui du parc annonce déjà les merveilles d'Abel Tasman.
On prend des bains de soleil, on se baigne, on embarque en bateau-taxi (plus cher qu'à Mārahau) pour rejoindre le parc national.
On peut aussi louer des vélos pour explorer les quarante sentiers du Kaiteriteri Mountain Bike Park qui propose des pistes gratuites pour tous les niveaux.
Sans surprise, l'offre d'hébergement est bien plus conséquente qu'à Mārahau, et même les campings impressionnent, comme le gigantesque Kaiteriteri Recreation Reserve Campground avec ses 400 emplacements, ou le Bethany Park Holiday Park encore plus haut de gamme.
Kaiteriteri a qui plus est l'avantage de posséder une petite supérette : le Kaiteriteri Store. En revanche, l'offre de restauration déçoit un peu.
Le Beached Whale, le Waterfront ou le Gone Burgers servent une cuisine de fats food sans grande inspiration.
Le contraste avec Mārahau pèse aussi un peu dans la balance. Oubliez le petit coin tranquille, Kaiteriteri est une station balnéaire animée, avec ses familles sur la plage, ses marchands de glaces et ses voitures qui vont et viennent en cherchant une place où se garer.
Et puis, il y a un autre point à ne pas négliger : les dix kilomètres qui séparent Kaiteriteri de Mārahau prennent une bonne vingtaine de minutes en voiture, sur une route sinueuse qui grimpe dans les collines.
C'est le genre de trajet qui donne facilement le mal des transports aux enfants et qu'on évite de répéter si l'on peut.
Certes, ces quelques défauts ne suffisent pas à effacer toutes les qualités de Kaiteriteri, mais quitte à trouver une ambiance animée, pourquoi ne pas envisager carrément d'aller à Motueka ?
Motueka, la grande ville
À une quinzaine de kilomètres plus au sud se trouve la ville de Motueka, ou plus familièrement « Mot » comme l'appellent les locaux. C'est en général le plan de secours pour les voyageurs qui s'y prennent trop tard pour réserver à Mārahau ou Kaiteriteri.
Pourtant, loin d'être un choix par défaut, c'est une alternative tout à fait crédible avec ses points forts.
Car Motueka qui compte 8000 habitants est une véritable ville qui offre tout le confort moderne. On y trouve même trois grands supermarchés (New World, The Warehouse et Woolworths), ce qui en fait une halte incontournable pour faire le plein de provisions, surtout quand on voyage en camping-car.
Côté hébergement, on trouve de tout ! Le Motueka Top 10 Holiday Park est un camping payant haut de gamme, mais l'on peut passer la nuit aussi dans des motels bon marché et d'autres logements plus cosy si l'on a les moyens.
La ville est seulement 25 minutes (17 km) du parc d'Abel Tasman si l'on évite le détour par Kaiteriteri qui doublerait inutilement le trajet. Une distance tout à fait acceptable !
Et puis, Motueka compense son absence de plage avec des rues fleuries et une offre gastronomique bien plus variée. Le choix est vaste avec une vingtaine d'adresses regroupées le long de la SH60.
La dominante est asiatique et indienne, ce qui change agréablement des burgers et autres fish'n chips omniprésents dans le pays.
Pour ma part, je fais souvent halte au Village Café Motueka. L'endroit ne paie pas de mine, mais il est très apprécié des locaux. Leur bagel au saumon et les œufs pochés sont un régal, surtout accompagnés d'un flat white brûlant que l'on prend à emporter avant de filer vers Mārahau.
Le soir, les calories dépensées sur les sentiers de randonnée vous autorisent un passage au Smoking Barrel.
On y grille de la poitrine de bœuf fumée, du porc effiloché et des ailes de poulet. Et pour quelque chose de plus léger, on ira au Chokdee, un bon restaurant thaï avec des plats exotiques savoureux.
Tout ceci concourt à faire de Motueka un camp de base fonctionnel et agréable, même si l'on perd évidemment le charme rustique de Mārahau et surtout la plage de Kaiteriteri. Un compromis est-il possible ?
Golden Bay pour éviter la foule ?
Si vous jetez un coup d'œil à la carte, vous verrez que le parc d'Abel Tasman commence dans la région de Tasman, mais rejoint la Golden Bay.
Pour se rendre à l'extrémité nord, il faut donc franchir les Takaka Hills, en suivant une route sinueuse de 70 km (1h20 environ).
C'est un sacré détour, mais la question mérite d'être posée si vous avez prévu d'explorer Wharariki Beach, Farewell Spit ou Te Hapu. Dans ce cas, pourquoi ne pas attaquer Abel Tasman par le nord du parc en se logeant à Takaka ?
Ambiance baba cool garantie, dans un village charmant avec ses galeries d'art, ses cafés, et même un supermarché FreshChoice pour faire les courses. Mais c'est surtout l'ambiance de Tata Beach qui séduit, avec une vaste plage dorée et des maisons de vacances à louer.
On emprunte ensuite la route sur une dizaine de kilomètres jusqu'au parking de Wainui pour retrouver le départ (ou l'arrivée) officiel du sentier côtier. Mais l'isolement a un prix, car les bateaux-taxis ne rejoignent pas la Golden Bay.
Il faut alors recourir aux services de l'entreprise locale Golden Bay Kayaks pour louer un kayak sur plusieurs jours ou se rendre à Tōtaranui directement par la route (environ 40 min pour 17 km).
De la sorte, vous explorez le dernier tiers du parc à la rame, en dormant dans les campings DOC ou en vous contentant d'une marche aller-retour, vers Onetahuti Bay.
Tout ceci demande un peu plus d'organisation, et si l'agence locale partenaire peut vous organiser tout cela efficacement en gommant les difficultés, il vaut mieux opter pour un camp de base plus traditionnel si vous vous organisez seul.
