Guide des visites
Ce guide complet vous explique comment tirer le meilleur parti d'Arrowtown, une étape qui figure dans nos circuits Kiwipal à personnaliser.
Le plus beau village de Nouvelle-Zélande ?
Cela fait bien longtemps que je rêvais de vous emmener à la découverte d'Arrowtown, mon village préféré en Nouvelle-Zélande ! Si la destination n'a rien d'un secret pour les Néo-Zélandais qui viennent souvent réaliser leurs photos de mariages dans un cadre romantique, en revanche les visiteurs étrangers n'en ont souvent jamais entendu parler.
Cela n'a rien d'étonnant, car la ville de Queenstown qui s'est proclamée capitale mondiale de l'aventure, se trouve à seulement 20 minutes en voiture.
L'immense majorité des voyageurs passent à côté des merveilles de la région dont Arrowtown fait partie au même titre que Glenorchy.
À première vue, Arrowtown est un simple point sur la carte, dans une région de l'Otago Central connue pour être l'une des plus belles, sinon la plus belle de Nouvelle-Zélande.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si les paysages épiques des environs ont servi de lieux de tournage pour le Seigneur des anneaux (et de Willow dans les années 80).
Et si l'été affiche les meilleures températures, c'est plutôt le milieu de l'automne (en avril) qui offre un spectacle exceptionnel, avec un été indien qui voit les feuilles des arbres prendre des teintes jaunes, oranges et rouges.
C'est dans cet écrin que je vous emmène aujourd'hui visiter Arrowtown, l'ancien village des prospecteurs fondé durant la grande ruée vers l'or de 1862.
Un passé qui mérite d'être conté durant une journée qui ne sera pas de trop pour profiter vraiment de toutes les attractions. D'autant que la région regorge de randonnées à travers les montagnes qui permettent de rejoindre des villes fantômes, et même Wanaka, la petite soeur de Queenstown.
Nous ne pouvons évidemment pas tout faire, alors j'ai concocté un itinéraire riche qui laisse malgré tout le temps de profiter des visites sans se bousculer.
Libre à vous de suivre mon circuit à la lettre, ou de le modifier pour le simplifier ou l'enrichir, quitte à passer une nuit sur place en prime...
Mais je ne vais pas tout vous révéler à l'avance, alors faites-moi confiance et suivez-moi sur le chemin des chercheurs d'or de l'Otago Central !
La plupart des photos de cet article ont été prises en automne, mais certaines au printemps, ce qui se traduit par des couleurs différentes.
De Queenstown à Arrowtown à vélo.
L'Otago Central offre plus de 100 km de pistes de VTT dans des paysages de rêve. Alors nous allons profiter de la proximité entre Queenstown avec Arrowtown pour réaliser le trajet en vélo et lâcher un peu le volant pour changer !
Il existe plusieurs itinéraires, mais celui que nous allons suivre longe la rivière Kawarau et ses eaux turquoise jusqu'au lac Hayes, avec un petit détour pour passer par le pont suspendu où se trouve le plus beau point de saut à l'élastique du pays.
N'ayez crainte, cette piste de 24 km achevée en 2007 est réservée aux vélos et l'on ne longe jamais la route et ses voitures.
Vous pédalez dans les vallées, au coeur de la forêt ou en bordure de rivière tout au long du trajet. L'idée étant de quitter Queenstown avant 9h pour arriver à Arrowtown sans se presser vers 11h30 et faire un petit tour en ville avant le déjeuner.
En vélo, la vitesse minimale de 10 km/h impose le même effort qu'une simple marche. À ce rythme, il suffit de 1h45 pour arriver à destination.
Vous pouvez bien entendu pédaler plus vite, mais vous êtes en vacances et il y a tant de merveilles à admirer sur le trajet que j'ai misé sur une durée confortable de 2h30 justement pour avoir le temps de faire des pauses.
Et puis, nous ne ferons pas le chemin en sens inverse au retour, même si c'est envisageable. Pour économiser nos forces, nous allons louer des vélos avec un service de navette en minibus qui nous ramènera à Queenstown en fin de journée avec nos montures.
J'ai opté pour la compagnie Around the Basin que je connais bien, mais rien ne vous interdit de passer par une autre société, car elles sont nombreuses à se partager le marché ! Il faudra dépenser 95 $ par personne (75 $ par enfant), location de vélo et trajet retour en navette compris.