En tout cas, pour randonner sereinement, il vaut mieux bien étudier son parcours. La question des préparatifs est cruciale, et je vais l'aborder en détail pour que vous n'oubliiez rien dans votre sac à dos.
Comment préparer l'Abel Tasman Coast Track ?
Organiser une Great Walk comme celle d'Abel Tasman n'est pas un exercice simple. Nous parlons ici d'un itinéraire soumis aux caprices des marées et qui réserve des surprises à ceux qui négligent leurs préparatifs.
Certes, peu de visiteurs s'attaquent à la totalité du parc, et l'écrasante majorité opte pour l'exploration d'une ou deux sections en fonction du temps imparti.
Dans cette optique, les bateaux-taxis jouent un rôle essentiel, car ils permettent de sauter des étapes pour faire la randonnée dans un sens ou dans l'autre.
Mais même ainsi, on ne peut tout de même pas partir dans le parc national avec les mains dans les poches !
Que l'on opte pour une randonnée d'une journée ou sur plusieurs jours, il est essentiel de bien s'équiper, connaître les consignes de sécurité, les distances à parcourir et le fonctionnement des campings. Cette partie du guide rassemble justement les informations essentielles à garder en tête.
Vêtements et équipement indispensable
Pour une sortie à la journée, inutile de vous transformer en sherpa. Une bonne paire de baskets suffit pour suivre ce sentier facile s'il n'a pas plu la veille.
Prévoyez de l'eau potable en quantité, un pique-nique, une serviette et un maillot de bain pour la baignade (si vous visitez le parc en été). Sans oublier la crème solaire en toute saison, car le soleil tape fort en Nouvelle-Zélande.
On ne soulignera jamais assez combien le climat néo-zélandais est capricieux ! Même un grand ciel bleu peut céder la place à une tempête en moins d'une heure.
Alors, méfiez-vous quand les applications météo affichent un soleil avec un petit nuage et des gouttes ! S'il ne faut forcément renoncer à cause d'un temps incertain, il faut cependant parer à toute éventualité. Un imperméable compact ne prend pas de place dans un sac, et peut vous sauver la mise.
Mais si vous prévoyez un parcours plus long, c'est en revanche une autre affaire ! Parcourir 60 à 80 km en trois à cinq jours avec des nuits en camping ne s'improvise pas. Il faut cette fois de véritables chaussures de randonnée, un sac à dos adapté, et surtout l'équipement pour cuisiner, dormir, et se garder au sec ou au chaud.
Une tente légère, un matelas de sol, un duvet résistant sont des éléments à ne pas négliger, même si l'on privilégie des nuits en refuge.
Et puis, n'oublions pas les petits accessoires auxquels on pense toujours trop tard : une batterie externe, des pastilles pour purifier l'eau, une cordelette pour faire sécher ses affaires, des pansements pour les ampoules, etc.
Mais le piège inverse consiste à être trop prévoyant ! On se charge à l'excès pour « parer à toute éventualité », et l'on finit lessivé après quelques kilomètres. Trouver un équilibre prend du temps !
Alors, étudiez bien le tracé, et ne cherchez pas boucler toute la piste en trois jours si vous avez déjà du mal à faire 20 km d'une traite ! Le sentier est peut-être très accessible, mais il faut rester lucide sur ses capacités physiques, à fortiori si vous voyagez avec des enfants.
Consignes de sécurité dans le parc
Avec un dénivelé modéré qui dépasse rarement les 150 m, des plages à traverser plutôt que des cols à franchir, Abel Tasman est sans conteste la Great Walk la plus facile du pays.
Par conséquent, les statistiques d'accidents sont parmi les plus basses de Nouvelle-Zélande. Faut-il pour autant baisser sa garde ?
Quelques sections longent des falaises, mais sans jamais vraiment s'approcher du bord. Le seul endroit un peu plus exposé où les enfants devraient être surveillés de plus près se situe entre Whariwharangi et Wainui, c'est-à-dire à la pointe nord où presque personne ne va.
Pas de serpents (il n'y en a pas en Nouvelle-Zélande) ni d'araignées dangereuses, mais une armée de moustiques et de sandflies qui se manifestent à la tombée de la nuit. Le répulsif les met en déroute, mais la moustiquaire ne sera pas du luxe dans une tente.
Les guêpes sont aussi présentes autour des points d'eau ou des zones de pique-nique. Si vous êtes allergique, ne partez pas sans antihistaminique, car ce n'est pas ici que vous trouverez une pharmacie, ni même du réseau pour appeler des secours !
Oublier la crème solaire est sans doute l'une des pires erreurs que vous puissiez commettre ! Mais les véritables dangers viennent surtout de comportements imprudents ou irréfléchis sur le parcours.
Tenter de traverser les estuaires d'Anchorage, Bark Bay, Awaroa ou Wainui Bay au mauvais moment pourrait mal finir où tout simplement gâcher la visite en faisant manquer le bateau taxi du retour.
En kayak, les risques sont en revanche bien plus sérieux et réels ! Les statistiques officielles d'accidents étant faussées par la qualité de l'encadrement assuré par les guides.
Si le temps tourne, la houle peut se former très vite et retourner les embarcations. Ce n'est pas pour rien si les sorties sont annulées quand le vent souffle fort. J'ai déjà vu des moniteurs regrouper des kayaks et improviser une voile de fortune pour tirer d'affaire des vacanciers surpris par la météo.
En soi, le kayak de mer en tandem est très stable, mais il peut chavirer ! Ce n'est pas pour rien qu'on apprend sur la plage comment s'extraire d'un kayak retourné ! Une manoeuvre qui ne s'improvise pas.
Et puis, il faut parler des risques que les campeurs font aussi courir au parc ! Le feu est strictement interdit sauf à Anchorage. Le moindre incendie serait catastrophique dans une zone aussi isolée, alors il faut s'interdire de pratiquer le barbecue sauvage !
Dans le même esprit, on demande à chaque randonneur d'utiliser exclusivement les toilettes prévues dans chaque camping, et de ne laisser aucun déchet derrière soi. Une consigne qui est très largement respectée, mais qu'il faudra marteler jusqu'à la fin des temps, notamment au niveau des campings.
Les campings pour dormir dans le parc
Avec une Great Walk qui s'étale sur 3 à 5 jours, il va bien falloir dormir et cuisiner quelque part, car les sandwichs ne résistent pas longtemps à la chaleur d'un sac à dos. Et je ne parle même pas de l'eau potable qui sera vite épuisée lorsque le soleil cogne.
Heureusement, avec 18 campings répartis tout au long du sentier, Abel Tasman ne relève pas du stage commando.
C'est d'ailleurs l'un des charmes particuliers de ce parc qui permet de bivouaquer sur des plages désertes en se prenant pour Robinson Crusoë, mais avec des toilettes à proximité.
Veuillez noter que tous les campings sont gérés par le DOC et soumis à réservation, que l'on dorme dans un refuge ou sous la tente ! Un Ranger contrôles les autorisations et applique des amendes le cas échéant.
Au niveau du budget, les emplacements pour camper sont évidemment plus abordables que les refuges, mais la multiplication des nuits dans le parc fait grimper l'addition en flèche, surtout si l'on randonne en famille !
Et comme le nombre de places est limité, il vaut mieux réserver bien en amont, dès l'ouverture officielle des créneaux (généralement quelques mois à l'avance) sur le site du DOC qui indique aussi les éventuelles fermetures temporaires pour travaux ou rénovation des installations.
Négliger les réservations peut vous contraindre à reprendre la marche pour rejoindre le camping suivant ! C'est pourquoi l'on devrait toujours prévoir une lampe frontale et une tente, même légère, pour les cas d'urgence.
Et puis, les nuits sont fraîches en bord de mer (même en été), et le sac de couchage est tout sauf optionnel, y compris dans les refuges où il n'y a ni chauffage ni couverture.
Des soucis que les voyageurs plus à l'aise financièrement balayent d'un revers de la main en réservant des lodges à Torrent Bay et Awaroa. Comble du luxe, ils pourront bénéficier de douches chaudes et d'un diner au restaurant avant d'aller retrouver Morphée dans un lit douillet.
Les puristes grinceront peut-être des dents, mais personne n'a dit que Robinson n'avait pas droit à un peu de confort. Et puis, la pizzeria d'Awaroa est ouverte à tout le monde désormais !
Temps de trajets et distances
La question des distances et des durées est cruciale, quel que soit le parcours envisagé, elle ne doit pas être prise à la légère !
Pour réaliser l'intégralité de l'Abel Tasman Coast Track, le Département de la Conservation indique une distance de 60 kilomètres à parcourir en aller simple sur trois à cinq jours.
Ces chiffres ne prennent pas en compte les détours vers des plages isolées ou les randonnées alternatives qui portent plutôt la distance à 80 voire 90 km si l'on explore le parc à fond.
D'ailleurs, l'itinéraire que j'ai présenté couvre 68 km. Une distance justifiée par l'ajout de quelques visites que j'estime incontournables.
Même ainsi, c'est une distance calculée sur la base d'un parcours optimal qui tire systématiquement parti des marées basses. Dans le cas contraire, une distance de 75 km serait une estimation plus réaliste.
Pour vous aider à voir clair, voici les étapes clés du parc d'Abel Tasman, avec les distances réelles et les durées estimées pour un marcheur ordinaire :
Départ | Arrivée | Durée | Distance |
---|---|---|---|
Mārahau | Tinline Bay | 35 min | 2,4 km |
Tinline Bay | Coquille Bay | 15 min | 0,6 km |
Coquille Bay | Apple Tree Bay | 40 min | 2,6 km |
Apple Tree Bay | Te Puketea Bay | 2h20 | 8,3 km |
Apple Tree Bay | Anchorage | 2h | 6,9 km |
Anchorage | Te Puketea Bay | 20 min | 0,9 km |
Te Puketea Bay | Pitt Head Lookout | 12 min | 0,8 km |
Pitt Head Lookout | Anchorage | 30 min | 1,6 km |
Anchorage (marée basse) | Torrent Bay | 20 min | 0,85 km |
Anchorage (marée haute) | Torrent Bay | 1h40 | 4,8 km |
Anchorage | Cleopatra Pool | 45 min | 2,2 km |
Torrent Bay | Sandfly Bay | 1h30 | 4,7 km |
Sandfly Bay | Bark Bay | 1h | 3,3 km |
Bark Bay (marée basse) | Onetahuti Bay | 1h45 | 4,6 km |
Bark Bay (marée haute) | Onetahuti Bay | 2h | 6,4 km |
Onetahuti Bay | Awaroa | 2h20 | 7,1 km |
Awaroa | Tōtaranui | 2h30 | 7,1 km |
Tōtaranui | Anapai Bay | 1h | 2,6 km |
Anapai Bay | Mutton Cove | 1h | 2,5 km |
Mutton Cove | Wharawharangi | 1h15 | 3,2 km |
Wharawharangi | Wainui | 1h45 | 5,7 km |
Des durées de marche qui correspondent à celles fournies par le Département de la Conservation (DOC). On peut les considérer comme raisonnables, mais à condition d'être là pour savourer l'expérience, et non pour battre des records !