Néanmoins, si la météo est mauvaise ou si vous détestez le vélo, rien ne vous empêche de faire le trajet par la route avec votre véhicule.
Arrowtown est à une vingtaine de minutes à peine, mais vous allez passer à côté d'un parcours sublime qui mérite de faire travailler un peu vos mollets. Alors, regardez un peu la carte pour vous faire une idée avant de dire non !
Pour gagner du temps ou se fatiguer moins, vous pouvez aussi louer des vélos électriques ! Et comme la réservation des vélos se fait par Internet, vous êtes assuré de ne pas vous retrouver le bec dans l'eau sur place.
Je précise au passage pour les plus paresseux (ou les plus malins) que la location de vélo électrique est proposée à 145 $... si d'aventure vous souhaitez passer pour un superhéros sur les pistes.
Comment je vous l'avais annoncé, l'itinéraire comprend un détour vers le pont de la rivière Kawarau qui a été construit en 1880. La réalisation de cette oeuvre exceptionnelle (pour l'époque) est d'ailleurs présentée dans le musée que nous allons visiter après le déjeuner, mais pour l'heure c'est le saut à l'élastique qui nous intéresse.
Lorsque vous sautez à l'élastique au-dessus de la rivière Kawarau, vous mettez la tête dans l'eau !
Si vous avez lu mon guide sur Queenstown (ou notre dossier spécial), vous savez déjà que le saut à l'élastique (bungee jumping) a été inventé en Nouvelle-Zélande.
Mais pas de panique, je ne vais pas encore essayer de vous convaincre de tenter l'expérience, nous n'avons guère le temps pour cela !
Et puis, le simple fait de regarder les candidats au grand frisson qui se jettent dans le vide devrait suffire à vous donner la chair de poule. D'autant que vous serez aux premières loges en regardant le spectacle depuis le pont. Les sauteurs tombent de 43 m de haut et l'élastique ralenti juste assez leur chute pour qu'ils plongent juste la tête dans l'eau de la rivière sans danger.
Libre à vous de faire le saut à l'élastique si vous en avez le courage (et les moyens financiers).
Assez d'émotions ! Une fois de retour en piste, il nous reste environ une demi-heure à pédaler pour rejoindre Arrowtown.
Vous devez déjà avoir faim, mais nous avons le temps de nous promener en ville avant de passer à table.
Visite du village d'Arrowtown.
Cela saute aux yeux, Arrowtown possède un côté Far West assez prononcé, et 70 constructions datent de l'époque de la ruée vers l'or. Le New Orleans Hôtel qui est toujours en service accueillait déjà les prospecteurs il y a 150 ans, mais son sens de l'hospitalité s'est heureusement amélioré depuis cette époque difficile.
Je ne vais pas passer toutes les constructions en revue pour vous laisser le charme de la découverte de Buckingham Street, la rue principale. Du reste, le village est suffisamment petit pour se visiter à pied sans se presser.
Vous n'avez qu'à accrocher vos vélos quelque part (un cadenas est fourni gratuitement par le loueur) pour partir en vadrouille et admirer les boutiques de vêtements et les galeries d'art.
Des deux églises du village, celle de Saint Paul est la plus belle à photographier.
Catholiques et anglicans ont droit à des églises séparées. St Patrick Church rappelle un peu la série de la « petite maison dans la prairie », mais c'est St Paul qui est la plus photogénique en dépit de ses dimensions minuscules… vous la trouverez à cinq minutes de Buckingham Street au 16 rue Berkshire.
Les inévitables boutiques de souvenirs sont présentes, comme partout dans le pays.
Je ne suis pas fan de ces établissements qui vendent surtout des articles fabriqués en Chine, mais personne ne vous oblige à passer leurs portes si vous n'en avez pas envie !
Ceci dit, il faut souligner que les marchands ne vous harcèlent pas, en vertu d'une politique imposée par le conseil municipal pour préserver la tranquillité des lieux.
Notez d'ailleurs l'absence volontaire de chaînes comme Mc Donald's ou Starbucks qui auraient dénaturé le village.
Tous les commerces sont uniques et propres au lieu, à l'exception de Remarkable Sweet Shop, la boutique de bonbon qui existe aussi à Queenstown.