Car ces durées ne prennent pas en compte les pauses contemplatives, les baignades ou les détours imprévus pour prendre une otarie en photo. Si un rythme de sénateur peut vous mettre dans l'embarras, arriver en avance en devant attendre un bateau taxi sur une plage n'est pas un drame.
Cela dit, je vous invite à garder tout de même un œil sur la montre. D'expérience, cela ne sert pas tant pour se hâter, mais pour lever le pied. On ne visite pas le parc d'Abel Tasman tous les jours, alors pourquoi faire la course ?
En revanche, il ne faut JAMAIS se fier aux estimations de Google Maps pour planifier ses étapes, car l'algorithme de la firme californienne calcule les distances de manière fantaisiste.
Google annonce 3,6 km sur le segment de Torrent Bay à Bark Bay, tandis que le DOC calcule 7,8 km (sic).
Ceci dit, le GPS est bien utile si l'on a eu la bonne idée de télécharger la carte hors ligne du parc d'Abel Tasman avec l'application mobile Alltrails.
En tout cas, vous savez maintenant l'essentiel, alors nous allons pouvoir aborder sereinement la question du découpage de l'itinéraire selon le nombre de jours dont vous disposez dans le parc.
Comment explorer le parc à pied ?
On peut explorer le parc d'Abel Tasman à pied, en kayak, ou en combinant les deux. Des combinaisons encore plus nombreuses si l'on sollicite les services d'un guide ou d'un bateau taxi. Comme le dit si bien l'adage : trop de choix tue le choix !
Dans les faits, l'immense majorité des visiteurs se contente d'une randonnée autonome à la journée, en s'appuyant sur les bateaux-taxis pour se faire déposer ou rapatrier à différents points du parc.
C'est simple, efficace, et cela permet de profiter du meilleur d'Abel Tasman sans s'encombrer d'un sac à dos trop lourd. Mais entre les baies à choisir, les horaires de bateau-taxi, et les distances à parcourir, on peut vite se décourager.
Soyons clairs. L'objectif n'est pas de marcher le plus vite possible ni d'enchaîner les plages comme un marathonien avec les yeux rivés à la montre.
Ce serait passer à côté de l'esprit d'un parc où l'on vient aussi pour se baigner, pique-niquer ou tout simplement contempler le paysage en écoutant le chant mélodieux des oiseaux.
Je vais donc vous aider à choisir en laissant de côté le parcours complet, déjà décrit en détail, pour me concentrer sur les sorties à la journée et les combinaisons les plus courantes de randonnée, avec ou sans bateau-taxi, avant d'aborder le kayak.
La randonnée la plus économique
Si vous cherchez une formule simple et gratuite pour découvrir Abel Tasman, sachez qu'il est tout à fait possible de randonner à la journée depuis Mārahau.
L'option la plus répandue consiste à marcher jusqu'à Apple Tree Bay avant de rebrousser chemin. Cela représente une dizaine de kilomètres, soit environ trois heures de marche, pauses comprises.
Avec des enfants de moins de cinq ans, on préfère même s'arrêter un peu plus en amont vers Tinline Bay. Ce qui représente déjà 5 km (A/R) pour une petite heure de marche, et fait amplement l'affaire pour une demi-journée de plage.
Les randonneurs plus ambitieux (sans enfants ou avec des adolescents motivés) peuvent pousser jusqu'à Anchorage avant de rentrer. Comptez alors 25 km et 8 h de marche intensive.
Le concept en soi est peut-être économique, mais l'on emprunte la portion la moins spectaculaire du parc. On y trouve de belles plages, certes, mais sans commune mesure avec les paysages du nord.
C'est pourquoi je conseille vraiment de recourir au bateau-taxi pour accéder à des sections plus éloignées du parc, si votre budget l'autorise bien entendu.
Les randonnées avec recours au bateau-taxi
Quatre compagnies de bateau-taxi desservent le parc, mais seule Abel Tasman Sea Shuttles part de Kaiteriteri, tandis que les autres opèrent depuis Mārahau.
La mise à l'eau des bateaux est assurée par des tracteurs, et les premiers départs vers le nord ont lieu généralement vers 9 h.
Les bateaux-taxis vont ainsi desservir Anchorage, Torrent Bay, Bark Bay, Onetahuti, Awaroa et Tōtaranui avant de rebrousser chemin en marquant les mêmes arrêts au retour.
Le cas de Torrent Bay est un peu particulier, car il s'agit d'une baie résidentielle. Les navettes y déposent donc des passagers sur demande, mais ne récupèrent personne au retour, excepté les clients des lodges.
En réalité, les tarifs sont quasiment identiques d'une compagnie à l'autre (je détaillerai cela dans la section budget), et ce sont plutôt les horaires et les temps de trajet qui devraient vous intéresser.
À ce sujet, une erreur fréquente consiste à planifier sa journée en fonction de la durée des randonnées, tout en oubliant que les trajets en bateau-taxi prennent aussi du temps.
Il faut par exemple compter 2h en mer pour relier Mārahau à Tōtaranui à cause des escales en chemin. C'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle aucun bateau-taxi ne n'opère au-delà de cette section lointaine du parc.
Dans cette optique, une astuce intéressante consiste à se faire déposer au nord du parc pour marcher ensuite en direction du sud. Ce qui permet de faire quelques économies, car les compagnies de bateaux-taxis facturent à la distance parcourue.
Quelle combinaison de randonnée choisir ?
Avant d'aller plus loin, je vous invite à consulter les horaires des marées. Les estuaires d'Anchorage, Bark Bay et Awaroa sont franchissables à pied lorsque la mer est basse, et vous perdrez un temps précieux dans le cas contraire.