Mais sa qualité est tellement exceptionnelle que l'on est heureux de la retrouver ici avec ces délicieux Fudges au whiskey ou au caramel russe...
La boutique de bonbons offre un choix immense et vous aurez bien du mal à ne pas craquer...
Admirer tant de gourmandises différentes donne le tournis, et j'en rapporte toujours une quantité qui ferait sourire un dentiste à mes petits neveux qui écarquillent les yeux devant ces bonbons qui n'existent pas en France !
D'ailleurs avant d'oublier, je vous signale qu'une remise de 10% est proposée si vous présentez un coupon qui figure dans le guide officiel de la ville… Alors, oubliez un peu votre régime (vous êtes en vacances !) mais ne succombez pas tout de suite, car nous n'allons pas tarder à passer à table…
L'Histoire du village.
Je vous propose de déjeuner au Kobe Cuisine sur Malaghans Road, l'un des meilleurs restaurants de l'Otago qui propose une cuisine japonaise. L'établissement figure dans le top 100 des meilleurs restaurants du pays, et c'est une valeur sûre.
La réservation est non seulement indispensable, mais elle doit aussi être faite longtemps à l'avance. Vous verrez le chef cuisiner devant vous et vous pourrez diner en terrasse durant les beaux jours.
La qualité est exceptionnelle et la carte change en fonction des saisons. Au pays des l'agneau, recommander un restaurant japonais peut surprendre, mais si c'est le meilleur... c'st le meilleur.
Toutefois, non nombre de restaurants d'Arrowtown sont d'excellente qualité, ce qui s'explique par la fréquentation (essentiellement des visiteurs à l'aise financièrement).
Et si vous trouvez la note trop salée malgré tout, un changement de dernière minute est possible ! Le Chop Shop ou La Rumbla sont à cent mètres avec des cartes meilleur marché. Mais dans l'ensemble, les restaurants d'Arrowtown sont excellents, et meilleurs que ceux de Queenstown de l'avis général.
La pause du déjeuner va me donner l'occasion de vous raconter l'histoire passionnante du village. Elle débute en 1862 lorsque des pépites d'or sont découvertes dans la rivière Arrow.
Le gisement est exceptionnel et la rumeur se propage comme une traînée de poudre. Les premiers prospecteurs arrivent en provenance d'Australie et de Californie, suivis par des amateurs du monde entier.
On a tendance à oublier qu'il y a eu des ruées vers l'or dans le monde entier, les mineurs passants d'un pays à l'autre pour essayer de faire fortune.
La « Great Wakatipu Gold Rush » voit un millier de mineurs s'installer en bordure de rivière en moins d'un mois !
Environ 340 kg d'or sont extraits de la rivière en quelques semaines, l'équivalent de 15 millions de dollars d'aujourd'hui.
Imaginez l'effervescence avec tout ce monde qui fouille la rivière en permanence et se bat pour la moindre pépite… Les tentes deviennent des constructions en bois, les boutiques, banques et saloons poussent comme des champignons dans les vapeurs d'alcool.
À l'époque, le village des prospecteurs s'appelle encore Fox, du nom de l'usurpateur William Fox qui prétendait avoir trouvé de l'or en premier, alors que Jack Tewa, un simple tondeur de moutons avait eu cette chance.
Et sans que l'on sache vraiment pourquoi, le village se rebaptise rapidement pour s'appeler Arrowtown.
Au coeur de la ruée, la population grimpe en flèche pour atteindre 7000 mineurs, essentiellement des Néo-Zélandais et des anglophones, rejoints sur le tard par des Chinois, mais hélas dans des circonstances particulières dont je parlerais plus tard quand nous visiterons les ruines de leur campement.
Il faut d'ailleurs préciser que Arrowtown n'a pas eu le monopole de la ruée vers l'or en Nouvelle-Zélande !
D'autres villages sont fondés dans la région. Macetown, Skippers Canyon, Bullendale auront aussi leur heure de gloire avant de sombrer dans l'oubli pour devenir des villes fantômes.
Arrowtown faillit d'ailleurs connaître le même sort quand de nouveaux gisements plus prometteurs furent découverts dans la West Coast.
La population n'avait cessé de décliner au fur et à mesure que l'or devenait de plus en plus rare. Les quelques habitants qui sont restés après la ruée se sont reconvertis dans l'agriculture, et l'on ne comptait que 171 âmes un siècle plus tard en 1961.
C'était sans compter sans l'essor du tourisme au début du 21e siècle ! Et malgré la concurrence de Queenstown, l'ancien village des prospecteurs fait partie des joyaux de l'Otago Central. Il compte désormais 2400 habitants.
Mais puisque le sujet vous intéresse, vous en apprendrez davantage dans le musée que nous allons visiter après le dessert !
Lakes District Museum et les chercheurs d'or.
Le Lakes District Museum où je vous emmène après déjeuner est situé pratiquement en face du restaurant Saffron. Fondé en 1948 dans l'ancien hôtel Ballarat, ce musée propose un véritable voyage dans le temps pour découvrir l'Histoire d'Arrowtown.
C'est aussi le centre d'information (iSite) et la poste du village ! À dire vrai, j'ai découvert ce lieu sur le tard, car je craignais qu'il ne s'agisse d'un énième musée du tire-bouchon. Pour ma défense, il faut dire que le minuscule bâtiment ne paye pas de mine vue de l'extérieur.
Je n'ai donné sa chance au musée que lorsque j'ai appris qu'il recevait 40.000 visiteurs par an ! Le billet d'entrée à 10 $ n'est pas excessif, et je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce que j'ai trouvé à l'intérieur !
Ce n'est pas le meilleur musée du pays, mais il est tout de même incontournable pour appréhender l'Histoire du village.
Ce n'est pas l'exposition la plus marquante du pays (sans comparaison avec le Te Papa de Wellington), mais le lieu est bien plus intéressant qu'il n'en a l'air.
Une rue de l'époque des chercheurs d'or a été brillamment reconstitué dans l'immense salle en sous-sol qui abritait autrefois les billards de l'Hôtel.
On peut ainsi visiter une école, une boulangerie, une imprimerie, une menuiserie, un maréchal ferrant, un laitier, et même l'entrée d'une mine…
La partie plus traditionnelle du musée présente la vie des prospecteurs et des objets d'époque comme les balances utilisées pour peser l'or et les armes pour éviter qu'on vous le vole, ainsi que les chariots pour transporter le matériel.
Le musée n'est pas consacré aux Maoris, mais il parle tout de même de leur présence dans la région, notamment pour la chasse.
Je précise d'ailleurs au passage que ce musée n'est pas consacrée à la culture maorie, si ce n'est pour rappeler que ces derniers fréquentaient la région pour chasser le moa (une autruche géante aujourd'hui éteinte) et collecter du pounamu (un jade précieux) pour fabriquer des bijoux et des armes.
Une petite heure (45 min si l'on est pressé) suffit pour faire le tour du musée et se rejoindre l'habituelle boutique. On y vend des bricoles à pas cher, mais aussi de vrais livres que l'on achète s'ils tiennent dans les bagages…
La galerie d'art attenante peut valoir le coup selon l'exposition qui se tient, alors passez une tête pour voir de quoi il retourne.
Derrière le musée, vous trouverez un studio qui propose de vous photographier en costume d'époque. Le résultat est un peu kitsch lorsqu'il est imprimé en couleur, mais la version sépia est déjà plus réaliste… Je crains que notre emploi du temps ne laisse pas de temps pour cela, mais c'est à vous de voir !
D'ailleurs, avant de passer à la suite du programme, il faut que je vous parle des panneaux « Gold Pan Hire » que vous pouvez voir au musée et un peu partout en ville...
Il s'agit tout simplement de louer un kit d'orpaillage (une batée) pour fouiller la rivière en espérant trouver quelques pépites d'or.
Cela ne coûte rien ou presque (3 $ et 10 $ de caution), mais si vous pensez faire fortune dans une rivière fouillée par des milliers de professionnels durant 150 ans, vous êtes plus optimiste que moi !
Ceci dit, l'activité amuse les enfants, et une petite fille aurait trouvé une pépite d'une valeur de 2300 $ en 2012, même si cela sent un peu l'opération marketing à plein nez...
À la sortie du musée, le regard que l'on porte sur le village n'est plus le même. Maintenant que vous connaissez l'histoire des prospecteurs, les époques se mélangent un peu dans votre tête.