Une fois les horaires récupérés (vous les trouverez sur le site du DOC), il faut analyser les durées de marche entre les sections du parc qui vous intéressent et s'assurer que vous aurez le temps d'arriver à l'heure au point de rendez-vous.
C'est encore trop compliqué pour de nombreux visiteurs qui préfèrent simplifier les choses en se faisant déposer à Anchorage pour revenir tranquillement à pied à Mārahau. Les 4 h de marche, avec quelques pauses baignade sont plaisantes, mais il existe de meilleures approches.
Pour vous aider, j'ai préparé trois randonnées à la difficulté croissante, qui ont en commun d'être compatible avec les horaires des bateaux-taxis en haute comme en basse saison.
Ce sont de véritables randonnées et il ne faudra pas trop traîner. Mais si vous marchez à un rythme régulier, vous arriverez avec suffisamment d'avance pour profiter de la plage quand l'eau aura eu le temps de se réchauffer au soleil !
Ces itinéraires offrent un excellent compromis entre effort physique et panoramas spectaculaires. Même s'il existe, bien sûr, d'autres combinaisons possibles en fonction des marées et du niveau physique des participants !
En tout cas, je vous invite à en discuter tranquillement avec votre conseiller lorsque vous demanderez un devis gratuit. Il saura vous aider pour ajuster votre planning au mieux.
La randonnée de Bark Bay à Anchorage
Notre première randonnée est un grand classique d'Abel Tasman, avec un itinéraire conseillé par la plupart des locaux quand on les questionne sur le parc.
On part de Mārahau à 9h en bateau taxi et l'on débarque à Bark Bay vers 10h. De là, on marche vers le sud en direction Anchorage où la dernière navette de retour passe à 16h.
Ce qui laisse six bonnes heures devant soi pour parcourir 8,85 km en 3 h ou 12,8 km en 4 h selon le niveau de la marée à Torrent Bay. De la sorte, on dispose de 2-3 h de marge pour paresser sur la plage ou piquer une tête.
C'est une formule sans stress et faisable avec des enfants de sept ans, ou même plus jeunes s'ils sont motivés (ou portés). Avec un dénivelé aussi faible, c'est faisable, et même agréable puisque l'on peut s'en sortir à temps, quelle que soit la marée.
La randonnée de Awaroa à Bark Bay
Le tempo est cette fois plus serré, mais l'itinéraire est un peu moins dépendant de la marée. Avec un départ de Mārahau à 9h en bateau-taxi et une arrivée à Awaroa vers 10h30, il faut rejoindre Bark Bay avant 15h45, ce qui laisse 5h15 pour y parvenir.
Le trajet fait 11,7 km soit 4 h de marche si la marée est basse ou 13,5 km pour 4h20 si la marée est haute. Dans le pire des cas, on dispose de presque une heure de marge, ce qui autorise quelques pauses.
Car ce n'est clairement pas une randonnée pour flâner, mais pour tirer le meilleur parti d'une journée dans le parc national.
Une excursion néanmoins faisable avec des adolescents capables de suivre le rythme. Les paysages valent largement l'effort, et la plage de Bark Bay à l'arrivée est un petit bijou.
La randonnée de Bark Bay à Mārahau
Cette dernière approche s'adresse uniquement aux marcheurs chevronnés qui aiment randonner toute la journée et connaissent leurs limites.
On embarque à Mārahau à 9h et l'on débarque à Bark Bay à 10h pour revenir à pied au point de départ.
L'avantage étant de n'avoir aucune contrainte horaire, mis à part le coucher du soleil, puisqu'il n'y a pas besoin d'emprunter une navette au retour.
En fonction de la marée de Torrent Bay, il faut marcher 21 km en 6h30 ou 25 km en 7h40. Ce sont des estimations moyennes, car un très bon marcheur peut largement s'en sortir en 5h30 s'il passe à marée basse.
Un sacré périple, mais qui revient moins cher, puisque l'on ne paie qu'un aller simple en bateau taxi. À la clé, une immersion totale dans le parc et un sentiment d'accomplissement en fin de journée, même si l'on pourrait regretter de n'avoir pas pagayé en chemin.
Les excursions guidées en kayak
La plupart des visiteurs explorent Abel Tasman sans guide, car il est impossible de se perdre sur un sentier facile et parfaitement balisé. En kayak, c'est une autre histoire, et l'accompagnement prend tout son sens, surtout si l'on n'a jamais pratiqué la discipline.
Les débutants s'imaginent d'ailleurs parfois qu'il suffit de grimper dans un kayak comme dans une barque (y compris avec des enfants), pour aller plus loin et plus vite.
On n'est pourtant guère plus rapide en longeant la côte, et si les loueurs de kayak n'acceptent pas les participants de moins de 12 ans, ce n'est pas sans raison.
La sécurité en kayak
Oubliez les kayaks de loisir « sit-on-top » prévus pour les eaux calmes. À Abel Tasman, on utilise des kayaks de mer en tandem. Des modèles biplaces, longs et effilés, où l'on s'installe en fixant une jupe étanche autour de la taille pour empêcher l'eau d'entrer.
Ces kayaks sont conçus pour la stabilité en mer, mais un manque de coordination ou une mauvaise vague peuvent néanmoins les faire chavirer, même si ce n'est pas fréquent.
Il faut donc savoir nager pour pratiquer cette discipline, et savoir garder son sang-froid en cas de problème pour desserrer la jupe et pousser sur la coque avec les mains dans le dos pour s'extraire.
Une manœuvre déjà difficile à effectuer sous l'eau pour un adulte, alors vous imaginez les conséquences pour un enfant paniqué.
C'est d'ailleurs pourquoi les sorties encadrées en kayak sont préférables. Les accompagnateurs vous forment sur la plage, facilitent la mise à l'eau, et pagaient à vos côtés tout en présentant le parc national.