Connaître l'Histoire de la ville rend la visite encore plus passionnante.
Mais pour être tout à fait honnête, je ne vous ai pas encore tout révélé sur le passé d'Arrowtown. Il subsiste une part d'ombre qui mérite d'être levée en visitant l'ancien campement chinois. C'est à deux pas, juste au bout de la rue principale, alors je vous propose d'aller y faire un saut...
Voici les informations indispensables pour visiter le musée :
Question | Réponse |
---|---|
Musée | Lakes district museum |
Ville | Arrowtown, île du Nord |
Web | Aller sur le site |
Téléphone | 64 3 442 1824 |
Adresse | 49 Buckingham St |
Ouverture | Tous les jours de 8h30 à 17h00 |
Horaires | 10h à 18h toute la semaine (jusqu'à 21h le jeudi) |
Tarif | 10 $ par adulte 8 $ pour les plus de 65 ans 3 $ pour les enfants et gratuit en dessous de 5 ans. 20 $ pour une famille avec 2 adultes et 2 enfants. |
Le village des anciens mineurs Chinois.
À 300 mètres du centre-ville et de Buckingham Street, vous trouverez les ruines de l'ancien campement, d'aucuns diront village, bâtit par les immigrants chinois d'Arrowtown. L'accès est gratuit et des panneaux explicatifs complètent la visite.
Certaines ruines mises à jour lors de fouilles en 1983 sont authentiques, d'autres sont des reconstitutions fidèles qui reflètent bien les conditions de vie très difficiles des immigrants asiatiques durant la ruée vers l'or.
La visite en soi ne présente pas un grand intérêt si l'on ne connaît pas l'Histoire qui va avec. Car ces mineurs chinois ne sont pas arrivés au début de la ruée, mais durant son déclin en 1864.
Arrowtown s'était alors bien développée, mais l'exode d'une grande part de sa population annonçait la ruine des commerçants !
Pour que le village ne devienne pas fantôme, on fit venir par bateau des Chinois de Canton en leur faisant miroiter les pépites d'or. La famine qui sévissait en Chine à l'époque et la perspective de rentrer au pays fortune faite suffisent à convaincre 5000 pauvres bougres prêts à tout pour survivre.
Les Chinois n'étaient pas les bienvenus dans le pays, mais il fallait de la main-d'oeuvre bon marché ...
Réputés travailleurs, les Chinois sont parqués en dehors du village, en raison de ce qu'il faut bien appeler une ségrégation raciale. Sans aller jusqu'à parler d'esclavage, il faut reconnaître que l'on ne leur avait pas dit la vérité sur leurs chances de faire fortune.
Car si l'on trouvait encore de l'or dans la rivière Arrow, il s'agissait de paillettes et non plus de pépites. De quoi gagner sa croûte au prix d'un dur labeur, payer ses impôts, et dépenser le restant pour boire, mais certainement pas assez pour s'enrichir...
Comme on pouvait s'y attendre, la plupart des Chinois se sont reconvertis dans les travaux de construction et les emplois dont personne ne voulait.
Ils espéraient économiser pour financer leur retour et retrouver les femmes et les enfants restés au pays pour s'occuper des parents. Ce tableau sinistre ne serait pas complet si j'oubliais de préciser que le campement comptait seulement neuf femmes pour autant d'hommes...
En définitive, les Chinois sont restés et ne sont jamais rentrés chez eux. Un voyage du retour d'autant plus improbable qu'il fallait en plus rembourser un impôt par tête pour pouvoir embarquer à bord d'un bateau !
Le destin cruel ajouta une note macabre, car les corps de 499 mineurs défunts embarqués sur le SS Ventor pour être enterrés en Chine en 1902 n'arriveront pas à bon port, le navire faisant naufrage en chemin.
Voilà qui contraste avec la douceur apparente des lieux... et je me dis qu'une visite de nuit, éclairé à la lueur d'une bougie donnerait la chair de poule.
Les personnes sensibles seront touchées par cette histoire, qui n'est peut-être pas « touristique » si j'ose dire, mais que je souhaitais partager.
Car la soif de l'or n'a rien de romantique, et le passé mérite d'être raconté sans être glorifié pour rendre hommage à ceux qui ont souffert.
Arrowtown n'est plus tout à fait la même quand on connaît son histoire complète. Le village n'en est pas moins beau, la nature grandiose, mais il flotte comme une mélancolie dans l'air par moment.
Le gouvernement a présenté des excuses officielles en 2002 pour le traitement injuste dont furent victimes les immigrants chinois.
Un lieu de tournage du Seigneur des anneaux.
Pour détendre un peu l'atmosphère après la visite du camp chinois (même si elle se justifiait), je vous propose d'enchaîner avec une jolie promenade en forêt pour revenir à la réalité.
La plupart des randonnées qui partent d'Arrowtown sont assez faciles et les sentiers remontent en général à l'époque de la ruée vers l'or. Ainsi, Tobin's Track permet de rejoindre ainsi un superbe point de vue sur la région en une petite demi-heure de marche à peine.
Certains treks sont en revanche plus exigeants, notamment quand ils mènent à la ville fantôme de Macetown ou rejoignent Wanaka en passant par les montagnes.
Celle que je vous propose aujourd'hui suit la rivière en restant à proximité du village, ce qui nous arrange bien, car je rappelle que la navette du retour est prévue à 16h45 exactement.
Arrowtown Anniversary Walk (anciennement Arrowtown River Walk) couvre 4,2 km et l'on trouve même des bancs en chemin. Libre à vous de faire le trajet à pied ou en vélo (ils sont autorisés).
Le point de départ de la marche n'est pas bien indiqué, alors vous pouvez demander un plan au iSite (le musée) en demandant que l'on vous trace l'itinéraire.
En soi, il faut rejoindre la rivière Arrow à partir du milieu de Ramshaw Lane, une rue située juste derrière le Lakes District Museum. Un escalier mène au Skate Park et le point de départ du sentier se trouve juste derrière celui-ci.
La piste part sur la droite et l'on avance à l'abri du soleil sous les saules pleureurs et les sycomores, à l'endroit même où les prospecteurs plantaient leurs tentes.
Selon votre envie, vous pouvez suivre l'intégralité du parcours jusqu'au pont qui enjambe la rivière, revenir sur vos pas quand vous en avez assez, ou même couper à travers bois pour rentrer au village.
De nombreux guides de voyages affirment que la randonnée passe par un lieu de tournage du Seigneur des anneaux.
En réalité, pour rejoindre le spot en question, il faut partir à gauche et non à droite sur le sentier ! En suivant la randonnée qui remonte la rivière le long d'un pipeline, on atteint le fameux « Ford of Bruinen ».
Le lieu de tournage du Seigneur des anneaux est facilement accessible mais à l'écart du village.
C'est ici que les Nazguls sont emportés par la rivière lorsque Arwen Evenstar tente de leur échapper en portant un Frodon grièvement blessé.
On reconnaît bien le décor du film, même si la végétation a forcément changé depuis le tournage (quelques retouches ont également été apportées en postproduction à l'époque).
Si vous êtes fan de la trilogie de Peter Jackson, la visite qui est excentrée en vaut la peine, mais ce n'est pas la partie la plus belle de la randonnée.
L'accès n'est pas adapté aux vélos de ce côté du sentier, alors ne vous mettez pas en retard, le but étant de se retrouver au village vers 16h15 pour prendre un dernier verre.
On me l'a demandé, alors je précise que le nom maori de la rivière Arrow est Haihainui et si vous souhaitez visiter d'autres lieux de tournage du Seigneur des anneaux, je vous recommande le Mont Sunday (Edoras) ou la rivière Pelorus sur la route de French Pass.
Notre avis sur Arrowtown.
Même si l'on ne peut pas dire que la randonnée sur sol plat était intense, vous avez quand même bien pédalé à vélo ce matin, alors il est temps de retourner en ville pour boire frais en terrasse.
Le Postmaster's Restaurant est entouré de beaux jardins et de clôtures peintes en blanc. C'est un bâtiment historique qui abritait jadis la Poste d'Arrowtown en 1907 et que l'on devait raser pour construire un hôtel.
Deux pétitions ont heureusement permis un classement salvateur au patrimoine, et le lieu s'est reconverti aussitôt en restaurant et salon de thé.
Vous pouvez commander des cocktails à un prix raisonnable, ou faire comme moi et opter pour une Bundaberg à siroter sous la superbe véranda.