Avec un café au thermos en chemin, une collation sur la plage, et des récits de légendes maories, l'ambiance est à la détente, mais le professionnalisme reste constant.
Qui plus est, de telles sorties permettent de combiner intelligemment la marche et le kayak. On peut ainsi se faire déposer en bateau sur une plage et marcher jusqu'à la suivante avant de poursuivre en kayak, sans se soucier de la logistique.
On rentre ensuite en bateau-taxi en ayant profité pleinement de l'expérience, et sans subit les inconvénients habituels des sorties en groupe.
Est-ce la meilleure manière d'explorer le parc ? Selon mon expérience, seule l'intégralité de la Great Walk, ou un parcours plus long avec des nuits en camping, peuvent surpasser l'approche en kayak qui n'a que des avantages.
Quel tour opérateur choisir ?
Certaines compagnies proposent de louer simplement des kayaks aux particuliers (toujours en tandem par sécurité), et c'est une formule que l'on peut tout à fait envisager si l'on a l'expérience qui va avec !
Voici à titre d'exemple les principaux temps de trajets en kayak pour explorer Abel Tasman en totale autonomie :
Départ | Arrivée | Durée en kayak |
---|---|---|
Mārahau | Watering Cove | 3 h |
Mārahau | Anchorage | 4 h |
Anchorage | Bark Bay | 2 h |
Bark Bay | Onetahuti | 1 h 30 min |
Néanmoins, si l'on n'a jamais fait de kayak de sa vie, à fortiori en mer, il faut évidemment opter pour une excursion guidée et trouver le bon tour opérateur.
Kiwipal recommande Abel Tasman Kayaks qui propose des formules bien pensées, et à un prix raisonnable depuis 1986 !
Excursion randonnée et kayak
La formule « Kayak and Walk » combine une matinée de randonnée autonome tandis que l'après-midi de kayak est encadrée par des professionnels.
Le seul bémol étant que la marche se déroule sur la partie sud du parc qui n'est pas la plus spectaculaire.
À 200 $ par personne, c'est le meilleur tarif pour un combo de ce type, et un bon compromis pour découvrir deux parties du parc à la journée. Voici le détail du programme :
Heure | Activité |
---|---|
8h15 | Accueil et explication du planning |
8h30 | Marche de Mārahau à Observation Beach (3 h) |
12h15 | Pique-nique sur la plage |
13h00 | Formation au kayak sur la plage |
13h30 | Kayak guidé jusqu'à Mārahau (2h) |
16h00 | Retour à Mārahau en bateau-taxi |
Attention, cette sortie n'est possible que de septembre à la fin mai.
Le retour à 16h peut sembler un peu tôt, mais les 3h de marche et les 2h de kayak vont faire travailler vos jambes comme vos bras. Et s'il vous reste encore un peu d'énergie, rien ne vous empêche de filer voir le célèbre « Split Apple Rock » en fin de journée.
Excursion en kayak à Tonga island
Cette seconde excursion en kayak vous emmène plus au nord du parc, avec un trajet en bateau-taxi à l'aller comme au retour.
Plus onéreuse (environ 320 $ par personne), elle se concentre uniquement sur la section côtière entre Awaroa et Bark Bay.
Le point d'orgue étant la découverte de la réserve marine de Tonga Island avec sa colonie d'otaries à fourrure.
Heure | Activité |
---|---|
8h15 | Accueil et briefing avec le guide |
8h30 | Départ en bateau-taxi |
9h45 | Arrivée à Awaroa |
10h00 | Formation au kayak sur la plage |
10h15 | Kayak guidé d'Awaroa à Bark Bay (4h) |
13h15 | Pique-nique vers Onetahuti |
15h30 | Arrivée à Bark Bay |
15h45 | Retour à Mārahau en bateau-taxi |
Attention, cette sortie n'est possible que d'octobre à la fin avril.
Avec une durée totale de 7h30, cette aventure est accessible aux débutants, mais demande une bonne condition physique. Ce n'est pas un marathon (on ne pagaie évidemment pas tout du long), mais sans activité sportive régulière, quelques courbatures sont à prévoir le lendemain.
Quel budget prévoir pour visiter Abel Tasman ?
Vous avez désormais une vue d'ensemble assez claire du parc d'Abel Tasman, avec les différentes manières de l'explorer. Cependant, la question cruciale du budget reste à aborder... sans langue de bois !
Car le budget qui dépend de la durée du séjour peut exploser si l'on voyage en famille. Je vais donc passer en revue les tarifs des campings, des bateaux-taxis et je vous donnerais un récapitulatif sur les différentes combinaisons possibles.
Quel budget pour les campings dans le parc ?
Comme vous le savez peut-être déjà, tous les parcs nationaux néo-zélandais sont gratuits. En revanche, les refuges et campings ne le sont pas forcément, notamment à Abel Tasman où ils sont tous payants pour financer les activités du Département de la Conservation.
La liste des terrains de campings et refuges se trouve dans la section « infos pratiques » de ce guide, mais je tiens à souligner que la réservation est obligatoire et que le camping sauvage (ou sans réservation) est passible d'amende.
Pour simplifier l'organisation, les tarifs ont été uniformisés , mais ils varient toujours selon la saison ! Voici par exemple les prix si vous comptez passer la nuit sous la tente :
Réservation des campings | Adulte | Enfant |
---|---|---|
1er octobre – 30 avril | 31 $ | 15 $ |
1er mai – 30 septembre | 21 $ | 10 $ |
Ces tarifs indicatifs sont revus chaque année, et ils peuvent avoir évolué depuis notre dernière mise à jour.
Les refuges (huts) sont presque trois plus chers et se remplissent très vite en haute saison, avec des réservations du DOC qui ouvrent plusieurs mois à l'avance.
Réservation des refuges | Adulte | Enfant |
---|---|---|
1er octobre – 30 avril | 84 $ | 42 $ |
1er mai – 30 septembre | 42 $ | 21 $ |
Les tarifs réduits vont concerner les jeunes de 5 à 17 ans, et la gratuité s'applique en dessous.
Quel budget pour le bateau-taxi ?
Le bateau-taxi n'est évidemment pas gratuit et son coût élevé pousse certains visiteurs à se contenter d'une randonnée rapide depuis Mārahau, ou à n'opter que pour un seul trajet en mer.
On sera d'ailleurs surpris de constater que l'écart entre une sortie comprenant deux trajets en bateau-taxi n'est pas si éloigné d'une visite guidée en kayak qui comporte aussi ces trajets en mer. Quitte à casser sa tire-lire, cela demande réflexion ...
Mais pour vous donner une idée plus précise, voici les fourchettes de prix pour les trajets en bateau-taxi, tout en sachant que les tarifs varient très peu d'une société à l'autre (à peine quelques dollars). Les enfants paient en général moitié prix, et les moins de 5 ans voyagent gratuitement.
Une taxe environnementale de 5 $ par trajet en bateau-taxi (par personne) a été instaurée. J'ai donc intégré ce supplément aux tarifs ci-dessous pour éviter les mauvaises surprises.
Départ | Destination | Tarif adulte | Tarif enfant |
---|---|---|---|
Mārahau | Anchorage | 59 $ | 32 $ |
Mārahau | Torrent Bay | 59 $ | 32 $ |
Mārahau | Bark Bay | 62 $ | 34 $ |
Mārahau | Onetahuti | 62 $ | 34 $ |
Mārahau | Awaroa | 68 $ | 37 $ |
Mārahau | Tōtaranui | 70 $ | 38 $ |
Kaiteriteri | Anchorage | 57 $ | 31 $ |
Kaiteriteri | Torrent Bay | 57 $ | 31 $ |
Kaiteriteri | Bark Bay | 61 $ | 33 $ |
Kaiteriteri | Onetahuti | 62 $ | 34 $ |
Kaiteriteri | Awaroa | 66 $ | 36 $ |
Kaiteriteri | Tōtaranui | 69 $ | 37 $ |
Sans surprise, la compagnie Abel Tasman Sea Shuttles qui opère depuis Kaiteriteri (une ville plus éloignée du parc) est un peu plus chère que ses concurrentes au départ à Mārahau.
En haute saison (de décembre à fin avril), les compagnies de bateau-taxi assurent plusieurs départs par jour. La demande est suffisamment forte, pour justifier une réservation bien en amont ! En été, n'espérez pas embarquer en réservant le jour même, à moins d'avoir de la chance.
En hiver (de mai à septembre), l'affluence est moindre, mais les départs sont aussi moins fréquents. S'il est possible de réserver de la veille au lendemain, on évite tout de même de se présenter en dernière minute et l'on surveille les horaires qui changent pour s'adapter à des journées plus courtes.
Le parc est-il trop cher pour vous ?
Les campings, refuges, excursions et bateaux-taxis représentent un budget conséquent pour un parc national où la météo reste imprévisible.
C'est un pari que l'on fait en prenant un risque, même si une partie des frais peut être remboursée en cas d'annulation justifiée.
Pour vous donner une idée plus précise, je vous ai préparé quelques projections pour les scénari classiques. L'idée n'est pas de tout chiffrer dans les moindres détails, mais de vous offrir une estimation réaliste du budget à prévoir.
Ces montants n'incluent pas les frais annexes (nourriture, matériel, etc.) ni les nuits autour du parc à Mārahau, Kaiteriteri, Motueka ou Golden Bay.
Les prix sont indiqués en dollars néo-zélandais, mais le montant rapporté en euros est déjà moins intimidant. Ce sont des estimations, et l'agence locale partenaire de Kiwipal dispose souvent de tarifs préférentiels plus intéressants.
Type de visite | Total |
---|---|
Randonnée sans bateau-taxi | 0 $ |
Randonnée 1 trajet bateau-taxi (1 adulte) | 59 $ |
Randonnée 1 trajet bateau-taxi (couple) | 118 $ |
Randonnée 1 trajet bateau-taxi (couple 2 enfants) | 158 $ |
Randonnée A/R bateau-taxi (1 adulte) | 118 $ |
Randonnée A/R bateau-taxi (couple) | 236 $ |
Randonnée A/R bateau-taxi (couple 2 enfants) | 316 $ |
Excursion randonnée kayak (1 adulte) | 199 $ |
Excursion randonnée kayak (couple) | 398 $ |
Excursion randonnée kayak (couple 2 enfants) | 796 $ |
Excursion kayak réserve marine (1 adulte) | 320 $ |
Excursion kayak réserve marine (couple) | 640 $ |
Excursion kayak réserve marine (couple 2 enfants) | 1 280 $ |
Parc complet, 3 nuits camping (1 adulte) | 117 $ |
Parc complet, 3 nuits camping (couple) | 234 $ |
Parc complet, 3 nuits refuge (1 adulte) | 264 $ |
Parc complet, 3 nuits refuge (couple) | 528 $ |
Parc complet, 3 nuits refuge (couple 2 enfants) | 792 $ |
Parc complet, 5 nuits camping (1 adulte) | 177 $ |
Parc complet, 5 nuits camping (couple) | 354 $ |
Parc complet, 5 nuits refuge (1 adulte) | 444 $ |
Parc complet, 5 nuits refuge (couple) | 888 $ |
Parc complet, 5 nuits refuge (couple 2 enfants) | 1 332 $ |
Pour une sortie à la journée, le meilleur rapport qualité-prix est donc la formule incluant l'aller-retour en bateau-taxi, avec une randonnée en totale autonomie.