C'est d'ailleurs ici même que j'ai découvert cette Ginger Beer dont je raffole, même si elle n'est pas Kiwi, mais Australienne (shame on me!).
Le salon de thé est situé à deux pas du point de rendez-vous de la navette du retour.
Inutile de surveiller votre montre toutes les cinq minutes, je n'ai pas choisi ce café par hasard ! La navette qui va nous récupérer avec les vélos nous attendra juste devant le restaurant Fork and Tap au 51 sur Buckingham Road, c'est à dire pile en face de là où nous sommes !
Nous serons rentrés à Queenstown vers 17h15, et cela marquera la fin de cette belle journée à Arrowtown. Ceci dit, rien ne vous empêche de rester dormir sur place, même si le choix d'hébergement est restreint.
Il est possible de se loger dans de charmants cottages, des Beds | Breakfasts ou dans le célèbre New Orleans hotel (un ancien pub de 1866).
En fait, tout dépend de votre programme du lendemain, car si vous comptez aller au Milford Sound, il est plus indiqué de partir de Queenstown pour rejoindre le superbe lac Te Anau. Ceci dit, le supplément de route n'est pas non plus conséquent...
En attendant la navette du retour, nous avons l'occasion de faire un peu le bilan de la journée passée. Arrowtown est inséparable de son passé de village de chercheurs d'or, même si l'époque fut loin d'être aussi plaisante que l'on pourrait le croire...
Si le village a indéniablement un aspect très marketing, avec de nombreuses boutiques de souvenirs, le conseil municipal impose un maintien du style architectural d'antan pour toutes les nouvelles constructions.
Vous ne verrez donc pas fleurir des hôtels hideux dans les années à venir et cela permet à Arrowtown de se différencier de Queenstown. D'ailleurs, si la rue principale est touristique, les rues voisines sont plutôt désertes et paisibles.
On trouve bien quelques hôtels de luxe, mais ils sont situés à l'écart, près des terrains de golf dont j'aurais adoré vous parler, pas forcément pour jouer, mais pour l'oeuvre d'art exceptionnelle des cent loups installée à Michael Hills. Et puis, il faut bien que je vous touche deux mots sur le festival le plus important ...
Organisé chaque année durant une semaine aux alentours du 19 avril, l'Autumn Festival existe depuis plus de 35 ans. Il propose une centaine de stands d'artisans avec des barbecues et les inévitables pies fourrées à la viande.
Le Pinot noir est à l'honneur, et les défilés de vieilles voitures et d'habitants en costumes du 19e siècle ont un charme bon enfant.
Le village de Three Creeks dans le Canterbury possède aussi un charme rétro avec de vieilles voitures.
On ne se prend pas au sérieux, et certains concours amusants comme la course de canards sont assez surréalistes... Imaginez 8000 canards en plastiques déversés dans la rivière Arrow. Cela semble ridicule, mais le premier prix de la tombola rapporte tout de même 15000 $ au vainqueur !
Cela qui m'amène à la question du choix de la saison. La visite d'Arrowtown est possible toute l'année, même en hiver quand la neige donne un aspect magique au village qui sert de camp de base pour rejoindre la station de ski de Coronet Peak à 16 km seulement.
L'automne est la meilleure saison pour visiter Arrowtown, mais l'on peut venir toute l'année !
Mais si le printemps et l'été sont tout à fait indiqués, avec une nature d'un vert éclatant, c'est le milieu de l'automne qui tombe en avril qui est exceptionnel.
Notre visite s'est déroulée à cette période où les feuilles virent à l'orange et au rouge dans l'Otago Central, pour le plus grand bonheur des photographes et des futurs mariés.
Il me reste à espérer que la description de cette journée vous aura donné envie de la vivre en vrai. L'itinéraire est parfaitement faisable, mais vous pouvez l'adapter comme bon vous semble, quitte à ne faire qu'un saut rapide en voiture, même si comme vous le savez désormais, Arrowtown a plus à offrir que sa grande rue commerçante.
Je vous laisse en compagnie de notre ami Ben qui répondra à toutes les questions d'ordre pratique, et je vous retrouverai avec plaisir pour visiter Queenstown, Wanaka ou Dunedin dans cette féérique région de l'Otago Central.