Mais si l'idée de pagayer dans les eaux turquoise vous fait de l'œil, la combinaison kayak et randonnée mérite d'être envisagée. C'est un peu plus cher, mais c'est aussi l'une des plus belles façons de découvrir Abel Tasman.
Il existe d'autres combinaisons intéressantes, comme une randonnée avec une nuit sous la tente suivie d'un retour en bateau. Ou même un séjour plus douillet dans un lodge haut de gamme pour conjuguer nature et confort.
Je ne peux évidemment pas tout détailler ici, mais vous avez désormais un bon aperçu. Il vous manque toutefois mon avis d'expert pour prendre un peu de recul sur l'étape et prendre la bonne décision.
Notre avis sur Abel Tasman
Les photos et récits idéalisés des étapes « incontournables » créent parfois des attentes irréalistes. Abel Tasman n'échappe pas à la règle, car aussi magnifique soit-il, le parc national reste un lieu vivant, rythmé par les marées et une météo changeante.
Certains voyageurs repartent parfois un peu déçus, sans bien comprendre ce qui vaut au parc une telle réputation de paradis sur terre. Une déception souvent liée au fait qu'ils attaquent la piste au départ de Mārahau, en suivant la section la moins impressionnante du parc.
Ajoutez à cela une averse ou même un simple ciel gris, et l'eau turquoise s'estompe aussitôt. Le contraste avec la brochure de l'agence de voyages qui promettait un rêve éveillé est quelque peu brutal !
Car il ne faut pas oublier qu'Abel Tasman possède un climat océanique, avec une végétation subtropicale. Par beau temps, le paysage est indéniablement paradisiaque, mais nous ne sommes tout de même pas aux Seychelles !
Et puis, on ne soulignera jamais assez qu'il s'agit avant tout d'une grande randonnée (great walk) de 3 à 5 jours avec des nuits en camping et idéalement une excursion en kayak pour rencontrer les otaries de Tonga Island.
En réalité, peu de randonneurs s'aventurent jusqu'au bout du sentier, ou envisagent de suivre l'itinéraire complet. Une approche pourtant cohérente avec l'esprit du parc.
Car aucune sortie de quelques heures ne saurait rivaliser avec l'immersion totale que l'on obtient sur plusieurs jours en cuisinant ses nouilles dans des refuges, tout en faisant la connaissance de randonneurs du monde entier.
Ce n'est certainement pas donné à tout le monde ! D'ailleurs, pour suivre toute la Great Walk, il faut être endurant et disposer du temps nécessaire, ce qui est rarement le cas en road trip, à moins d'en faire un objectif à part entière.
Un parc victime de son succès ?
Quand les conditions sont réunies, Abel Tasman est largement à la hauteur de sa réputation. En contrepartie, nous sommes en présence d'une étape que certains voyageurs risquent de trouver trop touristique à leur goût.
En haute saison, la majorité des visiteurs suivent un itinéraire semblable entre Anchorage et Awaroa, mais il faut relativiser ! On ne saurait parler de surfréquentation, et les plages n'ont rien en commun avec la Côte d'Azur !
Ceci dit, venir hors saison, y compris en hiver, est une alternative tout à fait envisageable ! La plupart des arbres ne perdent pas leurs feuilles et les sentiers restent praticables. L'expérience est très agréable sans la foule, mais forcément sans baignade !
Et pour ceux qui veulent de la tranquillité en été, il existe des alternatives moins fréquentées comme le Queen Charlotte Track dans les Marlborough Sounds. Un parcours moins spectaculaire, dénué de plages, mais faisable également à vélo.
Que faire si la météo est mauvaise ?
J'aurais fait fortune depuis longtemps si l'on me payait pour répondre à cette question classique, mais bien légitime !
Faut-il maintenir sa visite si l'on annonce de la pluie ? J'aimerais bien vous dire le contraire, mais la réponse est négative. Quand il pleut, la mer perd son éclat, les plages sont tristes, les sentiers parfois boueux et les enfants râlent !
Mais encore faut-il être sûr de la météo avant de modifier son itinéraire, car les prévisions en Nouvelle-Zélande sont peu fiables.
Si la pluie encercle le jour prévu pour la visite, on peut renoncer si le soleil brille ailleurs. À ce jeu, les campings-caristes sont forcément plus avantagés, mais Abel Tasman sera toujours un pari.
Dites-vous bien que d'autres merveilles vous attendent ailleurs et qu'il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur. Ce qui sera toujours plus facile si l'on a la chance d'être bien conseillé par un guide pour choisir un plan B.
Peut-on vraiment s'organiser tout seul ?
Le parc national d'Abel Tasman, occupe un territoire de 225 km², ce qui correspond environ au double de Paris. Ce que l'on croyait être une simple escale à la plage se révèle être un défi logistique.
Accorder son itinéraire avec les marées, les bateaux-taxis et les camps de base ajoute un supplément de charge mental dont on se passerait volontiers en vacances.
La bonne nouvelle, c'est que vous n'êtes pas obligé de tout faire tout seul ! Des spécialistes francophones basés en Nouvelle-Zélande peuvent vous aider à organiser votre voyage sur mesure. Ils connaissent le parc comme leur poche, et peuvent vous conseiller sur les activités en fonction de vos capacités physiques.
Si vous avez des questions, ou souhaitez obtenir un devis gratuit pour un séjour chez les Kiwis, vous savez où nous trouver ! Ce sera toujours un plaisir de vous aider à réussir votre aventure !